La prochaine bêta d’iOS 16, et évidemment sa version définitive en septembre, donnera accès à la fonction Sécurité des communications dans Messages, qui permet d’éviter d’exposer des utilisateurs mineurs à des images à caractère sexuel, et les avertit s’ils sont, eux-mêmes, sur le point d’envoyer des clichés contenant de la nudité.
Apple va franchir un nouveau cap dans la protection des mineurs qui utilisent ses produits, et surtout son application intégrée Messages. A partir de la version bêta 4 d’iOS et iPadOS 16, et de macOS Ventura, et évidemment dans les versions définitives qui sortiront à l’automne prochain, un ensemble de fonctions va faire son apparition pour les utilisateurs français (et allemands).
Protéger et conseiller les utilisateurs mineurs
Baptisées Sécurité des communications dans Messages, et Conseils étendus dans Siri, Spotlight et les recherches Safari, ces fonctions veillent à réduire les risques d’exposition des jeunes utilisateurs à des contenus à caractères sexuels, voire à la diffusion, de leur part, d’images exposant leur nudité. La seconde fonction, qui sera disponible sur les trois OS cités plus haut, plus watchOS 9, permet d’aider les utilisateurs à savoir quoi faire, comment réagir en cas de problème ou tout simplement comment et à qui rapporter un abus en ligne. Il sera ainsi possible de demander de l’aide à Siri ou de mener une recherche sur ce sujet directement depuis Spotlight, dans macOS.
Déjà disponibles aux Etats-Unis depuis décembre dernier, ces deux fonctions ont ensuite été déployées en Australie, au Canada, au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande.
Activée par un parent depuis Temps d’écran, dans le cadre des comptes familiaux iCloud, Sécurité des communications dans Messages permet en fait deux choses. Tout d’abord, de protéger les mineurs contre des messages entrants contenant des images les exposant à la nudité, et, ensuite, de les avertir quand ils sont sur le point d’envoyer des photos de nus eux-mêmes.
Dans le premier cas, un avertissement s’affiche et le cliché est grisé, bloquant le contenu tant que l’utilisateur ne confirme pas vouloir le consulter. Il faut appuyer sur bouton Voir l’image pour la visualiser. Dans le second cas, un ensemble de conseils ait donné à l’utilisateur mineur pour l’avertir de ses droits et des risques qu’il prend. Il lui est aussi possible d’avertir ses parents, s’il le souhaite. Les responsables légaux de l’utilisateur ne seront pas avertis automatiquement pour des raisons évidentes de respect de la vie privée.
Il est important de préciser deux choses. D’une part, que ces avertissements en cas de réception et d’envoi s’affichent indifféremment, que l’expéditeur ou le récepteur figure ou non dans les Contacts de l’utilisateur. D’autre part, que le chiffrement de bout en bout de la communication n’est pas interrompu par cette surveillance des contenus.
Apple insiste d’ailleurs sur le fait que ces fonctions sont opérées localement sur l’appareil, et qu’aucune donnée n’est transmise à la société de Cupertino. A ce sujet, Apple précise que ses modèles de détections des clichés incriminés ont été entraînés avec l’aide d’experts spécialisés dans le combat contre la pédopornographie et les abus sexuels sur mineur.
Quelques questions…
En France (et en Allemagne, donc), la disponibilité de cette fonction sera liée à iOS et iPadOS 16, et à macOS 13 Ventura. Une bonne nouvelle évidemment puisque cette fonction pourra permettre de davantage protéger les jeunes utilisateurs, sans exposer leur vie privée.
Néanmoins, et nous n’avons pas eu de réponses satisfaisantes sur ce point, il nous semble étonnant que les utilisateurs français ne puissent profiter de la « sécurité des communications dans Messages » qu’avec une version d’iOS à venir. Cela pose à nos yeux deux problèmes, qui sont liés. Outre qu’il faudra attendre l’automne pour que tous les Français puissent en profiter, cela réduit de facto le nombre d’iPhone et d’iPad concernés. En effet, iOS 16 a fortement réduit la liste des périphériques avec lesquels il sera compatible quand on la compare à celle d’iOS 15. Les smartphones les plus anciens, avant l’iPhone 8, ne seront ainsi pas concernés. Or ce sont souvent ces plus vieux appareils qui sont confiés, en seconde main, aux enfants.
Cette limitation est d’autant plus surprenante que la fonction est disponible depuis iOS 15.2 aux Etats-Unis. Il est donc possible de la déployer sur les vieux iPhone et sur iOS 15. Apple n’a pas eu de réponses claires à fournir sur les raisons de ces limites, ni sur le pourquoi d’un déploiement par étapes si restreintes.
Si vous vous demandez également pourquoi Apple n’élargit pas cette fonction de filtre des contenus entrants et sortants à ses systèmes d’exploitation, au-delà de la seule application Messages, ce qui permettrait à toutes les applications de communication d’en bénéficier, l’explication tient très certainement au fiasco qu’avait suscité une fonction approchante annoncée lors de l’été 2021. Elle consistait notamment à scanner le contenu des photothèques présentes sur des appareils comme les iPhone à la recherche d’éventuels contenus pédopornographiques. Les associations de défense des libertés individuelles avaient alors pointé du doigt les risques pour la vie privée, et les possibles dérives qu’un tel système permettrait éventuellement dans les mains d’un régime totalitaire. Apple avait rapidement mis en pause le développement de cette fonction, pour finalement faire machine arrière.