Annoncé il y a quelques jours, le rapproche entre les deux acteurs est autant une affaire de moyens financiers que de complémentarité technologique. L’objectif étant d’arrivée à offrir des connexion hybrides assurées par les satellites géostationnaires et basse orbite.
Deux acteurs d’importance pour faire un géant. EutelSat Communications, cornaqué notamment par l’Etat français, et OneWeb, sauvé du naufrage par un consortium construit autour d’un groupe indien de télécom et du gouvernement britannique, ont annoncé leur intention de se rapprocher pour « créer un acteur mondial unique et de premier plan ».
L’étape ultime
En avril 2021, le premier avait déjà annoncé un investissement de 550 millions de dollars dans le second, montant ainsi à hauteur de 24% du capital de OneWeb. L’objectif pour Eutelsat était alors de diversifier ses activités et de mettre un pied dans la constellation de satellites basse orbite.
L’accord trouvé cette semaine aboutira, une fois la transaction réalisée, à ce qu’Eutelsat détienne 100% de OneWeb. En échange de quoi les actionnaires de OneWeb recevront 230 millions d’actions Eutelsat « nouvellement émises », qui représenteront 50% du capital d’aujourd’hui. Cette opération valorise OneWeb à 3,4 milliards de dollars.
Comme toujours, le rapprochement ne sera effectif qu’après quelques vérifications et contrôles. Les parties s’attendent à ce que la procédure soit bouclée, après validation des autorités réglementaires compétentes, d’ici la fin du premier semestre 2023.
Vers une hybridation des connexions
Ce rapprochement porte clairement la marque de la domination d’Eutelsat. Cependant, la marque OneWeb sera maintenue, et continuera à gérer l’activité de satellites basse orbite. Car, derrière la partie financière, c’est aussi et surtout le rapprochement de deux activités complémentaires, de deux technologies complémentaires. Le nouvel Eutelsat regroupera ainsi ses 36 satellites géostationnaires (GEO), cinq supplémentaires sont en préparation, avec la constellation de OneWeb, qui comptera à terme 648 satellites basse orbite ou LEO, pour Low Earth Orbit. 428 sont actuellement déjà placés autour de la Terre.
L’offre ainsi mise en place proposera les débits élevés des satellites géostationnaires avec la faible latence et la couverture « omniprésente » du LEO. Car, « une feuille de route précise a été établie pour développer progressivement un service GEO/LEO entièrement intégré comprenant une plate-forme commune, des terminaux hybrides et un réseau entièrement mutualisé », annonce le communiqué d’Eutelsat.
D’ici à deux ou trois ans, les réseaux, outils et antennes de nouvelle génération seront mutualisés entre les deux offres. L’étape suivante sera de produire une seconde génération de satellites basse orbite totalement intégrée avec le réseau géostationnaire, pour proposer un routage intelligent des connexions et des données.
Un marché en pleine croissance
La complémentarité des deux offres fusionnées en une seule, les performances des deux technologies, et la densité de couverture seront, selon Eutelsat, des atouts essentiels pour répondre à une évolution du marché. Ce dernier pourrait peser environ 16 milliards de dollars d’ici à 2030, avec une répartition quasi à l’équilibre de la contribution des satellites LEO et GEO. Ce qui représente évidemment une hausse importante du poids des satellites basse orbite, environ 37%, selon une étude citée par Eutelsat. Il s’agit ici bien entendu de servir aussi bien les entreprises que les particuliers. Ainsi, la connexion à Internet par satellite destinée aux utilisateurs grand public pourrait représenter plus d’un quart de ces 16 milliards, à 4,4 milliards d’euros.
SpaceX, le concurrent américain de OneWeb pour les satellites basse orbite, n’est pas cité, mais clairement ciblé. Pour assurer le développement de son offre Eutelsat annonce que « les investissements de l’entité combinée se situeront en moyenne entre 725 et 875 millions d’euros, par an, sur les exercices fiscaux 2023-2024 à 2029-2030 ». La présentation faite aux investisseurs au moment de l’annonce indique également que la nouvelle entité pourra bénéficier des relations institutionnelles et réglementaires d’Eutelsat pour faire avancer plus rapidement l’accès au marché de OneWeb. L’intention est donc clairement de mettre au monde un géant européen pour s’opposer à SpaceX.
Source :
Eutelsat