Apple a cédé à la pression de l’administration Trump et retiré de l’App Store l’application ICEBlock, dont l’objet est bien particulier. Cette app permet (ou permettait, désormais) aux utilisateurs de signaler la présence des agents de la police de l’immigration chargée de faire appliquer la politique très agressive du président américain contre les migrants.
Le ministère de la Justice américain (DoJ) a obtenu ce qu’il voulait d’Apple : le retrait de l’application ICEBlock. Cette dernière permettait aux citoyens d’alerter l’ensemble de la communauté de la présence de la police de l’immigration (ICE) dans les parages.
Apple accusée de plier face à Washington
Depuis le début du nouveau mandat de Donald Trump, ces agents se sont fait remarquer par leur port de cagoules masquant leurs visages, ce qui rend leur identification impossible. Surtout, les méthodes extrêmement musclées avec lesquelles ils traitent les migrants qui tombent dans leurs filets provoquent régulièrement la colère et l’incompréhension de nombreux citoyens américains.
Plusieurs histoires horribles sont parvenues aux oreilles du grand public concernant le traitement des personnes incarcérées dans de véritables camps de détention : le Guardian décomptait fin septembre « au moins 16 morts » dans ces prisons depuis janvier. Et les conditions de vie sont manifestement très éprouvantes. Par conséquent, l’apparition dans l’App Store d’une application comme ICEBlock, et son succès, ne sont guère étonnants.
De son côté, le DoJ tente depuis des semaines de faire retirer cette app de la boutique. Et il y est finalement parvenu. « Nous avons contacté Apple aujourd’hui pour exiger qu’ils retirent l’application ICEBlock de leur App Store — et Apple l’a fait », se réjouit Pam Bondi, la ministre de la Justice. « ICEBlock est conçue pour mettre en danger les agents de l’ICE simplement parce qu’ils font leur travail, et la violence contre les forces de l’ordre est une ligne rouge intolérable qui ne peut être franchie », poursuit-elle.
L’argument a été entendu par Apple. « Nous avons créé l’App Store pour que ce soit un lieu sûr et digne de confiance afin de découvrir des applications », explique un porte-parole. « Sur la base d’informations reçues des forces de l’ordre concernant les risques pour la sécurité liés à ICEBlock, nous avons retiré cette application ainsi que d’autres similaires de l’App Store. »
Ce retrait intervient après une fusillade près d’un camp de l’ICE au Texas. Selon la police, le suspect voulait tuer des agents de la police de l’immigration — au bout du compte, il a tué un détenu et blessé deux autres. L’app ICEBlock était dans son smartphone.
Pour Joshua Aaron, le créateur de l’application, c’est évidemment la déception. « Céder à un régime autoritaire n’est jamais la bonne décision », affirme-t-il. « Apple affirme avoir reçu des informations de la part des forces de l’ordre selon lesquelles ICEBlock mettait en danger les agents. C’est manifestement faux », poursuit le développeur qui se dit déterminé à combattre Apple sur ce terrain. « Notre mission a toujours été de protéger nos voisins contre la terreur que cette administration ne cesse de déchaîner sur le peuple de cette nation. »
L’entreprise cède une nouvelle fois face à un régime autoritaire, alors que des lois mises en place par des pays plus démocratiques (comme en Europe, au hasard) sont combattues bec et ongles. La différence de traitement est d’autant plus troublante que Tim Cook a multiplié les gestes de bonne volonté et même les cadeaux à Donald Trump ce qui lui a valu en retour un assouplissement sur les droits de douane.
Cette histoire d’ICEBlock est en tout un plaidoyer pour ouvrir l’écosystème iOS à des boutiques alternatives : le fait que seul l’App Store puisse distribuer des applications est un véritable goulot d’étranglement qui verrouille la libre expression.
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Par : Opera
Source :
Fox Business