Le bras de fer est engagé entre l’homme le plus riche de la planète et Twitter. Le multimilliardaire patron de Tesla, Elon Musk, accuse le réseau social de « fraude » dans le cadre du procès sur l’accord de 44 milliards de dollars qu’il avait signé pour acquérir l’entreprise mais qu’il cherche désormais à rompre.
Elon Musk, dans des arguments déposés jeudi 4 août devant un tribunal d’affaires de l’Etat du Delaware, accuse Twitter d’avoir « masqué la vérité » sur le nombre de 238 millions d’utilisateurs quotidiens monétisables revendiqué par le réseau social, selon ce document judiciaire de 165 pages consulté vendredi par l’Agence France-Presse.
Selon les avocats du milliardaire, ils sont environ 65 millions de moins et « la majorité des annonces publicitaires » ne seraient diffusées qu’« auprès de moins de 16 millions d’utilisateurs, soit une fraction » de ce que prétend Twitter. La plainte, qui qualifie « les représentations faussées » du réseau social de « péchés », affirme que « Twitter a empêché frénétiquement l’information de circuler dans une tentative désespérée d’empêcher [Elon Musk] de découvrir la fraude ».
Elon Musk a démarché Twitter en avril, puis signé un accord de rachat pour 54,20 dollars par action. Il y a mis fin unilatéralement au début de juillet, au motif que la société basée à San Francisco aurait, selon lui, menti sur la proportion de comptes automatisés et de spams sur sa plate-forme.
A la mi-juillet, Twitter avait attaqué Elon Musk en justice devant la Delaware Court of Chancery, un tribunal spécialisé en droit des affaires, pour le contraindre à honorer son engagement d’acquisition pour 44 milliards de dollars. Deux semaines plus tard, l’homme le plus riche au monde avait contre-attaqué avec une plainte « confidentielle ». Le procès doit s’ouvrir le 17 octobre.
« Fausser la valeur de Twitter »
Les documents officiels déposés par la plate-forme auprès du gendarme boursier américain « contiennent de nombreuses fausses déclarations matérielles et omissions qui faussent la valeur de Twitter et ont conduit Elon Musk à accepter d’acheter l’entreprise à un prix gonflé », assurent les avocats de l’homme d’affaires dans leurs arguments. La stratégie de Twitter, continuent-ils, a consisté à « jouer à cache-cache » pour empêcher le plus longtemps possible l’acheteur de « discerner la vérité ».
Twitter répond que l’homme d’affaires a précipité les négociations et que l’accord n’a jamais mentionné les faux comptes, et les avocats du réseau social dénoncent une « tentative d’échapper à un contrat que Musk ne trouve plus intéressant depuis que le marché des actions a baissé ».
Entre la baisse générale du marché boursier ces derniers mois, la baisse des recettes publicitaires des réseaux sociaux liée à la conjoncture économique et les critiques publiques d’Elon Musk, le titre de Twitter s’est effondré à environ 32 dollars le 11 juillet.