comment le service d’alarme et de télésurveillance soutenu par Free s’est effondré en 18 mois

comment le service d’alarme et de télésurveillance soutenu par Free s’est effondré en 18 mois


Soutenu par Xavier Niel, Qiara devait révolutionner la sécurité connectée. Aujourd’hui, des milliers d’utilisateurs Free se retrouvent avec des systèmes d’alarme inutilisables.

C’est la douche froide pour les utilisateurs de l’alarme Qiara, le partenaire sécurité de Free. La société a annoncé la fin de tous ses services à compter du 16 octobre 2025, une décision qui transforme du jour au lendemain un système de sécurité fonctionnel en un tas de briques technologiques inertes. Alors même que le problème n’est pas matériel, les caméras, détecteurs et sirènes sont devenus inutilisables depuis que les serveurs de l’entreprise, indispensables à leur fonctionnement, ont été débranchés.

Chronique d’un crash annoncé

L’histoire de Qiara avait pourtant tout d’un conte de fées de la French Tech. Loin d’être une startup sortie de nulle part, elle a été fondée par d’anciens de Free et soutenue financièrement par Xavier Niel lui-même via Iliad. Un gage de sérieux qui a convaincu de nombreux consommateurs.

En mars 2024, le partenariat stratégique avec Free est officialisé, notamment pour accompagner le lancement de la Freebox Ultra. Pour Qiara, c’est un tremplin exceptionnel. L’entreprise affiche alors des ambitions démesurées, visant le million d’abonnés en cinq ans.

Voici ce qu’on peut actuellement lire sur le site de Qiara. – © Capture d’écran / Qiara

Cependant, le soufflé est très vite retombé. Moins de 18 mois plus tard, la machine s’enraye et Free évoque une « rupture de stock » en mai 2025. Si cela laissait entendre un certain succès de la solution, il cachait en réalité des difficultés plus profondes. En juin 2025, l’entreprise est placée en redressement judiciaire et la recherche d’un repreneur ne donne rien.

À la rentrée, en septembre 2025, l’affaire prend un nouveau tournant et la liquidation est prononcée, scellant le destin de Qiara. Par mail, la firme prévient ses clients de l’arrêt des services à compter du 16 octobre.

Qiara Message Clients
Le message envoyé par Qiara à ses clientes et clients. – © Tiino-X83 sur X / Montage 01net.com

Cette chute vertigineuse est typique de certaines startups qui misent tout sur une croissance explosive sans assurer leurs arrières. Le matériel connecté, avec ses coûts de production et de serveurs, ne pardonne pas l’échec commercial.

Pourquoi Qiara a-t-il échoué ? Les vraies raisons du fiasco

La direction de Qiara a évoqué des « difficultés de financement » tout en affirmant que la qualité des produits et la « solidité de son modèle économique » n’étaient pas en cause. Une communication pour le moins paradoxale, voire désastreuse, qui a passablement agacé les clients. Car un modèle économique qui ne trouve pas de financement est-il vraiment solide ?

La vérité, c’est que Qiara a débarqué sur un terrain de jeu déjà bondé. En face, on trouve des poids lourds avec des mastodontes de la tech (Amazon et sa gamme Ring), des géants de la domotique comme Somfy ou Legrand et pléthores de produits à bas coût qui tirent les prix vers le bas. Sans oublier les autres opérateurs comme Orange avec Netatmo, Bouygues avec Somfy et SFR avec Delta Dore qui ont déjà des offres bien installées.

Prise en étau, Qiara n’a jamais réussi à s’imposer. Il faut dire aussi que l’entreprise traînait un lourd passif. L’équipe derrière Qiara était la même que celle qui avait développé le premier « pack sécurité » de la Freebox Delta, un fiasco technique dont beaucoup d’abonnés se souviennent encore amèrement. En ne rendant pas le nouveau matériel compatible avec l’ancien, Qiara et Free se sont tiré une balle dans le pied, s’attirant les foudres de la communauté des freenautes les plus fidèles.

Des presse-papiers à 200 euros et une confiance brisée

Pour les clients qui avaient franchi le pas, c’est d’abord, une perte sèche. Le pack Essentiel était vendu 249 euros à son lancement pour les clients non Freebox (199 euros pour les clients Freebox), un investissement parti en fumée, car aucun dédommagement n’est prévu. Ensuite, des milliers d’appareils parfaitement fonctionnels deviennent des déchets électroniques, un non-sens écologique. Enfin, et c’est le plus grave, le domicile des utilisateurs n’est plus protégé.

Facebook Qiara Clients
© Capture d’écran / 01net.com

Mais au-delà de l’aspect financier, c’est la confiance qui est rompue.  Les clients se sentent abandonnés, avec le sentiment d’avoir été pris pour les dindons d’une mauvaise farce.. Cet épisode écorne aussi l’image de Free qui, même s’il n’est pas légalement responsable, a choisi et mis en avant un partenaire qui s’est révélé bien fragile.

La grande arnaque de l’IoT : quand votre matériel ne vous appartient plus vraiment

L’affaire Qiara met en lumière un problème fondamental de l’Internet des Objets (IoT). Votre alarme n’est pas en panne. Le problème, c’est qu’elle est conçue pour être totalement dépendante des serveurs de son fabricant. Une fois ces serveurs débranchés, elle devient muette.

C’est le piège des écosystèmes fermés et propriétaires. Il est impossible de connecter sa caméra Qiara aux serveurs de Somfy ou de Ring. Son propriétaire est prisonnier d’un système qui s’autodétruit. La durée de vie du produit n’est plus liée à sa solidité, mais à la santé financière d’une entreprise. C’est une nouvelle forme d’obsolescence, provoquée non pas par l’usure, mais par un business model défaillant.

Ce que l’affaire Qiara nous apprend sur la maison connectée

La chute de Qiara est une leçon amère mais nécessaire. Elle nous rappelle que dans le monde de l’IoT, on n’achète pas seulement un produit, on investit dans la promesse d’un service durable. Pour les consommateurs, la prudence est de mise : privilégiez les acteurs établis et les systèmes qui ne dépendent pas à 100 % du cloud.

Elle est aussi un signal d’alarme pour l’industrie et l’avenir de la maison connectée. Celui-ci ne pourra pas se construire sur des écosystèmes fermés et jetables. Il passera par des standards ouverts, l’interopérabilité et, surtout, un respect du client qui va bien au-delà de la simple vente d’un appareil.

👉🏻 Suivez l’actualité tech en temps réel : ajoutez 01net à vos sources sur Google Actualités, abonnez-vous à notre canal WhatsApp ou suivez-nous en vidéo sur TikTok.



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.