Pourquoi les antennes Starlink étaient au cœur d’un empire de la fraude en Birmanie

Pourquoi les antennes Starlink étaient au cœur d’un empire de la fraude en Birmanie



Un vaste empire de la fraude a été démantelé en Birmanie. Le centre criminel orchestrait une foule d’escroqueries en ligne grâce à des milliers des travailleurs étrangers réduits à l’esclavage. Sur les toits de la forteresse, l’armée a découvert une trentaine d’antennes Starlink. Le camp d’exploitation s’appuyait sur la technologie de SpaceX pour échapper aux autorités.

Début de la semaine, les militaires birmans ont mené une opération d’envergure à l’encontre d’un vaste centre de fraude, KK Park. Situé à proximité de la frontière avec la Thaïlande, c’était le plus grand centre dédié à la cybercriminalité du pays.

Au sein de KK Park, les pirates orchestraient une foule d’arnaques en ligne, comme des escroqueries à l’investissement, des arnaques sentimentales, des fraudes à la cryptomonnaie ou encore des campagnes de phishing. Le centre gérait notamment des faux sites de trading ou des applications frauduleuses destinées à piéger les internautes.

Plusieurs milliers de travailleurs étrangers, venus d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient, étaient réduits à l’esclavage. Recrutés avec de fausses promesses d’emploi, ils étaient ensuite retenus contre leur gré, battus et emprisonnés. Ils n’avaient pas d’autres choix que d’obéir à leurs bourreaux et de participer aux arnaques. Plus de 2 000 personnes étaient séquestrées au KK Park.

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Des antennes Starlink pour échapper aux militaires

Pour mener leurs opérations, les cybercriminels du KK Park s’appuyaient sur un parc d’antennes Starlink. Les antennes, interdites sur le sol birman, ont permis aux criminels de contourner la censure et la surveillance d’Internet en Birmanie. Les terminaux, importés depuis l’étranger, permettaient aussi d’échapper aux coupures du réseau Internet, fréquentes dans le pays.

Depuis le coup d’État militaire de février 2021, la Birmanie (Myanmar) vit en effet sous une junte autoritaire, c’est-à-dire un gouvernement dictatorial dirigé par l’armée. L’armée contrôle toutes les télécommunications. L’accès à Internet est strictement surveillé, filtré ou coupé selon les zones. Dans ce contexte, de nombreux groupes criminels, et des groupuscules rebelles, se sont mis à importer des terminaux Starlink depuis la Thaïlande ou la Chine.

Les militaires birmans ont saisi une trentaine de kits Starlink en pénétrant dans l’enceinte du KK Park. Les antennes étaient installées sur les toits des 260 bâtiments du centre, de manière à alimenter en continu les escroqueries des cybercriminels.

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2 500 antennes Starlink désactivées par SpaceX

Dans le sillage du démantèlement de KK Park, SpaceX indique avoir désactivé plus de 2 500 terminaux utilisés par des réseaux de fraude en Asie, principalement en Birmanie. Sur X, Lauren Dreyer, vice-présidente des opérations de Starlink, explique que la société d’Elon Musk a « identifié et désactivé de manière proactive plus de 2 500 kits Starlink à proximité de centres suspectés » de mener des opérations criminelles. SpaceX a repéré les antennes suspectes grâce à leur numéro d’identification ou à leur géolocalisation.

La firme américaine ajoute respecter la législation locale de tous les pays dans lesquels elle propose l’Internet par satellite, et s’efforcer « continuellement d’identifier les violations de sa Politique d’utilisation » et les utilisations abusives.

Ce n’est pas la première fois que des kits Starlink utilisés pour commettre des crimes sont saisis par les autorités. L’Office des Nations Unies estime que 80 antennes développées par SpaceX ont déjà été saisies entre avril et juin 2024 au Myanmar et en Thaïlande. L’agence de l’ONU spécialisée dans la lutte contre la criminalité affirme que Starlink est peu à peu devenu une arme pour les cybercriminels. Des « réseaux criminels organisés paraissent avoir mis au point des méthodes pour contourner les dispositifs de sécurité » de Starlink et obtenir « une connexion Internet haut débit à distance ».

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