Apple menace de désactiver en Europe une fonction qui permet aux utilisateurs de contrôler et de bloquer le suivi publicitaire entre applications. Le constructeur déplore la pression exercée par le secteur de la publicité en ligne en Allemagne et ailleurs.
En avril 2021, Apple lançait une nouvelle fonction de contrôle du suivi publicitaire, App Tracking Transparency (ATT). Depuis, à la première ouverture d’une application, ATT affiche une fenêtre demandant à l’utilisateur un consentement ou un refus de suivi de son activité entre les apps.
Apple met la pression
Si l’utilisateur accepte, les publicités seront plus personnalisées, et aussi plus lucratives pour les acteurs de la filière — dont les éditeurs d’apps, de jeux et de presse dont la survie dépend de la manne publicitaire. Dans les faits, la vaste majorité des utilisateurs refusent le suivi ciblé.
Depuis, ces mêmes acteurs ont engagé des procédures auprès des régulateurs, pour faire valoir leur position et demander des assouplissements ou des améliorations dans le système ATT. C’est le cas en France où l’Autorité de la concurrence mène l’enquête, mais aussi en Allemagne.
En février dernier, le Bundeskartellamt (les autorités de la concurrence) ont accusé Apple de s’être octroyé un traitement préférentiel. L’office fédéral expliquait alors qu’ATT « rend beaucoup plus difficile l’accès des éditeurs d’applications concurrents aux données des utilisateurs pertinentes pour la publicité», alors que les propres applications d’Apple étaient exemptées car elles ne collectent pas de données depuis les apps de développeurs tiers.
Le régulateur a cependant estimé que les règles n’empêchaient pas Apple elle-même de combiner des données provenant de l’App Store, des informations du compte Apple ou des appareils connectés, et de les utiliser à des fins publicitaires.
La firme à la pomme a décidé de mettre la pression sur la future décision de l’office allemand en menaçant de retirer purement et simplement la fonction ATT en Europe. « D’intenses efforts de lobbying en Allemagne, en Italie et dans d’autres pays européens pourraient nous contraindre à retirer cette fonctionnalité, au détriment des consommateurs européens », déclare le groupe.
On ne sait pas encore quand le Bundeskartellamt fera connaitre son jugement. Mais la menace d’Apple n’est pas qu’une parole en l’air. L’entreprise a déjà par le passé retiré des fonctions pour ses utilisateurs en Europe. Au Royaume-Uni, le service de protection avancée des données iCloud a été désactivé après que les autorités ont demandé la création (en vain) d’une porte dérobée dans le nuage du constructeur.
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Source :
DPA