L’IA générative est un problème pour les salariés d’Electronic Arts, géant américain du jeu vidéo. Imposée par les managers et intégrée au chausse-pied dans les processus de conception des jeux comme dans les tâches administratives, cette technologie n’est manifestement pas au point.
Jamais en retard d’une passade, Electronic Arts a décidé d’embrasser l’IA générative à pleine bouche pour réduire les coûts dans tous les secteurs de l’entreprise. Selon les sources de Business Insider, la direction du mastodonte américain du jeu vidéo (Les Sims, EA FC, Battlefield 6…) pousse ses quelque 15 000 employés à utiliser l’IA pour presque tout… sans convaincre grand monde.
La fausse solution miracle de l’EA
Les développeurs sont ainsi tenus de faire appel à ReefGPT, un bot qui produit du code erroné et autres hallucinations. Résultat : ils perdent un temps fou à corriger le code généré par l’IA. Pas terrible dans une industrie où les jeux sont si longs à développer. Plus inquiétant encore, les créatifs sont invités à entraîner les modèles IA à partir de leurs propres travaux… au risque de se faire remplacer purement et simplement.
Beaucoup craignent que l’IA réduise fortement les besoins en talents humains, à l’instar de ceux qui imaginent les personnages ou créent des niveaux dans des jeux. Chez EA, cette technologie sert à tout y compris à la synthèse des retours des joueurs (la fameuse assurance qualité, QA), ce qui a probablement motivé de nombreux licenciements dans cette activité. L’œil humain reste pourtant indispensable pour discerner les problèmes complexes que peuvent remonter les testeurs.
ReefGPT est présenté comme un « partenaire de réflexion » en interne. Il sert pour la génération de code, mais aussi pour des conseils dans tous les domaines : comment aborder un entretien avec un employé dont les performances nuisent aux résultats de l’entreprise, mais qui pense le contraire. Un autre guide les salariés sur la manière de formuler des questions constructives lorsqu’une promotion espérée leur est refusée.
L’intelligence artificielle a toujours été utilisée dans le secteur du jeu vidéo, pour contrôler un ennemi ou une équipe adverse par exemple. Mais l’IA générative est d’un tout autre niveau pour la direction d’EA, et pour de nombreuses autres entreprises embarquées dans cette tendance. Le CEO Andrew Wilson a même expliqué que « cette technologie n’est pas un simple mot à la mode. C’est le cœur même de notre activité », essentielle à l’avenir du groupe.
En interne pourtant, la méfiance est forte. Les salariés redoutent de former eux-mêmes les systèmes qui finiront par les rendre obsolètes. Cette peur reflète un malaise plus large : selon une étude Upwork, les dirigeants croient massivement aux gains de productivité de l’IA (92 % d’entre eux), quand 40 % des employés jugent qu’elle alourdit leur charge de travail.
Pour EA, en phase d’acquisition par le PIF, le fonds souverain d’Arabie saoudite, l’IA générative doit permettre de réaliser de grosses économies. L’entreprise admet cependant qu’elle peut aussi être source de difficultés : « L’utilisation de l’intelligence artificielle pourrait soulever des enjeux sociaux et éthiques qui, s’ils ne sont pas gérés de manière appropriée, pourraient entraîner des conséquences juridiques et nuire à notre réputation », écrit-elle dans son rapport financier annuel.
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Source :
Business Insider