L’association de défense des consommateurs a testé une cinquantaine de chargeurs USB commandés sur les plateformes de e-commerce Shein et Temu. Elle estime que « beaucoup d’entre eux (font) courir de réels risques de brûlure, de choc électrique et d’incendie à leurs utilisateurs ».
Les produits vendus sur Shein et Temu, les deux plateformes de e-commerce chinoises, sont-ils conformes aux normes européennes ? Pour l’UFC Que Choisir, qui publie ce jeudi 30 octobre le résultat d’une enquête menée en partenariat avec des associations de défense des consommateurs belges, allemands et danois, la réponse est négative. L’association française explique avoir commandé sur Temu, la plateforme de produits high tech et de prêt-à-porter à prix cassés, et sur Shein, le site de e-commerce chinois de l’ultra fast fashion, « 27 chargeurs USB, 27 jouets destinés aux enfants de moins de 3 ans et 27 bijoux sur chacune des deux plateformes ».
Une fois les produits reçus, l’organisation a « vérifié la présence des marquages obligatoires » et soumis l’ensemble « à une série de tests chimiques, mécaniques ou électriques en laboratoire. Les résultats font froid dans le dos », écrit l’UFC Que Choisir.
Produits qui se tordent, qui surchauffent, qui peuvent provoquer des incendies…
Nous nous concentrons ici sur les produits tech, les chargeurs USB. L’association a aussi testé des jouets pour enfants et des bijoux, les résultats de ces tests sont à retrouver sur le site de l’UFC Que Choisir. Côté chargeurs USB, 54 modèles ont donc été commandés pour un prix variant entre 2 et 18,64 euros. Une fois reçus, l’ONG a constaté que seuls deux modèles (un par plateforme) répondaient aux normes européennes. Pour les autres, 21 n’avaient pas le bon marquage, et la très grande majorité d’entre eux « n’ont pas résisté aux tests mécaniques auxquels nous les avons soumis », écrit l’association de défense des consommateurs.
L’organisation a notamment observé « des broches » qui se « tordent » ou qui « se tournent trop facilement », des « boîtiers qui se cassent lors d’une chute ». « Des circuits à haute et basse tension (…) trop proches l’un de l’autre, risquant de provoquer des arcs électriques » ont été notés pour 4 modèles. Et pour 14 d’entre eux, des surchauffes « au-delà des températures maximales autorisées de 77 °C et 87 °C » ont été constatées, alerte l’organisation. « Sur un modèle, elle a même atteint 102 °C », poursuit-elle. Conclusion : « ces produits d’entrée de gamme (sont) souvent mal conçus et fabriqués avec des matériaux de mauvaise qualité. Beaucoup d’entre eux (font) courir de réels risques de brûlure, de choc électrique et d’incendie à leurs utilisateurs ».
L’association explique avoir alerté les deux plateformes qui ont rapidement retiré les produits incriminés, et lancé une campagne de rappel auprès de leurs acheteurs. Toutefois, « des produits similaires sont toujours en ligne et rien ne dit que ceux qui ont été retirés ne réapparaîtront pas chez d’autres vendeurs », prévient l’organisation.
Contacté par 01net.com, Temu estime « prendre très au sérieux la sécurité des produits. Nous avons rapidement retiré les produits en question et informé les vendeurs concernés ». L’entreprise « reste déterminée (…) à respecter pleinement les réglementations européennes en matière de sécurité des produits », souligne un porte-parole. Shein nous indique, de son côté, que les produits testés « étaient proposés à la vente sur la marketplace SHEIN par des vendeurs tiers indépendants ». Après avoir pris connaissance de l’enquête, la place de marché de l’ultra fast fashion a « mis en œuvre son protocole standard afin de garantir que ces articles soient retirés de la vente à l’échelle mondiale et rappelés », précise un porte-parole de la plateforme. « En cas d’identification d’un produit non conforme, nous prenons immédiatement les mesures nécessaires pour protéger nos clients, ce qui peut inclure la suppression du vendeur de notre plateforme », ajoute-t-il.
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Des plateformes régulièrement épinglées par les pouvoirs publics et la société civile
Ce n’est pas la première fois que les deux sites de e-commerce sont épinglés pour leur non-respect de la législation européenne. Temu, qui offre des produits high tech et du prêt-à-porter made in China à prix cassés, est fréquemment la cible des associations de consommateurs ou des politiques. La plateforme est accusée, notamment, d’ « oublier régulièrement de fournir aux consommateurs des informations cruciales sur les vendeurs des produits » selon le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), ou d’avoir recours à de « nouvelles et constantes incitations à l’achat manipulatrices » avec « des jeux, des roues de la fortune, des comptes à rebours, etc. qui suggèrent des réductions incroyables et des bonnes affaires », listait une membre du gouvernement allemand.
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En France, l’UFC Que Choisir avait déjà, dans son enquête sur les dark pattern, placé Temu en tête des plateformes les plus utilisatrices de ces interfaces trompeuses. Ajoutez à cela qu’en juillet dernier, la Commission européenne a estimé que le site de e-commerce avait bien violé le DSA, le règlement sur les services numériques, à titre préliminaire. « Il existe un risque élevé pour les consommateurs de l’UE de trouver des produits illégaux sur cette plateforme », écrivait Bruxelles dans un communiqué. Or, l’exécutif européen souhaite s’assurer « que les produits vendus respectent les normes de l’UE et ne mettent pas en danger les consommateurs ». Temu risque, en plus d’avoir à adopter des mesures correctives, une sanction pécuniaire allant jusqu’à 6 % de son chiffre d’affaires mondial.
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Shein est aussi dans le collimateur des autorités européennes depuis plusieurs mois. Le mastodonte de l’ultra fast fashion a reçu en mai dernier une notification officielle de la Commission européenne et du Réseau de coopération pour la protection des consommateurs (CPC). L’entreprise chinoise, déjà dans le viseur de Bruxelles depuis juin 2024 dans le cadre du Digital Services Act (DSA, le règlement européen sur les services numériques), notamment pour ses interfaces trompeuses (« dark patterns »), est aussi attaquée sur le terrain spécifique de la protection des consommateurs. En France, l’entreprise a été condamnée par la Répression des fraudes à une amende de 40 millions d’euros en juillet dernier, pour ses « vraies fausses promotions ».
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Note de la rédaction : cet article a été modifié pour ajouter le commentaire de Temu.
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