Chez Devialet, chaque produit veut ressembler à une démonstration technologique. La nouvelle Phantom Ultimate 98 dB ne déroge pas à cette règle. Succédant à la Phantom II, cette enceinte active incarne à elle seule la philosophie de la marque : condenser la puissance et la précision d’un système Hi-Fi dans un objet design et connecté.
Le concept reste inchangé : une enceinte compacte, au design courbe si particulier, capable de restituer un spectre complet, des infra-graves aux plus hautes fréquences. Mais cette version 2025 va plus loin. Plus connectée, plus équilibrée, mieux optimisée, elle profite de composants révisés, d’un nouveau processeur et d’une amplification maison perfectionnée selon le constructeur français.
Affichée à 1 500 euros, la Phantom Ultimate 98 dB s’adresse clairement à un public audiophile exigeant. Sa promesse ? Offrir la dynamique et la musicalité d’un système haut de gamme, dans un format qui tient sur une étagère. Notre avis après plusieurs jours de test.
Design et finition : une sculpture sonore
Le design des Phantom fait partie de ces signatures instantanément reconnaissables. La nouvelle Ultimate conserve cette allure ovoïde devenue culte, mais la modernise subtilement. Quelques détails trahissent l’évolution : une grille de protection redessinée à l’avant, des flasques latérales polies et l’apparition de nouveaux coloris. Devialet propose trois finitions : Light Pearl (blanc cassé), Deep Forest (vert très sombre) et une édition Opéra de Paris encore plus raffinée, décorée de feuilles d’or appliquées à la main (1 800 euros pour cette version).
Derrière son apparente douceur, l’enceinte est une véritable forteresse technologique. Sa structure centrale en aluminium injecté rigidifie l’ensemble tout en assurant une excellente dissipation thermique. Autour, un composite bi-injecté mêlant polycarbonate renforcé à la fibre de verre et ABS confère à la coque une résistance et une densité étonnantes.
Cette compacité cache bien son jeu : 4,3 kg pour seulement 22 cm de long. Posée sur sa base elliptique en silicone, elle reste parfaitement stable, même lorsque les woofers latéraux se mettent en mouvement. La fabrication est d’un niveau très élevé : aucun jeu dans les assemblages, aucune vibration parasite. Seule une très légère flexibilité sur les flasques trahit la présence de pièces métalliques mobiles, sans la moindre incidence sur la qualité perçue.
Ergonomie et commandes : minimalisme et rigueur
Devialet cultive une approche minimaliste. Pas de boutons inutiles ni de commandes frontales ostentatoires : quatre touches tactiles discrètes à l’arrière suffisent pour contrôler le volume, activer le Bluetooth ou changer de source. À côté, une simple LED d’état indique la mise sous tension ou la connexion réseau.
Ce dépouillement a un prix. L’enceinte met environ quinze secondes à démarrer avant d’être pleinement opérationnelle et la télécommande Devialet Remote, pourtant pratique, n’est pas incluse dans la boîte. Elle reste vendue séparément (190 euros).
Mais une fois la configuration terminée, la prise en main est fluide et cohérente. L’ensemble du contrôle se fait depuis l’application Devialet, pilier central de l’expérience utilisateur.
Application et connectivité : Devialet OS 3 arrive à maturité
La Phantom Ultimate 98 dB tourne sous Devialet Operating System 3, un système maison conçu pour gérer la synchronisation, les flux audio et les mises à jour. Cette plateforme a nettement gagné en clarté et en stabilité au fil des versions.
L’application Devialet, disponible sur iOS et Android, illustre bien cette montée en puissance. L’interface est épurée, lisible, parfaitement structurée. En quelques gestes, on accède à tous les réglages : gestion du réseau, création d’une paire stéréo, mise à jour du firmware et surtout un égaliseur graphique à six bandes qui permet de personnaliser finement la restitution.
Quatre profils audio sont proposés (plat, clair, doux, dynamique), auxquels s’ajoutent plusieurs modes d’écoute : Musique, Cinéma, Podcast, Nuit et Monitoring. Ce dernier vise la neutralité absolue et s’adresse à ceux qui recherchent une restitution fidèle sans coloration.
Côté connectivité, Devialet a enfin corrigé le principal reproche adressé à la précédente génération. La Phantom Ultimate intègre désormais Google Cast, en plus d’AirPlay 2, Spotify Connect, Tidal Connect, l’UPnP et Roon Ready. La compatibilité réseau est donc quasi exhaustive.
Le Wi-Fi 5 (802.11ac) assure une transmission stable et rapide, tandis que le Bluetooth 5.2 permet un appairage direct, même s’il reste limité aux codecs SBC et AAC. Un petit regret, surtout pour une enceinte de ce niveau sur laquelle on aurait aimé voir le Blutooth 5.3 LE Audio intégré.
En revanche, la connectique filaire reste minimaliste : un simple port optique mini-Toslink et une prise Ethernet RJ45. Aucune entrée analogique, pas de HDMI eARC, pas de port USB audio. Devialet assume cette approche, mais un peu frustrante pour qui voudrait relier directement un téléviseur ou une platine.
Qualité audio : la démonstration de force
Sous son dôme d’aluminium, la Phantom Ultimate cache une architecture à deux voies : un haut-parleur large bande en façade, épaulé par deux woofers latéraux à dôme aluminium, montés en configuration push-push pour annuler les vibrations mécaniques. L’ensemble est alimenté par une amplification hybride ADH de nouvelle génération, cumulant 400 watts de puissance totale.
La réponse en fréquence annoncée est impressionnante : 18 Hz à 25 kHz, avec une pression acoustique maximale de 98 dB SPL à un mètre. Des chiffres rarement vus sur une enceinte de cette taille.
Des basses abyssales et maîtrisées
Le premier contact est saisissant. Les basses frappent fort, descendent extrêmement bas, mais sans jamais se transformer en bouillie sonore. On perçoit cette assise physique typique de Devialet : un grave profond, sec, contrôlé. L’enceinte parvient réellement à flirter avec les 20 Hz, une prouesse à ce format.
Le mode Musique renforce légèrement les basses, ce qui donne une écoute spectaculaire, ample, un peu trop démonstrative dans les petites pièces. Mais le mode Monitoring corrige parfaitement cette emphase. Il lisse la courbe, supprime les résonances et redonne à la scène sonore un équilibre quasi-studio. Ce mode se révèle d’ailleurs le plus convaincant pour les écoutes longues : neutre, fluide et d’une justesse rare.
Un médium expressif, des aigus précis
Dans le registre médium, la Phantom Ultimate brille par sa clarté et sa cohérence. Les voix sont parfaitement articulées, les instruments se détachent sans se chevaucher. On retrouve cette précision analytique propre aux produits Devialet, mais sans froideur excessive.
Les aigus, eux, manquent encore d’un soupçon d’aération. Le haut-parleur large bande fait un travail remarquable, mais n’égale pas la finesse d’un tweeter dédié. On ressent parfois une légère scintillance dans les très hautes fréquences, sans pour autant basculer dans la dureté. L’ensemble reste naturel, équilibré, musical.
Malgré sa conception monophonique, la Phantom Ultimate parvient à créer une impression d’espace étonnante. La diffusion est large et homogène, sans trou ni déséquilibre. Hors axe, la perte d’aigus reste progressive, mais prévisible.
Une énergie impressionnante et une maîtrise totale
La grande force de la Phantom Ultimate, c’est sa capacité à rester stable quelle que soit la puissance. Même à fort volume, la distorsion reste contenue. Les graves conservent leur précision, les médiums leur chaleur, sans saturation. On sent que Devialet maîtrise parfaitement le comportement de son enceinte, jusque dans les limites de sa puissance.
Les performances sont telles qu’on oublie vite la taille de l’appareil. Dans une pièce moyenne, elle remplit l’espace avec une aisance désarmante, tout en restant étonnamment douce et équilibrée.
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