Et si le fameux « tu peux m’envoyer tes codes Netflix ? » vivait ses derniers mois ? C’est en tout cas le souhait du leader américain du streaming. Le 17 mars, la plate-forme annonçait, dans un communiqué, vouloir taxer les consommateurs qui se connectent avec les codes d’autres personnes. A l’état de test depuis cette date dans plusieurs pays d’Amérique latine, la mesure pourrait s’appliquer aux comptes français, confie la direction. Cependant, aucune date n’a été fixée tant sa mise en place s’avère complexe.
L’enjeu est de taille pour Netflix. Si la plate-forme compte 220 millions d’abonnés dans le monde, 100 millions d’utilisateurs se servent du mot de passe d’un proche. Ils n’ont fait qu’appliquer les recommandations du groupe américain, qui avait encouragé cette pratique à ses débuts, comme en témoigne un tweet du 10 mars 2017 : « L’amour, c’est partager son mot de passe. » Aujourd’hui, le contexte a changé. Des concurrents comme Prime Video, MyCanal, Disney +, OCS et HBO se sont installés, et le pionnier du secteur a enregistré une perte de 970 000 abonnés entre fin mars et fin juin. Ces millions d’utilisateurs bénéficiant des comptes partagés représentent donc un marché potentiel important.
Mais comment les repérer ? Pour l’heure, le géant américain explique se servir de l’adresse IP des télévisions pour détecter la présence de plusieurs foyers sur un même compte. Une méthode encore en discussion qui devrait être affinée au cours des prochains mois, précise-t-on chez Netflix. Pour l’instant, les appareils nomades comme les téléphones, les tablettes et les ordinateurs portables échappent à tout contrôle.
Message de prévention
Difficile, avec un tel arsenal, de différencier les partages jugés illégaux des partages légaux entre membres d’une même famille, par exemple. Si un parent souscrit un abonnement Premium pour l’ensemble de la famille, comment faire si un membre va vivre dans une autre ville ? Que se passe-t-il pour un enfant de divorcés ? Et si les utilisateurs partent en vacances ? Netflix avance que toutes les hypothèses sont sur la table, sans pour autant donner de précisions sur les possibles méthodes de détection.
« Pour que cela fonctionne, il faudrait mettre en place un gigantesque service après-vente qui traiterait les situations au cas par cas », confie Julien Pillot, professeur d’économie numérique à l’Institut national des hautes études économiques et commerciales. Du côté des concurrents, aucune stratégie claire ne se dessine pour le moment. MyCanal, qui compte 21,8 millions d’abonnés dans le monde, se contente d’afficher un message de prévention et de couper l’image tous les quarts d’heure en cas de connexions simultanées excessives.
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