Marshall ne cherche pas à réinventer la roue, mais à imposer son style. La Heston 60 reprend tout ce qui fait l’identité visuelle et sonore de la marque britannique : une signature rétro inspirée de ses amplis guitare et un son pensé pour être vivant, frontal, un peu brut, mais jamais fade. Ce modèle vient compléter la gamme audio domestique de Marshall, inaugurée par la Heston 120 (999 euros).
Si cette dernière visait le segment des barres de son haut de gamme, avec ses douze haut-parleurs et sa puissance généreuse, la Heston 60 se positionne en alternative plus accessible. Même philosophie, mêmes matériaux, même application, mais un gabarit plus sage et un prix presque divisé par deux. C’est la solution pour ceux qui veulent du son Marshall sous leur téléviseur sans saturer leur salon ni exploser leur budget. Du moins c’est l’avis de Marshall, mais qu’en est-il en conditions de test ?
Proposée à 599 euros, la Heston 60 mise sur un équilibre : offrir une expérience immersive crédible pour les films et les séries, sans sacrifier la musique. Mais forcément, avec un format plus contenu et une architecture sonore simplifiée, certaines concessions apparaissent. D’où l’intérêt du caisson optionnel Heston 200, conçu pour combler ses limites dans les basses.
Un design rétro irrésistible et une fabrication soignée
Difficile de se tromper : dès le début du test on sait immédiatement qu’on a affaire à du Marshall. La Heston 60 respire le style britannique jusque dans ses moindres détails. Le revêtement en similicuir texturé, le liseré métallique doré, le logo vintage en façade et le panneau de commandes façon ampli guitare rappellent les origines musicales de la marque. C’est une barre qui attire le regard avant même d’être branchée.

Avec ses 73 centimètres de largeur pour 12,4 de profondeur et 6,8 de hauteur, elle s’intègre facilement sous la plupart des téléviseurs sans masquer le bas de l’écran. Sa compacité est un atout majeur : là où la Heston 120 occupe la largeur de tout un meuble TV, la 60 se veut plus discrète. La finition est exemplaire : rien ne grince, les ajustements sont parfaits. Même le cache amovible qui masque les connectiques, témoigne du soin apporté à la présentation. Marshall sait jouer la carte du bel objet.

La disposition des commandes, sur le dessus, rappelle celle d’un ampli de scène miniature : boutons physiques pour modifier le volume, changer de source, sélectionner un mode d’écoute (Film, Musique, Voix, Nuit) ou mettre en pause la lecture. Tout est accessible sans latence et agréable à manipuler. On sent la volonté de préserver une interaction « analogique » à l’ancienne qui tranche avec la froideur des barres de son entièrement tactiles.
Seul bémol : l’absence de télécommande ; une frustration réelle. Certes, le contrôle via l’application mobile fonctionne bien, mais il oblige à dégainer son smartphone pour des réglages simples comme le volume ou la sélection de source. Et si l’appli est fluide, la connexion initiale peut parfois prendre quelques secondes. Ce petit délai brise un peu la spontanéité de l’expérience. Reste que sur le plan du design et de l’intégration, la Heston 60 est irréprochable. On pourrait presque la laisser trôner sur un buffet sans téléviseur, tant son allure évoque un bel objet audio à part entière.
Une barre de son Dolby Atmos et DTS:X bien connectée
Sur le terrain de la connectique, Marshall a bien compris les attentes d’un utilisateur moderne. La Heston 60 embarque un éventail complet pour sa taille compacte : port HDMI 2.1 compatible eARC, entrée auxiliaire jack 3,5 mm, sortie RCA mono pour caisson et port USB-C pour la recharge d’appareils. Cette polyvalence matérielle la rend compatible avec la quasi-totalité des téléviseurs récents et l’eARC assure une restitution sans compression des flux audio Dolby Atmos ou DTS:X.

Mais c’est du côté des connexions sans fil que la barre montre toute son ouverture. Compatible AirPlay 2, Google Cast, Spotify Connect et Tidal Connect, elle s’intègre aussi bien dans un environnement Apple que Google. Vous pouvez ainsi diffuser directement vos playlists depuis n’importe quel service de streaming, sans passer par la télé. La liste des codecs pris en charge via la connexion Bluetooth 5.3 (SBC, LC3, AAC, ALAC, FLAC, LPCM, OGG Vorbis, WMA, WMA9) confirme cette orientation audiophile assumée. Parmi les modèles que nous avons eu en test, peu de barres de cette taille offrent cet éventail de compatibilités.

L’application Marshall complète l’expérience avec des options précises : égaliseur 5 bandes, calibration à l’acoustique de la pièce, ajustement de la latence audio/vidéo et personnalisation d’un bouton programmable sur la barre. La présentation est claire, mais uniquement en anglais pour l’instant. Une traduction française serait bienvenue pour rendre l’interface plus intuitive.
Astucieux, le logo et le panneau de contrôle sont aimantés pour pouvoir les inverser quand on fixe la Marshall Heston 60 sur un mur (supports fournis). © JSZ — 01net.com
Une architecture compacte, mais équilibrée
Marshall n’a pas simplement miniaturisé sa Heston 120. La 60 repose sur une architecture propre : 5 haut-parleurs large bande de 1,25 pouce et 2 woofers de 3 pouces, alimentés par 7 amplis en classe D pour une puissance totale de 75 W. Un ensemble compact, conçu pour délivrer sur le papier une scène large et des dialogues d’une grande clarté.

Le choix d’une telle configuration traduit une volonté : privilégier la précision et la cohérence des médiums plutôt que la démonstration de puissance. Marshall cherche à créer une image sonore homogène, lisible, sans saturation ni exagération dans les extrêmes du spectre. Le résultat est une restitution équilibrée, bien centrée sur les voix, mais logiquement limitée dans l’infra-grave.
Les tweeters intégrés offrent une ouverture correcte, mais restent plus doux que tranchants. Ce n’est pas une barre analytique, mais une barre chaleureuse. On retrouve dans cette approche un peu de la philosophie « live » de Marshall : le son n’est pas chirurgical, mais plutôt expressif.
Performances audio : bonne clarté, mais une scène verticale timide
En home cinéma, la barre surprend par sa clarté. Les dialogues ressortent avec une lisibilité exemplaire, sans qu’il soit nécessaire d’activer le mode « Voice ». Même à volume modéré, les voix restent parfaitement détachées du reste du mix, ce qui est appréciable pour les séries ou les documentaires. La spatialisation horizontale est convaincante : les effets latéraux sont bien répartis, les transitions entre les canaux gauche et droit sont fluides, et l’ensemble donne une réelle impression d’espace.
En revanche, la verticalité reste timide. Le Dolby Atmos est présent, mais discret : les sons « au-dessus » semblent davantage venir d’une scène élargie que réellement aérienne. L’effet fonctionne pour les musiques d’ambiance, moins pour les effets spectaculaires d’un blockbuster. Les basses, de leur côté, sont propres mais limitées. La barre parvient à donner un peu de corps aux explosions ou aux bandes-son épiques, mais sans réelle profondeur. On sent que le format impose ses lois physiques.

En écoute musicale, la Heston 60 se montre plus nuancée. Sur des morceaux acoustiques ou des voix féminines, elle séduit par son équilibre et son médium chaleureux. Le rendu est agréable, vivant et bien timbré. En revanche, lorsqu’on monte le volume ou qu’on passe sur des styles plus dynamiques (rock, électro, classique), la barre atteint rapidement ses limites. Les aigus manquent de précision, la dynamique se tasse, et les basses deviennent plus rondes que tendues. C’est un son plaisant, mais pas toujours précis.
Dans un salon de taille moyenne, la Heston 60 reste parfaitement adaptée : elle remplit l’espace sans forcer, mais ne cherche pas à rivaliser avec des barres plus puissantes. C’est une barre faite pour accompagner le quotidien, plus que pour impressionner lors d’une séance de cinéma du samedi soir.
Le caisson Heston 200 change la donne
C’est là que le duo prend tout son sens. Le Heston 200, vendu séparément (499 euros tout de même), a été pensé comme le complément naturel de la Heston 60. Avec ses deux subwoofers de 5,25 pouces, sa puissance de 236 W et sa compatibilité Bluetooth 5.3 LE Audio, il ajoute l’assise et la profondeur que la barre seule ne peut offrir.

Dès qu’on le connecte, la scène sonore change de dimension. Les explosions prennent de la profondeur, les musiques de film gagnent en ampleur et la présence physique du son devient beaucoup plus tangible. Marshall a réussi à conserver une certaine cohérence tonale : le caisson ne s’impose pas de manière artificielle, il vient prolonger la signature sonore de la barre.
En revanche, en écoute musicale, tout n’est pas parfait. Le caisson a tendance à être un peu paresseux dans la restitution des impacts. Sur du jazz ou du funk, on sent un léger décalage entre le kick et le reste du mix. Ce n’est pas rédhibitoire, mais les amateurs de précision le remarqueront. En home cinéma, en revanche, le résultat est redoutablement efficace : la sensation d’immersion est multipliée, et l’ensemble retrouve enfin la puissance que son design promettait.
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