Le printemps 2022 aura été radieux pour la plate-forme de streaming lancée en 2019. Disney+ a, en effet, attiré 14,4 millions de nouveaux abonnés entre mars et juin, portant son total d’abonnés à 152 millions. Cette attractivité rassure un marché inquiet des risques de saturation des services numériques, alors que le boom lié à la pandémie a pris fin et que les consommateurs sont confrontés à une forte inflation.
En tout, l’ensemble des plates-formes de streaming du groupe Disney (Disney+, Hulu et ESPN+ pour le sport) comptent désormais 221 millions d’abonnés, soit plus que Netflix seul, le vétéran du secteur, qui a vu son nombre d’abonnés payants baisser, à 220,67 millions à la fin de juin. Pour voir augmenter encore davantage son socle d’abonnés, Disney+ a dévoilé mercredi une nouvelle formule d’abonnement moins chère avec publicité.
Des investissements massifs qui ne rapportent pas encore
Le groupe américain Disney, qui a pris mercredi plus de 6 % en Bourse après la clôture, sur un an, a vu son chiffre d’affaires augmenté de 26 % sur un an, atteignant 21,5 milliards de dollars (20,83 milliards d’euros) pour le troisième trimestre de son exercice décalé.
Lancée à la fin de 2019 comme un boulet de canon sur la scène du streaming par le groupe, la plate-forme Disney+ regroupe désormais plus de 45 % des utilisateurs américains de services de streaming, derrière YouTube, Netflix, Amazon et Hulu (qui appartient à Disney), selon les chiffres de la société spécialisée dans les études de marché Insider Intelligence.
Les parcs d’attractions et produits dérivés du groupe ont profité à plein de la reprise des activités en personne, à mesure que la pandémie desserre son étau sur la vie quotidienne dans le monde. Le segment a généré 7,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires, 70 % de plus qu’il y a un an. Disney+ a également décollé pendant et après la pandémie, notamment grâce à son immense catalogue et à ses franchises à succès.
Mais les investissements massifs du groupe sont encore loin de rapporter : pendant le trimestre écoulé, les trois plates-formes de streaming de Disney ont creusé leurs pertes nettes de 300 millions, à 1,1 milliard de dollars.
« Nous restons confiants dans le fait que Disney+ parviendra à la rentabilité en 2024 », a fait savoir Christine McCarthy, la directrice financière du groupe, lors d’une conférence téléphonique avec des analyses mercredi.
Elle a néanmoins revu à la baisse certains objectifs, tablant sur 215 à 245 millions d’abonnés pour Disney+ en 2024 (y compris ceux de Hotstar, la version indienne du site), soit 15 millions de moins qu’annoncé précédemment.
Un abonnement moins cher mais avec publicité
Durant le trimestre en cours, Bob Chapek, le patron du groupe américain, compte miser sur de nouveaux programmes pour rallier de nouveaux clients, comme She-Hulk. Avocate, la nouvelle série des studios Marvel, Andor, une série Star Wars, et le film Hocus Pocus 2 de Disney. Il a aussi promis, lors de son échange avec des analystes, l’arrivée prochaine d’une série documentaire sur BTS, le groupe culte de K-pop sud-coréen.
Le trimestre écoulé a été marqué par les doutes sur la croissance des grandes plates-formes de divertissement, de Netflix à Facebook en passant par les jeux vidéo. Netflix a ainsi perdu près d’un million d’abonnés entre mars et juin, après en avoir déjà perdu au premier trimestre, pour la première fois de son histoire.
Au-delà des nouveaux contenus, le vétéran du secteur et son féroce concurrent ont désormais recours à différentes stratégies pour augmenter leur base d’abonnés et améliorer leur rentabilité.
Disney+ a ainsi dévoilé mercredi une nouvelle formule d’abonnement avec publicité, pour les Etats-Unis, à 8 dollars par mois, qui sera proposée à partir de décembre. Celle sans publicité passera à 11 dollars, soit 3 dollars de plus qu’actuellement. Les prix de Hulu vont monter aussi.
Netflix, qui prépare une option similaire après avoir réfusé cette solution moins populaire pendant des années, va également serrer la vis du côté des partages d’identifiants, qui permettent à de nombreuses personnes d’accéder à ses contenus sans souscrire un abonnement.