Yann LeCun, pionnier mondial de l’intelligence artificielle, tourne la page Meta. Après douze années de service, il quitte le navire pour fonder sa propre start-up dédiée à l’IA. Derrière ce départ, on trouve des désaccords profonds avec la nouvelle direction prise par Meta et sa course effrénée aux modèles de langage. Le scientifique ambitionne désormais de concevoir une IA vraiment intelligente qui soit capable de comprendre le monde réel.
Yann LeCun abandonne Meta. Comme le voulaient les rumeurs, le chercheur français, pionnier de l’intelligence artificielle et responsable de la recherche IA chez Meta, vient d’annoncer son départ dans une publication sur Facebook et Linkedin. Après douze ans passés à la tête du laboratoire Facebook AI Research (FAIR), le chercheur a l’intention de lancer sa propre start-up.
« Comme beaucoup d’entre vous l’ont appris par des rumeurs ou des articles récents, je prévois de quitter Meta après 12 ans : 5 ans comme directeur fondateur de FAIR et 7 ans comme directeur scientifique de l’IA », explique Yann LeCun, remerciant Mark Zuckerberg, fondateur de Meta.
Récompensé par le prix Alan Turing, le scientifique a réalisé plusieurs recherches d’envergure qui figurent parmi les fondations du deep learning, une méthode d’apprentissage automatisé qui a profondément transformé le domaine de l’intelligence artificielle depuis la fin des années 2000.
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Des désaccords chez Meta à l’origine du départ de Yann LeCun
Officiellement, Yann LeCun quitte Meta pour pouvoir lancer sa propre start-up consacrée à l’intelligence artificielle. En coulisses, il se murmure que le pionnier de l’IA n’a pas apprécié le revirement stratégique opéré par Meta. Sous l’égide de Mark Zuckerberg, le groupe californien s’est en effet lancé dans le développement frénétique de modèles de langage, similaires à ChatGPT ou Gemini.
Or, Yann LeCun s’est toujours montré très critique à l’égard des modèles de langage. Le chercheur de 65 ans a plusieurs fois estimé que ChatGPT « n’a rien de révolutionnaire » et que les modèles d’IA sont loin d’être intelligents et « commettent des erreurs stupides ». L’expert estime que les modèles de langage accaparent beaucoup trop la recherche alors qu’ils ne représentent pas l’avenir.
« Ce n’est pas une voie vers une intelligence de niveau humain. Tout simplement non. À l’heure actuelle, ils prennent tout l’oxygène de la pièce partout où ils passent, et il ne reste pratiquement plus de ressources pour le reste. Pour la prochaine révolution, il faut donc prendre du recul et déterminer ce qui manque aux approches actuelles », explique Yann LeCun.
En parallèle, Meta a annoncé une réorganisation stratégique de ses équipes consacrées à l’intelligence artificielle. Déterminé à mettre au point, à court terme, une « superintelligence », une IA capable de dépasser les capacités des cerveaux humains, le groupe de Mark Zuckerberg a revu l’organisation de ses équipes de recherche pour les recentrer sur son nouveau laboratoire, Meta Superintelligence Labs. Dans le cadre de cette réorganisation d’ampleur, Meta a recruté à tour de bras des spécialistes de l’IA dans toute la Silicon Valley. Au cours de la réorganisation, Yann LeCun a été placé sous la responsabilité de l’entrepreneur Alexandr Wang, cofondateur de la start-up Scale AI.
Le but de la nouvelle start-up de Yann LeCun
Snobant les modèles de langage, la nouvelle entreprise de Yann LeCun ambitionne « de mener à la prochaine grande révolution de l’IA », à savoir « des systèmes susceptibles de comprendre le monde physique, dotés d’une mémoire permanente, capables de raisonner et de concevoir des actions complexes ». Le chercheur est persuadé que l’intelligence artificielle du futur ne devra pas seulement prédire le mot suivant d’une phrase, comme le font les IA génératives, mais plutôt comprendre et anticiper ce qui se passe dans le monde réel. Sur le papier, les recherches de la start-up ouvriraient la voie à des tas de nouvelles applications dans le domaine de la robotique.
Il a ainsi précisé que sa nouvelle entreprise a pour objectif de prolonger le programme de recherche intitulé « Advanced Machine Intelligence » qu’il dirigeait auparavant chez Meta. Dans le cadre de ce programme, Meta sera « partenaire de la nouvelle entreprise ». Le chercheur ne coupe donc pas complètement les ponts avec le groupe américain.
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