L’entreprise d’Elon Musk pensait pouvoir tordre le bras des régulateurs européens avec un simple tweet. Raté. L’autorité néerlandaise (RDW) a fermement démenti l’arrivée validée du FSD pour 2026 et demande aux fans de Tesla d’arrêter le harcèlement.
C’est une méthode dont Elon Musk a le secret : annoncer une date de sortie irréaliste, mobiliser sa communauté pour faire pression, et espérer que cela passe. En Europe, cette méthode du bulldozer se heurte parfois à un mur administratif.
Ce week-end, Tesla a tenté de forcer le destin concernant l’arrivée de sa conduite entièrement autonome (Full Self-Driving ou FSD) sur le Vieux Continent. Une manœuvre risquée qui s’est soldée par un recadrage public et plutôt embarrassant de la part de l’autorité de régulation néerlandaise.
L’annonce qui a mis le feu aux poudres
Dans un message publié dimanche sur X, le compte officiel Tesla Europe affirme que son homologation passe par la RDW, l’organisme qui gère l’immatriculation des véhicules aux Pays-Bas.
Jusque-là, rien d’anormal. Sauf que Tesla ajoute, avec un aplomb déconcertant, que la RDW « s’est engagée à accorder l’homologation nationale néerlandaise en février 2026 ». Pour couronner le tout, la marque incite ses milliers de fans à contacter directement l’autorité via un lien fourni pour les « remercier » et exprimer leur excitation.
À lire aussi : Le pari fou de Tesla : Elon Musk gagnera 1 000 milliards de dollars s’il transforme ses rêves en réalité
Le constructeur américain a ainsi lâché une armée de fans sur le service client d’une administration publique, pour valider une technologie qui ne respecte pas encore les règles européennes.
La douche froide : « Arrêtez de nous appeler »
La réponse de l’organisme néerlandais ne s’est pas fait attendre, et elle est cinglante. Dans un communiqué publié lundi, la RDW a tenu à remettre les pendules à l’heure : non, aucune homologation n’a été promise.
L’autorité confirme bien qu’un rendez-vous est fixé en février 2026, mais uniquement pour que Tesla puisse tenter de démontrer que son système est conforme. Nuance de taille, il s’agit d’une étape d’évaluation et non pas d’une validation acquise d’avance.
Plus gênant encore pour l’image de la marque, le régulateur a dû demander publiquement l’arrêt du spam :
« Nous remercions tous ceux qui l’ont déjà fait et souhaitons par la présente demander de ne plus nous contacter à ce sujet. Cela mobilise inutilement notre service client. De plus, cela n’aura aucune influence sur le respect ou non du calendrier ».
Pourquoi le FSD bloque-t-il en Europe ?
Derrière ce psychodrame de communication se cache un vrai problème technique et légal. Le système FSD de Tesla, tel qu’il existe aux USA, permet à la voiture de changer de voie, de naviguer en ville et de prendre des ronds-points, mais il demande une « supervision » constante du conducteur.
Or, la réglementation européenne (notamment la norme UN-R-171 DCAS) est très stricte. Elle encadre rigidement ce qu’une voiture a le droit de faire seule. Tesla estime que ces règles sont « obsolètes » et cherche à obtenir une exemption spéciale (via l’article 39 de la loi européenne) pour contourner les limitations actuelles.
FSD Supervised in Europe, pending regulatory approval pic.twitter.com/PYkcATjSUN
— Tesla Europe & Middle East (@teslaeurope) April 5, 2025
Pour réussir, Tesla doit prouver que son système est aussi sûr, voire plus sûr, qu’un conducteur humain. Et c’est là que le bât blesse, les données fournies par Tesla sont souvent contestées par les experts indépendants pour leur méthodologie opaque.
À lire aussi : Une Tesla volante avant la fin de l’année : encore une promesse dans le vent d’Elon Musk ?
En voulant passer en force, Tesla a peut-être braqué le seul allié qui pouvait lui ouvrir les portes de l’Europe. Rendez-vous en février 2026 pour voir si la stratégie du « coup de pression » était la bonne.
👉🏻 Suivez l’actualité tech en temps réel : ajoutez 01net à vos sources sur Google Actualités, abonnez-vous à notre canal WhatsApp ou suivez-nous en vidéo sur TikTok.
Source :
Bloomberg