Les faux conseillers bancaires ont une nouvelle astuce pour piéger les Français. De plus en plus souvent, ils envoient un faux coursier au domicile de leur cible. Celui-ci vient récupérer la carte bancaire et le code…
Il y a quelques mois, une évolution de l’arnaque au faux conseiller bancaire a fait son apparition en France. La nouvelle version de l’escroquerie impliquait l’utilisation d’un coursier. L’arnaque a fait des dégâts limités à l’époque, mais elle semble opérer un retour en force cet hiver.
La gendarmerie de Loire-Atlantique indique d’ailleurs que le phénomène est en augmentation depuis quelques mois, rapporte France 3. De nombreux départements, comme la Vendée, le Maine-et-Loire, la Normandie ou le Finistère ont été touchés. En Loire-Atlantique, la gendarmerie a déjà enregistré 200 dossiers depuis le début de l’année, pour un préjudice total évalué à 400 000 euros.
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Fuites de données et SMS frauduleux
Tout commence par la récupération de données personnelles sur la victime. En exploitant les innombrables fuites de ces dernières années, les cybercriminels vont collecter une foule d’informations sur la cible, comme le nom, les coordonnées, la banque, ou encore l’adresse.
Ensuite, ils vont envoyer un SMS frauduleux en usurpant l’identité de la banque. Comme l’explique le Capitaine Thierry Coin, le numéro deux de la compagnie de gendarmerie de Nantes, au sein du groupement de gendarmerie départementale de Loire-Atlantique, « c’est une manière d’opérer qui est vraiment très très bien rodée, qui consiste à envoyer la plupart du temps des SMS aux victimes ».
Un faux service client
Le message prétend « qu’il y a des mouvements frauduleux sur leur compte bancaire ». Pour protéger son compte, la victime est souvent encouragée à appeler un numéro de téléphone. Dans d’autres cas, les escrocs appellent directement la cible en prenant soin d’afficher le véritable numéro de la banque à l’écran. Ils vont alors se faire passer pour le service client de la banque.
Une tactique criminelle, intitulée le « spoofing » d’identifiant, permet de faire apparaître un faux numéro sur le téléphone des victimes. Selon Europol, cette manipulation de l’affichage du numéro de téléphone alimente la majorité des fraudes par téléphone et par SMS.
Le pirate prétend alors que la carte bancaire est compromise et qu’il faut la remplacer immédiatement. Il installe un climat d’urgence pour pousser son interlocuteur à agir sans réfléchir. Le faux conseiller bancaire propose ensuite à la victime d’envoyer un coursier « mandaté par la banque » pour récupérer la carte qui a été piratée. Il promet qu’une nouvelle carte sera envoyée dans les 24 heures.
Une carte parfois coupée en deux
Quelques minutes plus tard, un faux coursier se présente au domicile de la victime. Il réclame à la fois la carte et le code bancaire. Pour tenter de rassurer son interlocuteur, le faux coursier peut proposer de couper la carte devant la victime. Évidemment, l’escroc sait très bien ce qu’il fait. En coupant la carte, il prend soin de ne pas endommager la puce. De facto, la carte bancaire est toujours utilisable.
Avec le code et la carte en mains, le criminel peut débiter le compte de la cible et faire des paiements. La victime se rend compte de la supercherie en consultant son solde. Dans d’autres cas, la banque se rend compte qu’il se passe quelque chose d’anormal et alerte son client.
Les bonnes pratiques à adopter
Sandrine Fermi, directrice de la communication Crédit Agricole Atlantique Vendée, rappelle qu’une banque ne procédera jamais de la sorte en vous envoyant un coursier. Un « établissement bancaire ne dépêche jamais un coursier pour venir récupérer une carte bancaire ». La responsable ajoute qu’il ne faut jamais communiquer « son code de carte bancaire à quelqu’un, même à un proche ».
C’est également le cas du code de double authentification envoyé par SMS par votre banque pour sécuriser votre compte. Si vous « n’êtes pas à l’initiative d’une quelconque opération bancaire, vous ne donnez jamais vos codes parce que de toute façon, ils ne vous seront jamais demandés », indique Sandrine Ferm, soulignant qu’un banquier ne vous mettra jamais la pression pour vous pousser à agir.
En cas de doute, il est conseillé de joindre directement votre banque en utilisant le numéro officiel ou l’application bancaire, afin de vérifier l’authenticité de l’appel ou du message reçu et éviter tout risque de fraude. Si un coursier est déjà en route vers chez vous pour récupérer votre carte, appelez la police de toute urgence. Signalez aussi l’arnaque sur www.cybermalveillance.gouv.fr et déposez plainte auprès des autorités.
Si vous êtes tombé dans le piège tendu par un pirate, ne tardez pas à signaler la supercherie à votre banque. La loi impose à la banque de vous rembourser un prélèvement frauduleux dans les 24 heures, sans attendre la fin d’une enquête, à condition que la fraude remonte à moins de 12 mois. Au-delà de ce délai, la banque n’a plus l’obligation légale de vous rembourser.
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Source :
France 3