Coup de théâtre pour la mission Crew-12. Le cosmonaute vétéran Oleg Artemiev est débarqué à quelques mois du décollage. Si Moscou évoque une simple mutation, plusieurs sources affirment qu’il aurait enfreint les règles de sécurité de SpaceX en photographiant des documents sensibles.
L’affaire ressemble à un imbroglio diplomatique sur fond de conquête spatiale. Alors que le lancement vers la Station spatiale internationale est prévu aux alentours de février 2026, la composition de l’équipage Crew-12 vient d’être brusquement modifiée. Oleg Artemiev, figure du spatial russe, cède sa place à son remplaçant Andrey Fedyaev. Si Roscosmos tente de normaliser la situation avec une justification administrative, des fuites relayées par plusieurs observateurs décrivent une réalité bien plus complexe, impliquant un téléphone portable et des secrets technologiques américains.
Un smartphone trop curieux au cœur de la base SpaceX ?
Selon les informations rapportées par l’analyste spatial Gueorgui Trishkin et le média d’investigation The Insider, l’éviction d’Artemiev ne relèverait pas d’une simple gestion des ressources humaines. Le cosmonaute aurait été surpris en train de photographier des éléments confidentiels lors de sa préparation sur la base de SpaceX à Hawthorne, en Californie.
Les allégations sont précises, bien que non confirmées officiellement. D’après ces sources, Artemiev aurait capturé des images de la documentation technique interne ainsi que des détails spécifiques des moteurs de la fusée. Toujours selon ces mêmes fuites, il aurait ensuite sorti ces données de la base via son smartphone. Si ces faits étaient avérés, ils constitueraient une violation directe des restrictions ITAR. Ces normes américaines régulent drastiquement l’exportation de technologies liées à la défense et ne tolèrent aucun écart.
Pour un expert interrogé par The Insider, la thèse de la maladresse est difficilement défendable. Il estime inconcevable qu’un professionnel aussi chevronné puisse ignorer de telles règles de sécurité, suggérant l’hypothèse d’un acte délibéré. Le média ajoute qu’une enquête interministérielle serait actuellement en cours pour faire toute la lumière sur cet incident.
Silence radio à la NASA, explication vague à Moscou
Du côté des institutions, la communication est verrouillée. La NASA garde le silence et refuse pour l’instant de commenter publiquement le dossier. Une attitude que certaines sources russes interprètent comme une volonté d’éviter un scandale diplomatique majeur à l’approche du vol. De son côté, l’agence russe Roscosmos a publié ce lundi un communiqué laconique pour justifier ce changement de dernière minute.
L’explication officielle évoque simplement une « mutation » à « un autre poste » pour Oleg Artemiev, sans donner davantage de précisions. Cette formulation vague peine à convaincre les observateurs, d’autant que le Centre d’entraînement des cosmonautes Gagarine avait déjà discrètement mis à jour la liste de l’équipage sur son site web, remplaçant le nom d’Artemiev par celui de Fedyaev avant même l’annonce publique.
Un vétéran dans la tourmente
Ce n’est pourtant pas un débutant qui se retrouve ainsi sur la touche. À 54 ans, Oleg Artemiev est un poids lourd du secteur. Il affiche un CV impressionnant avec trois vols spatiaux à son actif et un total de 560 jours passés en orbite. Au-delà de ses compétences techniques, il est également une personnalité publique en Russie, siégeant comme député de la Douma de Moscou sous l’étiquette du parti Russie Unie depuis 2019.
Voir un profil aussi capé se faire éjecter d’une mission Crew Dragon si près de l’échéance est un événement rarissime. Si les soupçons de collecte illégale d’informations venaient à se confirmer, cela pourrait potentiellement jeter un nouveau froid sur la collaboration, déjà fragile, entre Moscou et Washington dans le domaine spatial.
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