Les drones fabriqués en Chine ne pourront plus être vendus aux États-Unis

Les drones fabriqués en Chine ne pourront plus être vendus aux États-Unis



Après les semi-conducteurs, les drones ? Ces appareils stratégiques, très utilisés outre Atlantique, et en majorité fabriqués en Chine, viennent de faire l’objet d’une nouvelle interdiction de vente aux États-Unis.

Ils sont autant utilisés par les amateurs que les forces de l’ordre et les pompiers aux États-Unis : les drones fabriqués en Chine, largement répandus dans l’espace aérien américain, et qualifiés de « cauchemar pour les services de contre-espionnage », viennent de faire l’objet d’une interdiction dans le pays. La prochaine génération de drones et leurs composants fabriqués en Chine ne pourront plus être commercialisés outre Atlantique. Lundi 22 décembre, les autorités américaines ont décidé d’interdire sur le sol américain « tous les nouveaux drones et composants critiques fabriqués dans un pays étranger ». Sont visés spécifiquement « tous les équipements de communication et de vidéosurveillance des principaux fabricants chinois de drones SZ DJI Technology (DJI) et Autel Robotics ».

La décision de la Commission fédérale des communications (FCC), le régulateur des télécoms américain, ne s’applique pas aux modèles déjà en vente ou déjà achetés. Si la mesure peut paraître anodine, elle devrait impacter de nombreuses personnes et organisations dans le pays, très friand de ces appareils. Comme l’explique le Wall Street Journal, l’administration américaine cherche depuis longtemps à interdire l’utilisation de ces aéronefs dans le pays, pour des raisons de sécurité nationale.

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La majorité des drones utilisés aux États-Unis sont fabriqués par le chinois DJI

L’annonce de la mesure a suscité l’indignation parmi les 500 000 pilotes locaux de drones commerciaux, car DJI est le plus grand fabricant au monde de drones. Ses appareils représentent entre « 70 % à 90 % des drones commerciaux, (utilisés par des acteurs du service public) et des amateurs aux États-Unis », écrivent nos confrères. Depuis l’annonce, les pilotes commandent autant que possible les appareils, leurs batteries et leurs pièces détachées, et contactent leurs élus, leur demandant de plaider la non interdiction.

C’est le cas de ce pilote de drones, interrogé par nos confrères américains, et dont l’entreprise surveille la construction d’installations solaires et éoliennes sur des milliers d’hectares. Il explique avoir « fait le plein de trois douzaines de drones et d’équipements connexes ». Selon les utilisateurs de ces appareils, il n’y aurait pas d’équivalent américain ou occidental. « Les gens n’achètent pas le drone [DJI] parce qu’il s’agit d’un drone chinois, ils l’achètent parce qu’il est disponible, très abordable et performant », déclare par exemple Greg Reverdiau, cité par le média américain.

Des « risques inacceptables » pour les drones étrangers, selon une étude demandée par la Maison Blanche

Les drones sont aussi utilisés par des opérateurs de service public – les appareils permettent de surveiller des infrastructures comme des barrages et des réseaux électriques. Et c’est précisément cette utilisation dans des domaines sensibles ou stratégiques que les autorités américaines souhaitent limiter. Depuis 2017, Washington estime que Pékin pourrait accéder aux données collectées par les drones de DJI à des fins de manipulation ou d’espionnage. La société chinoise SZ DJI Technology est d’ailleurs dans le collimateur des autorités américaines depuis des années. Le ministère de la Défense américain l’a qualifiée « d’entreprise militaire chinoise » en 2022, une qualification que la société chinoise a tenté de faire annuler devant la justice, sans succès. 

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Mais la tension s’est élevée d’un cran dimanche dernier. Selon plusieurs médias américains, la FCC aurait reçu ce jour-là les résultats d’une étude, demandée par la Maison Blanche, au sujet des risques liés aux drones étrangers. L’étude aurait conclu que ses appareils présentaient bien des « risques inacceptables » « compte tenu des menaces liées à la surveillance non autorisée, à l’exfiltration de données sensibles, aux vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement et à d’autres menaces potentielles pour la sécurité intérieure ».

Une mesure discriminatoire pour Pékin

Et à l’image des semi-conducteurs et d’autres composants technologiques stratégiques, les drones ont fait l’objet de plusieurs mesures visant à rendre le pays plus autonome. En juin dernier, le président américain Donald Trump a signé un décret visant à réduire la dépendance des États-Unis vis-à-vis des fabricants chinois de drones, qui dominent le marché. « Le président Trump a clairement indiqué que son administration agirait pour sécuriser notre espace aérien », a déclaré de son côté Brendan Carr, président de la FCC. « Nous le faisons aujourd’hui par le biais d’une mesure qui ne perturbe pas l’utilisation ou l’achat de drones déjà autorisés et qui prévoit des moyens appropriés pour exclure les drones qui ne présentent pas de risque », a-t-il ajouté.

De son côté, DJI rappelle que ses drones sont sûrs, qu’ils peuvent voler sans connexion Internet, et que toutes les images et données collectées sont stockées localement. « Les préoccupations concernant la sécurité des données de DJI ne sont pas fondées sur des preuves et reflètent plutôt une attitude protectionniste, contraire aux principes d’un marché ouvert », indique l’entreprise dans son communiqué.

Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a estimé, ce mardi 23 décembre, que la décision de la FCC était « discriminatoire », rapporte CNN. « Les États-Unis devraient corriger leurs pratiques erronées et offrir un environnement équitable, juste et non discriminatoire aux entreprises chinoises », a-t-il ajouté, cité par nos confrères.

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