Pourquoi les Etats-Unis s’attaquent à Thierry Breton et aux autres régulateurs de la tech ?

Thierry Breton



La tension entre l’Europe et les Etats-Unis concernant la régulation de la tech a franchi un nouveau palier. Désormais, le gouvernement européen s’en prend directement aux régulateurs.

Thierry Breton et quatre autres personnalités européennes connues pour leur engagement dans la régulation de la tech, ont été frappés de sanctions à leur égard de la part du département d’État qui qualifie de « censure » les actions qu’ils ont entreprises au cours de leur mandat.
L’administration Trump a annoncé il y a quelques heures à peine que cinq personnalités, dont l’ancien commissaire de l’Union européenne (UE), Thierry Breton seront interdites de séjour sur le territoire américain.

« Depuis trop longtemps les idéologues européens mènent des actions concertées pour contraindre les plateformes américaines à sanctionner les opinions américaines auxquelles ils s’opposent », a écrit le secrétaire d’Etat, Marco Rubio, sur X. « L’administration Trump ne tolérera plus ces actes flagrants de censure extraterritoriale », a-t-il ajouté, dénonçant « un complexe industriel mondial de la censure ».

Qui sont les 5 personnes visées par la sanction américaine ?

L’annonce des sanctions, d’abord via un communiqué du département d’État, ne mentionnait pas directement les personnes concernées. C’est la sous-secrétaire d’état pour la diplomatie publique, Sarah Rogers qui a dévoilé sur X le nom des personnalités ciblées par les Etats-Unis, en commençant par Thierry Breton coupable d’être à l’origine de la directive européenne sur les services numériques.

Quid des quatre autres ? Ils ont évidemment pour particularité d’œuvrer à une plus stricte régulation des plateformes ou de lutter contre la désinformation et la haine en ligne.

  • Imrân Ahmed est à la tête du CCDH (Center for Countering Digital Hate)
  • Clare Melford dirige l’index de la désinformation (GDI)
  • Anna-Lena von Hodenberg est la fondatrice de l’ONG allemande HateAid
  • Josephine Ballon est est l’une des membres de HateAid

Tous sont accusés d’avoir pesé dans la volonté européenne de mieux réguler la tech, au travers notamment du DSA Digital Services Act.

« La censure n’est pas là où vous le pensez »

L’ex commissaire européen, Thierry Breton, n’a pas tardé à réagir, sur X également. Il s’est d’abord fendu d’un tweet interrogatif : « Un vent de maccarthysme souffle-t-il à nouveau ? ».

Puis il s’est montré plus direct : « Pour rappel : 90 % du Parlement européen – démocratiquement élu – et les 27 États membres à l’unanimité ont voté le DSA », la législation européenne sur le numérique, a-t-il souligné. Avant de conclure : « À nos amis américains : “La censure n’est pas là où vous le pensez” ».

La réaction officielle de la France a été quasi immédiate, de la part de son ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot : « La France dénonce avec la plus grande fermeté la restriction de visa prise par les Etats-Unis à l’encontre de Thierry Breton, ancien ministre et commissaire européen, et quatre autres personnalités européennes », a souligné le ministre dans un post sur X.

« Les peuples de l’Europe sont libres et souverains et ne sauraient se faire imposer par d’autres les règles s’appliquant à leur espace numérique », a-t-il ajouté. Dans la foulée, Thierry Breton a également reçu le soutien du ministre français chargé de l’Europe, Benjamin Haddad.

Les Etats-Unis s’en prennent directement à l’Europe

Donald Trump avait promis une riposte contre une Europe cherchant à réguler les acteurs américains, cette interdiction de territoire contre ces cinq personnalités est sans doute la première étape dans l’offensive américaine contre l’UE.

En effet, même si les griefs du président américain remontent à la directive sur les services numériques, la tension était montée d’un cran début décembre, au moment où l’Europe avait sanctionné X d’une amende de 120 millions de dollars. Marco Rubio avait alors parlé d’une « attaque contre toutes les plateformes technologiques américaines et le peuple américain par des gouvernements étrangers ». Elon Musk avait de son côté demandé l’abolition de l’UE, avant que Donald Trump n’évoque directement « la censure de la liberté d’expression » en Europe.

Les personnalités publiques et politiques engagées dans la lutte pour une meilleure régulation des contenus en ligne ne sont pas les seules cibles de l’administration Trump. Un récent mémo du département d’État, repris par la presse américaine, évoque de nouvelles consignes visant à restreindre les visas pour les personnes travaillant dans la tech, notamment celles spécialisées dans la modération du contenu.

👉🏻 Suivez l’actualité tech en temps réel : ajoutez 01net à vos sources sur Google, et abonnez-vous à notre canal WhatsApp.

Source :

Le Monde



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.