Washington accuse Pékin de « concurrence déloyale » et promet des nouveaux droits de douane pour… 2027

Washington accuse Pékin de « concurrence déloyale » et promet des nouveaux droits de douane pour... 2027



Des menaces, mais pas encore d’actes : les États-Unis comptent davantage taxer les semi-conducteurs chinois, mais seulement en juin 2027, en raison de la « concurrence déloyale » de Pékin. La déclaration intervient dans un contexte bien particulier de guerre des semi-conducteurs, mais aussi de trêve commerciale entre les deux puissances.

Nouvel épisode dans la guerre des semi-conducteurs qui opposent les États-Unis à la Chine : ces dernières vingt-quatre heures, les deux pays ont échangé des déclarations acerbes au sujet des puces électroniques.  Mardi 23 décembre, Washington a accusé Pékin de vouloir de manière « déraisonnable » dominer l’industrie des semi-conducteurs : les États-Unis comptent bien imposer de nouveaux droits de douane sur les importations chinoises de semi-conducteurs, mais seulement à compter de juin 2027. Quelques heures plus tard, la Chine a répliqué, demandant à Washington de corriger « ses pratiques erronées ».

Cette nouvelle passe d’armes entre les deux pays intervient dans un contexte bien particulier. D’un côté, les deux puissances se livrent depuis des années à une véritable guerre-compétition dans le secteur des semi-conducteurs. Pendant longtemps, les États-Unis ont dominé le marché (du moins dans la conception), un avantage qu’ils conservent toujours pour les puces les plus avancées (utilisées notamment dans l’IA), comme celles du champion américain Nvidia, leader du secteur. Washington a aussi mis en place toute une stratégie visant à couper la Chine de semi-conducteurs (depuis octobre 2022) et sur laquelle Donald Trump cherche, tout dernièrement, à revenir.

Cette politique a poussé Pékin à développer sa propre industrie, à coups de chèques en blanc et d’investissements monstres qui se sont avérés payants. La Chine produit aujourd’hui des semi-conducteurs d’anciennes générations. Elle ne serait pas encore parvenue à rattraper les États-Unis, mais l’écart se réduirait de plus en plus, selon les dires de Nvidia.

À lire aussi : Guerre des semi-conducteurs : la Chine lance la planche à billets pour sauver Huawei

Un « soutien massif » de Pékin à ses industries

Or, les puces d’anciennes générations produites en Chine sont achetées outre Atlantique : de quoi alerter le gouvernement américain qui ne souhaite pas Pékin se serve de ces ventes à des fins géopolitiques. Résultat, en décembre 2024, Joe Biden a lancé une enquête sur ces exportations chinoises de puces traditionnelles, ou de technologie plus ancienne, vers les États-Unis, soupçonnant des « pratiques commerciales déloyales » de la part de Pékin.

La déclaration de l’USTR (« United States Trade Representative » ; bureau du représentant américain au commerce) du mardi 23 décembre est le résultat de cette enquête. L’autorité américaine estime que la Chine pourrait bien utiliser son contrôle sur l’industrie mondiale des puces électroniques à des fins de pression économique. Ses efforts pour dominer le secteur reposaient sur des pratiques « contraires à la concurrence loyale et aux principes orientés vers le marché », a ajouté l’USTR.

Ce dernier cite notamment « un soutien financier massif et persistant de l’État (chinois) à l’industrie, y compris des restrictions et des orientations en matière d’accès au marché, des fonds d’orientation gouvernementaux, des transferts de technologie forcés et le vol de propriété intellectuelle, des préférences réglementaires opaques et de la discrimination, ainsi que des pratiques de travail qui maintiennent les salaires à un niveau bas ».

« La volonté de la Chine de dominer l’industrie des semi-conducteurs est déraisonnable et pèse sur le commerce américain ou le restreint, ce qui justifie une action », ajoute le représentant américain au Commerce. Résultat : ces composants seront bien davantage taxés, mais seulement dans un an et demi (juin 2027).

Une trêve , la pression sur les terres rares… et les prix ?

Si cette déclaration (des menaces, mais pas d’actes) peut surprendre, elle s’explique aussi parce que les États-Unis et la Chine ont conclu, en septembre dernier, une trêve commerciale. Il ne s’agit donc pas d’ouvrir franchement un nouveau front dans le litige qui les oppose. La déclaration vise aussi à apaiser les tensions avec Pékin qui a restreint ses exportations de terres rares, des composants dont la tech américaine est totalement dépendante. En arrière-plan, des taxes sur ces puces chinoises pourraient être une mauvaise nouvelle pour les entreprises américaines qui devraient acheter plus cher ces composants.

La Chine n’a pas manqué de répliquer, quelques heures plus tard : ce mercredi 24 décembre, elle déclare s’opposer à « l’utilisation aveugle des droits de douane » et à la « répression déraisonnable » des industries chinoises par les États-Unis. Le pays prendra des mesures pour protéger ses droits et intérêts légitimes si Washington persiste dans ses actions, a prévenu Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, cité par le Financial Times.

L’ambassade de Chine aux États-Unis a, de son côté, exprimé son opposition à toute imposition de droits de douane. « Politiser, instrumentaliser et utiliser comme arme les questions commerciales et technologiques et déstabiliser les chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales ne profitera à personne et finira par se retourner contre ses auteurs », a-t-elle déclaré, dans un communiqué partagé à Reuters

👉🏻 Suivez l’actualité tech en temps réel : ajoutez 01net à vos sources sur Google, et abonnez-vous à notre canal WhatsApp.



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.