Après le fiasco du métavers, Zuckerberg est‑il en train de plomber son pari sur l’IA ?

Après le fiasco du métavers, Zuckerberg est‑il en train de plomber son pari sur l’IA ?


C’est l’heure des bilans annuels, et pour ce qui concerne Meta la grande affaire de 2025 aura été la pluie de dollars déversée par Mark Zuckerberg pour s’offrir la crème de la crème des spécialistes de l’IA. Mais la mainmise du fondateur de Facebook sur le fonctionnement du nouveau labo IA provoquerait déjà des tensions en interne.

Mark Zuckerberg a joué du carnet de chèques cette année pour replacer Meta dans la course à l’IA. Le géant des réseaux sociaux a acheté pour 14 milliards de dollars (!) de parts dans Scale AI pour placer le fondateur de la start-up, Alexandr Wang, à la tête du Meta Superintelligence Lab. Meta s’est aussi offert à grands frais les services de Nat Friedman, ancien patron de GitHub, pour l’intégration produit, et d’Alan Dye (ex designer vedette d’Apple) au design logiciel. Et c’est sans compter les dizaines de débauchages parmi les meilleurs talents de la Silicon Valley.

L’IA de Meta sur les nerfs

L’idée de Mark Zuckerberg est de développer une « super intelligence » personnelle, capable de tenir dans la poche (ou dans des lunettes connectées) pour assister l’utilisateur au quotidien, voire de lui tenir compagnie. Sur le plan technologique, tout converge vers « Avocado », le prochain modèle maison de Meta, attendu au début de l’année prochaine.

Lire L’IA « Avocado », un pari à plusieurs milliards de Mark Zuckerberg qui doit sauver Meta

Ce modèle repart de zéro, en zappant les précédentes tentatives de Llama qui ont déçu. La version 4 en particulier, dévoilé début avril, a montré les limites de Meta : performances en retrait, soupçons de manipulation des classements, critiques internes sur la qualité des données et sur l’organisation des équipes. Avocado est censé rivaliser dès sa sortie avec Gemini 2.5, puis avec Gemini 3 quelques mois plus tard.

Encore faut-il que ce joli projet aboutisse. Car il existe bel et bien des tensions en interne. Plusieurs figures historiques sont parties, dont Yann LeCun, en désaccord avec la nouvelle hiérarchie. En parallèle, Meta a supprimé 600 postes dans l’IA, officiellement pour gagner en « agilité ».

Mais le plus préoccupant, c’est probablement la mésentente entre Alexandr Wang et Mark Zuckerberg, comme le rapporte le Financial Times. Son style de management qualifié d’« étouffant » compliquerait la prise de décisions stratégiques et le rythme de travail des équipes chargées des modèles de pointe. La supervision directe et tatillonne du big boss dans les affaires du labo IA empêcherait les forts en thème de produire les avancées espérées.

Alexandr Wang. © CC BY-NC-SA 2.0

Certains cadres de Meta s’interrogent aussi sur le profil d’Alexandr Wang au vu de l’ampleur de la mission. S’il dispose d’une expertise reconnue dans les services de données et l’annotation à grande échelle (la mission de Scale AI), son expérience à la tête de grandes organisations industrielles reste limitée. Des doutes émergent aussi sur sa capacité à incarner un leadership scientifique face à des équipes composées de chercheurs seniors, alors que Meta cherche à rattraper, puis dépasser, OpenAI et Google.

Le lancement précipité de Vibes, pensé comme une vitrine technologique et comme une réponse au Sora d’OpenAI, serait une conséquence de la pression directe de Mark Zuckerberg. Le service de génération de vidéos IA a été complètement éclipsé par son rival d’OpenAI, plus souple, plus efficace et tout simplement plus amusant (mais pas sans problèmes). Vibes serait cité comme un symptôme plus large du virage brutal opéré par Zuckerberg : priorité absolue à la vitesse et à l’effet d’annonce, sans égard pour le travail des équipes.

Dans les interviews et les podcasts, le patron de Meta assume cette stratégie agressive, quitte à bousculer ses équipes et à inquiéter les marchés. Il est convaincu que l’IA sera la prochaine plateforme informatique majeure. Mais l’histoire récente du groupe, du métavers aux errements de Llama, ne plaide pas en faveur de cette vision.

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Source :

Financial Times



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