Des deepfakes pour de faux témoignages, des faux logos d’une autorité de santé destinée à « certifier » telle vente… Avec l’intelligence artificielle, les sites proposant des produits présentés comme des équivalents aux Ozempic, Wegovy, Mounjaro, ces médicaments prescrits comme l’obésité et plébiscités sur les réseaux sociaux comme coupe-faims miracles, se multiplient. Le mois dernier, l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, avait déjà tiré la sonnette d’alarme.
Les sites Web vendant des produits présentés comme équivalents aux Ozempic, Wegovy, Mounjaro ou encore Saxenda, Victoza et Trulicity, ces médicaments prescrits pour lutter contre l’obésité, se multiplient à cause de l’IA. Et la France n’est pas épargnée, nous apprend l’entreprise de cybersécurité Check Point dans une étude repérée par Le Parisien, ce vendredi 26 décembre.
La société évoque, notamment, la vente en ligne, sur tel site en français, d’un produit se présentant comme un équivalent d’Ozempic, « HHVB® GLP-1 SIX EN UN ». La page reproduit (illégalement) le logo de l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Elle présente aussi une bannière indiquant un « Fabriqué en France », avant de promettre, entre autres, « une seule prise par jour, et des résultats visibles en seulement sept jours ».
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Deepfakes et fausses certifications des autorités de santé
Avec l’IA, la France, comme d’autres États européens et les États-Unis, voient se multiplier les sites vendant des produits présentés comme des analogues du « GLP-1 ». Cette hormone, qui produit des effets sur la régulation du glucose et de l’appétit, est comprise dans les Ozempic, Wegovy, Mounjaro et leurs équivalents.
Depuis leur lancement, ces médicaments qui se présentent sous la forme de stylos injecteurs sont promus comme coupe-faims révolutionnaires sur les réseaux sociaux. Leur engouement a été tel, notamment sur TikTok, que ces médicaments font l’objet de pénuries à répétition.
Cette faille a laissé place à un marché parallèle, toujours d’actualité. Ce vendredi 26 décembre, nous avons fait le test : tomber sur des sites proposant des produits comprenant du « GLP-1 » contre une trentaine d’euros, ou proposant une consultation pour obtenir une ordonnance proposant ce médicament, est toujours un jeu d’enfant.
Souvent, explique Check Point, l‘internaute est appâté par de fausses vidéos générées par l’IA (des deepfakes), dans lesquelles de faux patients témoignent d’une perte de poids drastique, avec de fausses certifications d’autorités de santé locales à l’appui. Le site propose ensuite la vente de produits présentés comme des analogues de l’Ozempic ou du Wegovy à un prix dérisoire, et sans ordonnance.
« Des escrocs usurpent désormais l’identité de médecins et de cliniques pour promouvoir des médicaments contrefaits ou dangereux, en utilisant fréquemment l’intelligence artificielle pour générer des photos, des vidéos et des témoignages falsifiés et convaincants », alerte Check Point.
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Faux profils Facebook, fausses publicités…
Autant d’éléments contre lesquels l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, et l’EMA, l’agence européenne du médicament, tentent de lutter depuis des mois. En septembre dernier déjà, l’EMA expliquait avoir identifié « des centaines de faux profils Facebook, de fausses publicités et de fausses fiches de commerce électronique, dont beaucoup sont hébergés hors de l’Union européenne ».
En France, l’ANSM a réalisé « des contrôles sur certains patchs vendus sur internet », prétendant contenir du GLP-1, le principe actif de l’Ozempic. Verdict : non seulement ces produits ne contiennent pas d’aGLP-1, mais ils pourraient « contenir d’autres substances nocives pour la santé ». Dans l’Hexagone, la vente de ces médicaments est très encadrée : ils ne sont prescrits que dans certains cas spécifiques de traitement contre l’obésité, et ils sont particulièrement onéreux (un traitement mensuel coûte entre 300 à 400 euros, non remboursés).
Pour lutter contre la vente des faux médicaments, l’ANSM a multiplié les actions contre ces sites. Elle rappelle, dans un communiqué publié le 19 novembre, que « ces médicaments ne peuvent pas être vendus en ligne, même par une pharmacie agréée. Toute vente d’aGLP-1 sur internet est donc illégale ». Dans le pays, ces médicaments analogues aux GLP-1 sont prescrits par un médecin et délivrés en pharmacie, sur seule présentation d’une ordonnance.
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À quoi faut-il faire attention ? Les points de vigilance rappelés par l’ANSM
Mi-novembre, l’autorité française expliquait avoir signalé ces ventes illégales sur Pharos. Le procureur de la République a aussi été saisi. Face à ses demandes de retraits des produits litigieux sur les sites, eBay, Cdiscount et Amazon ont bien supprimé les annonces incriminées. Mais sur des sites détenus par Hamjouy Limited et Zongest Limited, des sociétés domiciliées à Hong Kong, les annonces n’avaient pas été retirées.
Sur son site, l’ANSM appelle les internautes à la plus grande vigilance. Elle rappelle notamment que « les agences comme l’ANSM ou l’Agence européenne du médicament (EMA), mais aussi les institutions comme l’Inserm ou les hôpitaux n’apposent jamais leur logo pour certifier, valider ou vendre un produit de santé ». Si vous l’observez sur un site en ligne, « il s’agit d’usurpations destinées à inciter à l’achat et à tromper le potentiel acheteur. C’est le signe d’une fraude. N’achetez pas un produit utilisant un logo institutionnel comme argument de vente ».
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