C’est la fin de l’année, et ma hotte d’actus et d’infos repérées sur le Web depuis ma précédente publication d’actus courtes déborde tant que je vais terminer 2025 en scindant en deux publications ce bouquet de brèves. Pour cette première série: un rappel sur le soutien aux associations et ONG, les conseils d’Emmaüs Connect, deux remises de prix, les collectivités et le Libre (Lyon, Grenoble, Echirolles, Boé).
Saint-Sylvestre, date limite des dons… ou presque
Pour la 14e année, Benoît Sibaud publie sur Linuxfr son indispensable dépêche sur les dons aux associations de promotion et défense du Libre, des droits dans l’espace numérique ou de la liberté d’expression, dont les dons sont déductibles en France, ainsi que d’autres, européennes ou au-delà. Un récapitulatif super étoffé (y compris sur les impôts et déductions), avec tous les liens nécessaires
La fin d’année est évidemment le moment rituel des appels aux dons (il vous reste 24 heures et des poussières au moment où ce billet de blog est mis en ligne), mais rappelons qu’on peut faire des dons toute l’année. Et que plutôt qu’un don ponctuel, on peut opter pour un versement régulier (virement ou prélèvement), qui a le double avantage de ne plus nécessiter d’y penser in extremis fin décembre et de donner un peu de visibilité dans ses prévisions à l’association qui en bénéficie.
Entreprises contre l’exclusion numérique: les pistes d’Emmaüs Connect
Pour le Blog du modérateur, la journaliste Appoline Reisacher a rencontré Victor Baysang-Michelin, responsable plaidoyer chez Emmaüs Connect, pour comprendre comment les entreprises peuvent agir au quotidien pour tenter de réduire la fracture numérique. Du respect des normes, en particulier du Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA), aux initiatives de Docaposte et Sopra Steria en passant par le reconditionnement: «Une partie de la réponse dépend aussi des entreprises du numérique, des designers, des équipes produit et de celles et ceux qui conçoivent les services du quotidien.»
Les Acteurs du Libre, promotion 2025
Le récent salon Open Source Experience (OSXP) a été comme chaque année l’occasion des prix des Acteurs du Libre. Les lauréats 2025 sont:
- Prix de la meilleure stratégie : Thales
- Prix du numérique ouvert et éthique : Murena
- Prix de la meilleure collaboration public/privé : Rectorat de Paris (Capytale) avec Vittascience
- Prix du développement commercial : XWiki
- Prix Européen (en collaboration avec l’APELL) : Mockoon
- Prix spécial du jury: April pour l’émission Libre à vous, diffusée en direct sur la radio Cause Commune. «Le jury a souhaité récompenser les efforts menés depuis 2018 par l’April pour diffuser et vulgariser l’usage des logiciels libres et a reconnu l’impact notable de l’émission dans la popularisation des valeurs du logiciel libre, et son positionnement actuel comme media de référence au sein de l’écosystème.» Une récompense qui salue justement la qualité de cette émission (au passage, un grand bravo au groupe des transcriptions – qui réalise notamment celles de Libre à vous, une mine).
Prix Science ouverte du logiciel libre de recherche
Autre brassée de distinctions en ce mois de décembre, les prix Science ouverte, remis pour la quatrième année par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace (MESRE). Le jury «a récompensé des réalisations bénéficiant déjà d’une notoriété, ainsi que des projets prometteurs, et il a identifié un espoir dans chaque catégorie.»
Les 8 lauréats sont répartis dans 4 catégories:
1. «Scientifique et technique»: GNU MPFR – Calcul scientifique en précision arbitraire. Espoir: QUantitative Modelling of Inflection (Qumin) – Étude de la flexion des langues.
2. «Communauté»: Aladin Lite – Un atlas du ciel interactif. Espoir: DifferentiationInterface.jl – Une interface unifiée pour les algorithmes de différenciation automatique?
3. «Documentation»: Pharo – Un langage de programmation objet et un environnement. Espoir: NeuRon Virtualizer – Modélisation du comportement électrique des nerfs périphériques.
4. «Coup de cœur» du jury, pour des projets exemplaires rassemblant plusieurs de ces dimensions: HyperSpy – Analyse interactive de données complexes en sciences physiques. Espoir: Spatially distributed Modeling and ASsimilation for Hydrology (SMASH) – Simulation des phénomènes hydrologiques
Les collectivités et le Libre (1): Echirolles, Boé
Les 15 et 22 mars 2026, ce seront les élections municipales, l’occasion après six ans de mandat d’un bilan de l’action, notamment côté numérique: c’est l’exercice auquel se livre Nicolas Vivant, directeur de la stratégie numérique de la ville d’Échirolles (37.000 habitants, Isère). «Le passage au libre permet de disposer d’une informatique efficace, stable, rapide, sûre et économique.» Plein de choses, dont les amateurs de chiffres simples peuvent retenir celui-ci: «Des coûts maîtrisés (2,5 millions d’économies en coûts de fonctionnement !).»
A plus petite échelle, la ville de Boé (5.900 habitants, Lot-et-Garonne) a également un retour d’expérience parlant, rapporté par la Banque des territoires: le passage de 95% de ses ordinateurs de bureau avec Ubuntu a permis «25.000 euros d’économies sur les licences informatiques, une maintenance divisée par quatre et du temps libéré pour accélérer sa transformation numérique».
«La commune a ainsi pu déployer de nouveaux services comme Open Cimetière, Wazo (téléphonie IP, avec 50% d’économies sur le budget de fonctionnement, d’abonnement et de maintenance) actuellement en phase pilote jusqu’en avril 2026, avant un déploiement progressif. Et Boé envisage la migration vers OpenElec (en cours d’étude dans le cadre du renouvellement du logiciel électoral). Des outils qui sont d’autant plus faciles à installer que l’interopérabilité et l’installation de connecteurs est facilitée par le libre.»
Les collectivités et le Libre (2): Lyon, Grenoble, Adullact
Libre à vous a précisément consacré son émission du 2 décembre aux politiques logiciel libre de deux grandes villes, Grenoble et Lyon. Des exposés très riches – on parle formation, souveraineté etc. – (transcription là), dont j’extrairai juste ces propos de Pierre Mériaux, adjoint au maire de Grenoble, en charge entre autres de la stratégie numérique:
«C’est un enjeu de débat, je le dis pour les futurs élus des municipales 2026 à venir, il faut y penser dès le début du mandat pour se donner une capacité et une force d’action bien supérieure, quitte à aller contre la logique néo-libérale qu’on voit un peu partout qui dit qu’il faut baisser les coûts de fonctionnement, les masses salariales des services publics. En fait, c’est contre-intuitif de dire ça : quand on veut développer une action publique locale au plus près des citoyens, il est parfois très utile, au contraire, de déployer des services publics renforcés et d’accepter de voir sa courbe de masse salariale un peu augmenter parce que, derrière, le rendement obtenu à l’euro d’impôt investi peut être bien supérieur.»
Et de Bertrand Maes, adjoint au maire de Lyon, en charge de la politique du numérique:
«Certains outils propriétaires sont conçus pour qu’il soit très compliqué de s’en extraire et, en l’occurrence, nous nous sommes attaqués au sujet de Microsoft qui, avec ses solutions comme Microsoft 365, enferme de plus en plus ses clients avec des solutions de plus en plus intégrées, etc., ce qui fait qu’ensuite les clients consomment et sont à la merci par exemple des hausses de prix soudaines et parfois déraisonnables. C’est un premier volet.
Le deuxième volet peut être l’aspect qui consiste à privilégier une économie locale, du moins nationale, à minima. Il est vrai que dans les solutions que nous développons pour nous extraire de la bureautique Microsoft, nous avons eu essentiellement recours à des entreprises de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à hauteur de 50% des dépenses et je dirais que 100% des dépenses se font sur le territoire national, sur des entreprises nationales.»
L’émission a aussi parlé des labels Territoire Numérique Libre, initiés et organisés par l’Adullact – 36 collectivités ont été récompensées cette année, a indiqué Camille Tillatte, responsable marketing et communication de l’Adullact, ce qui avec les labellisées précédentes amène à 97 collectivités labellisées en France, DOM-TOM compris.
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