« Dans le tableau peu réjouissant de la tech chinoise, Tencent est la société qui s’en sort le mieux »

« Dans le tableau peu réjouissant de la tech chinoise, Tencent est la société qui s’en sort le mieux »


La patience est une grande constante de la stratégie chinoise. Comme le suggérait déjà le général Sun Tzu il y a plus de deux mille cinq cents ans, il est des moments où les forces contraires sont si puissantes qu’il est prudent d’attendre, le temps d’un thé, que les éléments se calment.

Pour les entrepreneurs de l’empire du Milieu, ce temps est venu, car la tempête gronde au-dehors. La crise immobilière fait des ravages, la stratégie zéro Covid paralyse les grandes villes, et le grand timonier Xi Jinping a déclenché, en 2021, une croisade morale pour protéger les enfants des jeux vidéo et économique pour casser l’oligopole des géants de l’Internet. Les valeurs technologiques chinoises cotées au Nasdaq américain ont perdu les deux tiers de leur valeur par rapport à 2021.

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Dans ce tableau peu réjouissant, Tencent est la société qui s’en sort le mieux. Elle reste l’entreprise la mieux valorisée de Chine (380 milliards d’euros) et ses bénéfices n’ont chuté « que » de 56 %. Même si, comme son rival Alibaba, elle a enregistré la première baisse de chiffre d’affaires de son histoire au deuxième trimestre. Il faut dire que le groupe a montré patte blanche envers le pouvoir, en soutenant sa propagande sur son réseau WeChat et en entamant son désengagement de nombreuses participations.

Un écosystème à lui tout seul

Car Tencent est un écosystème à lui tout seul. Il est le principal acteur du capital-risque chinois avec un portefeuille de près de 90 milliards d’euros, présent dans des milliers de start-up, comme dans de grands groupes tels Meituan, le leader chinois de la livraison de repas, ou JD.com, le géant du commerce en ligne. Mais il est aussi le premier investisseur à l’étranger, avec des participations dans Snap, Spotify ou Universal Music.

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Il est aujourd’hui l’équivalent à la fois de Microsoft, de Facebook, d’Hollywood et du fonds Softbank. Leader mondial du jeu vidéo, il tire aujourd’hui sa plus forte croissance des infrastructures informatiques en réseau, le cloud. En attendant que le beau temps revienne, il ne se contente pas de prendre le thé. Il serre les cordons de la bourse, en supprimant 5 000 emplois et en vendant ses participations les moins rentables, et continue d’investir dans des pépites bon marché à l’international, comme Ubisoft.

Déjà Pékin relâche progressivement sa griffe sur les jeux vidéo, et les jeunes Shanghaïens, portable à la main, attendent de pied ferme la libération.



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