Prévisions technologiques 2022? Pariez sur l’humain!

Prévisions technologiques 2022? Pariez sur l


C’est toujours une bonne chose de lever la tête, de regarder dans le rétroviseur, puis devant, et d’essayer de déceler la trajectoire que l’on a. C’est ce que tentent de faire chaque année à cette époque, les traditionnelles « prédictions technologiques » pour les années suivantes, avec parfois plus ou moins de succès.

Vous trouverez en fin d’article des liens vers des prévisions du monde IT. 

Mais avant de se projeter dans le futur, il est tout aussi intéressant de regarder les prévisions passées et de constater, ou pas, leur réalisations.

Quand elles ne se réalisent pas, cela met le projecteur sur des freins oubliés, des forces surestimées, et bien souvent l’absence de conduite des changements adaptée pour qu’elles se réalisent. Pour GreenSI, le billet de fin décembre de l’an dernier (La technologie en 2021, bearish ou bullish ?) était très réservé sur l’explosion de nouveautés en 2021 et croyait plus à une consolidation et un ralentissement. Ce que l’on appelle une année « bearish » en vocabulaire boursier (l’ours hiberne).

Certes en 2021, on a eu la sortie du Métavers prévue par personne, même si elle s’inscrit dans la tendance à moyen terme du développement de la réalité virtuelle, la réalité augmentée, l’explosion du jeu vidéo avec les confinements successifs, ou l’expérience clients. Cette annonce a déclenché beaucoup de spéculations, voire une certaine poésie dans ce microcosme informatique très technologique. Mais tout cela reste encore en 2021 du marketing de haut vol, pour éloigner des vrais enjeux, eux beaucoup moins poétiques, de surveillance et de manipulation des données à grande échelle par la technologie de certaines sociétés, et notamment Méta, ex-Facebook (voir: Métaverse, nouvelle branche de l’Internet)

GreenSI retiendra de cette annonce, la vision d’un nouvel Internet, certainement augmenté, et qui va être une bataille économique et géostratégique mondiale pour son contrôle. D’autres initiatives existent, autour du Web3 qui serait un internet moins centralisé, via la technologie Blockchain, et qui est également financé par les VCs de la Silicon Valley. Mais San Francisco n’est plus le seul moteur de l’Internet…

Cet internet sera de plus en plus fragmenté, car la Chine et la Russie, verrouillent leurs accès et leurs usages, l’Europe poursuit sa régulation et voudrait bien que la sortie de crise sanitaire finance ses champions. Quant aux GAFAs, ils s’infiltrent partout où ils peuvent en Europe depuis la fermeture de la poule aux oeufs d’or chinoise, pour porter un discours de souveraineté nationale qui ne trompe personne, mais qui bizaremment rassure les politiques français. On est cependant sur du moyen terme et 2022 ne suffira pas pour installer ce nouvel Internet.

L’année écoulée c’est aussi le détrônement de Google sur le web.

Pour la première fois Tik-Tok a été la première destination Internet en 2021, C’est certainement un signal de confirmation d’une nouvelle démographie de l’Internet, boostée par la crise sanitaire mondiale, et une mauvaise nouvelle pour l’ex-Facebook. Cette audience renforce l’engouement des marques sur ce réseau social d’origine chinoise orienté vidéo, qui était à la 7eme place derrière tous les GAFAs en 2020, et qui les challenge maintenant en terme d’audience.

Notons que c’est aussi la confirmation de l’hétérogénéité de l’Internet car ce produit lançé par des chinois (ByteDance) pour les marchés non chinois, a son équivalent en Chine (Douyin) mais beaucoup plus contrôlé. Ce fut aussi une bataille géostratégique importante en 2020 puisque l’application avait été interdite aux Etats-Unis par le Président Donald Trump, jusqu’a son rachat par Oracle et Wallmart, le premier distributeur américain qui y voit une plateforme mondiale de e-commerce.

On peut également noter que la cybersécurité n’a malheureusement pas raté sa prévision en 2021. Après un quadruplement entre 2019 et 2020 mesuré par l’ANSSI, toutes les prévisions donnait ce sujet gagnant aussi en 2021. Et on ne voit rien à l’horizon pour changer celà en 2022, malgré un démantèlement de groupes de hackeurs par le gouvernement américain ce qui aura été une première.

Dans les non-réalisations, en 2021 on n’aura pas assisté à l’émergence d’un nouveau commerce, qui aurait repris comme modèle nos expériences de confinements de 2020. On aurait pu assister au développement d’un commerce plus local, supporté par des plateformes numériques, et payé avec son smartphone, bref le meilleur des deux mondes.

Les grandes plateformes et les grands distributeurs ont repris leurs visions dominantes et centralisatrices. La conduite des changements auprès des commerçants et des particuliers et la gestion des données pour atteindre cet optimum numérique/physique, est certainement plus forte qu’anticipée. Ce processus sera donc lent et la montée de Tik-Tok, avec un actionnaire Wallmart, pour qui le e-commerce est stratégique, peut aussi fortement influencer cette trajectoire à l’avenir.

En première synthèse de cette revue de 2021, l’humain, quand il n’est pas sous la coupe d’un gouvernement liberticide, compte finalement de plus en plus pour influencer la trajectoire technologique, avec toute sa rationalité, mais aussi avec sa part d’irrationalité. 

Son implication se renforce également via le politique, comme on peut voir en France avec le questionnement sur le déploiement de la 5G, les moratoires sur l’IA, les engagements environnementaux ou les chartes d’éthiques, qui fleurissent au niveau local, par-ci et par-là, sans suivre de logique nationale. La technologie et ses évolutions n’est plus un long fleuve tranquille de l’offre. Cette mécanique renforcera des différences territoriales, mais sans aller jusqu’à la fragmentation constatée pour l’Internet mondial.

Elle va aussi demander un accompagnement plus fort du déploiement de nouvelles technologies. La force d’un Amazon quand il pousse ses objets connectés dans les domiciles est clairement sa plateforme de ecommerce, pas nécessairement sa technologie (Alexa) mais dont il veut faire un standard. 

L’importance de la conduite des changements, qui vise à accompagner les transformations de l’entreprise, suggère à GreenSI qu’en 2022, dans l’entreprise, il va falloir se pencher un peu plus sur l’humain dans sa relation à la technologie.
Que ce soit :

  • l’amélioration de son environnement de travail hybride, physique et numérique,
  • le développement de ses capacités à manipuler la technologie lui-même et court-circuiter les spécialistes, mais développer aussi sa capacité à ne pas créer de risque cyber dans ses usages,
  • ou enfin la compétition engagée pour les talents du numérique et ceux qui savent les gérer et leur faire délivrer tout leur potentiel. 

Le premier renvoi à la poursuite de l’innovation et au développement de la Digital Workplace, qui pour GreenSI restera une priorité, même si on sort rapidement des nouvelles phases de confinement ou de télétravail. Attention, il ne s’agit pas de Zoom ou Teams, ou d’une solution magique mais bien de l’intégration des flux de travail qui ne passent pas tous par « la réunionite », et heureusement !

C’est donc la capacité à interagir professionnellement, dans le cadre de processus sécurisés, avec des salariés en back-office, d’autres en première ligne et des partenaires externes, avec des clients ou des fournisseurs. La modernisation de la supply chain et de la relation clients sont de ce fait bien inscrites dans ce périmètre, en complément des outils de productivité ou de télétravail. 

Le second se traduit pour GreenSI par la montée des plateformes no-code. Sous couvert de simplicité et de productivité, ce sont des bombes à retardement en termes de maintenabilité et de maîtrise des applications. Mais ce n’est pas sous cet angle qu’il faut les voir, même si cela ne fait pas toujours plaisir à la DSI.

Le no-code c’est la rançon à payer pour la montée en compétence des acteurs métiers sur la technologie, car il veulent tester, essayer et ne plus dépendre de spécialistes, pas toujours disponibles, ni toujours compréhensibles avec leur jargon. Paris vaut bien une messe 😉

GreenSI pense donc que le no-code va continuer de se développer en 2022, non pas parce que c’est une technologie de rupture, mais parce que c’est une technologie d’accompagnement des changements. Le sujet du no-code n’est donc pas de remplacer python ou php et les « digital factories » qui fonctionnement bien, mais d’aller chercher tout le potentiel de développement, en usages et en ressources, que les métiers peuvent amener. Cela va demander une nouvelle urbanisation du SI, sous peine de gérer dans 3 ans une dette technique supplémentaire colossale. GreenSI n’est pas sûr que tout ceux qui se lancent en soient conscient (billet à venir en 2022)…

Enfin, dans les métiers en tension, dont beaucoup de ceux dont l’entreprise a besoin pour son SI (data scientist,  développeur,  architecte logiciel, product owner, …), la guerre des talents est toujours bien installée. La différence entre deux entreprises ne se fera pas que sur le choix des bonnes technologies, mais bien sur leurs capacités à mobiliser une équipe pour développer des cas d’usages différenciants, et c’est là que le recrutement, ou le sourcing, feront la différence. 

Le fil rouge de GreenSI pour 2022 c’est l’humain et sa relation avec la technologie qu’il va falloir renforcer et diffuser. L’hybridation entre la technologie et le business (ou métiers), est connue depuis bien longtemps, mais elle va se poursuivre plus loin.

Cette hybridation a déjà avancé ses pions depuis 5-7 ans avec des formes de gouvernance mixtes technologie-métiers, comme l’agile, les « features teams« , ou les « chiefs digital officers » qui sont des façons de faire travailler ensemble métiers et technologie.

Mais elle se cherche maintenant un second souffle pour se généraliser à TOUS les collaborateurs de l’entreprise. Comme le téléphone est passé du bureau de la secrétaire sur Directeur, au mobile de tous les employés livreurs.

Par exemple, après avoir réussi à monter un « data lab » qui a montré le potentiel de l’analyse permanente des données par des équipes mixtes, comment produire, organiser et exploiter au mieux les données à l’échelle de l’entreprise pour toutes ses opérations et décisions opérationnelles ?

Les index de digitalisation des enteprisent montrent que cela dépend souvent des industries, mais même dans les industries les plus avancées, il y a encore des progrès à faire. Cette fusion entre informatique et métier, qui est une évidence dans les équipes qui gèrent le site de e-commerce de l’entreprise, ne l’est pas encore pour tout le monde, et notamment dans les services supports plus éloignés des clients.

Les socles technologiques pourront alors se renforcer de façon productive, car ils vont rencontrer plus d’utilisateurs, qui seront mieux préparés à en exploiter le potentiel. On oublie parfois qu’automatiser des opérations, les rendre plus intelligentes avec de l’IA, demande des profils plus pointus… juste pour vérifier que ça marche et maintenir le système ! N’ayons aucun doute sur le fait que les systèmes plus intelligents transforment l’entreprise, son organisation et ses compétences. L’intelligence artificielle est aussi une question d’hybridation technologique.

On va donc pouvoir renforcer la digitalisation des activités, en repensant le contrôle des processus par du logiciel intelligent et monter la barre de l’automatisation des décisions des cas les plus complexes. Comme on l’a vu précédemment, la montée à bord de plus de « non-technologistes » va demander de bien délimiter leurs champs d’interventions avec une urbanisation du SI plus modulaire, puisque celui-ci ne sera plus construit avec des approches et des équipes homogènes. L’image du passage de « Monsieur Meuble » à « IKEA », pour meubler son logement, est certainement une idée à garder en tête à l’avenir pour organiser son SI avec le no-code 😉

Sur le plan des architectures, c’est le développement de l’Edge qui va se poursuivre et amener progressivement une nouvelle donne (voir Edge annexe du Cloud, ou l’inverse). Derrière ce nom marketing, qui annonce la périphérie du cloud, se cache aussi bien l’émergence d’infrastructures locale boostée par la 5G et des réseaux haut-débits locaux à faible latence, que l’intelligence des objets connectés.

Des réseaux locaux 5G privés vont émerger et offrir une approche en rupture par rapport à celle du Cloud, dont les coûts sont de plus en plus critiqués. Si la blockchain, architecture de confiance répartie par conception, arrive à s’insérer dans ces architectures, c’est peut-être le début d’un décollage de ses usages, jusqu’à-ici confidentiels en dehors des cryptos.

Les architectures vont donc s’hybrider entre le Cloud et l’Edge. A la recherche de performance et de connectivité dans l’industrie, là où se passent les opérations, de souveraineté dans le service public et d’économies pour tout le monde. Ceci n’est pas sans impact pour la cybersécurité qui ne peut plus faire confiance à personne et renforce sa détection active (« zero trust« ), par rapport aux stratégies précédentes d’isolement. 

Enfin, la technologie la plus impactante pour la trajectoire des entreprises n’est malheureusement pas la toutes dernière, mais bien les couches de sédimentation des technologies précédentes. L’importance de la réduction de la dette technique est juste essentielle pour toutes les entreprises (voir Dette technique, ce composant que l’on camoufle), surtout si le no-code vient la faire croître à la périphérie du SI.

En synthèse pour 2022, la poursuite de la crise sanitaire est un facteur qui jouera beaucoup sur la vitesse de réalisation, mais pour GreenSI la tendance générale est toujours à l’hybridation, que ce soit des architectures pour développer partout la connectivité qui développera les usages, mais surtout entre les métiers et la technologie, pour transformer ces usages en valeur et en efficacité pour l’entreprise.

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Liens vers des prévisions d’analystes pour 2022… ou 2021 :





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