Malgré les meilleures ventes de leur histoire, les acteurs du marché des jeux vidéo n’ont pas célébré la fin de l’année 2021, marquée par un renforcement des restrictions. Le chiffre d’affaires du secteur a progressé de 6,4 % en 2021, pour atteindre 296,5 milliards de yuans (41,2 milliards d’euros). Un progrès significatif, mais loin du record de 2020, lorsque les ventes avaient crû de 20,5 % grâce aux confinements.
Alors que la hausse du nombre de joueurs s’est poursuivie, le marché a dû faire face à la colère des autorités. Ainsi, les médias d’Etat, accusant les jeux vidéo d’être « un opium spirituel » pour la jeunesse, ont décrété une réduction sensible du temps de jeu des mineurs, limité à trois heures par semaine à heure fixe les vendredis, samedis et dimanches.
De surcroît, aucun nouveau titre n’a reçu de licence depuis fin juillet 2021, en raison d’un changement de règles. Un coup dur pour les plus petites entreprises de la filière, des studios de développement à l’édition, en passant par le marketing. D’après le Securities Daily, un journal économique d’Etat, 14 000 d’entre elles ont disparu entre juillet et décembre 2021, soit presque deux fois plus que la même période de 2020. Les géants du numérique comme ByteDance (maison mère de TikTok) et Baidu ont licencié des centaines d’employés, d’après le quotidien hongkongais South China Morning Post.
« Il s’agit d’une campagne plus large contre un certain nombre de secteurs. Le régulateur essaie d’imposer un enregistrement avec l’identité réelle de tous les joueurs, de s’assurer que les jeux appliquent bien les différentes réglementations, et notamment qu’ils suivent davantage la ligne politique du gouvernement. Le temps que ces réformes soient appliquées, les licences ont été gelées », résume Daniel Ahmad, expert des jeux vidéo en Chine pour le cabinet de conseil Niko Partners.
« Coûts plus élevés »
Lors de la conférence annuelle de l’industrie des jeux de Chine, mi-décembre 2021, Yang Fang, la directrice adjointe du Bureau des publications, qui octroie les licences aux nouveaux jeux sous la houlette du Département de la propagande, a mis en garde contre « l’expansion désordonnée et la croissance barbare du capital ». Elle reprenait une expression chère au président Xi Jinping pour critiquer les plates-formes numériques, accusées de pratiques prédatrices.
Au contraire, les développeurs de jeu sont encouragés à insuffler de « l’énergie positive », grâce à de « bons thèmes, des idéaux positifs et une production de qualité ». En septembre 2021, Pékin avait convoqué les grandes entreprises du secteur pour leur faire accepter l’idée que les jeux ne pouvaient pas être une forme « de divertissement pur », mais qu’ils devaient promouvoir « des valeurs correctes » ainsi qu’une vision appropriée de la culture et de l’histoire chinoises.
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