Instagram et ses 2 milliards d’utilisateurs ne suffisent plus à Balzac Paris. La marque de mode féminine fondée en 2014 a inauguré, mercredi 7 septembre, un premier magasin à son enseigne, rue d’Hauteville dans le 10e arrondissement de Paris. L’idée d’exploiter une boutique « trottait depuis longtemps » dans la tête des fondateurs, Chrysoline de Gastines, son mari, Victorien, et son beau-frère Charles Fourmaux. Car, explique l’entrepreneuse trentenaire, « une grande partie de la clientèle veut toucher les vêtements et les essayer » avant d’acheter.
Et cette enfant du Web doit désormais affronter une vive concurrence sur les réseaux sociaux pour promouvoir ses éditions limitées, ses imprimés léopard et son sac à main, le César, la meilleure de ses ventes. Sur Instagram, sur lequel 445 000 abonnés suivent son compte, « l’algorithme est de plus en plus féroce », explique Mme de Gastines. Parmi ses 70 salariés, les 15 affectés à la publicité sur les réseaux sociaux doivent désormais « jouer des coudes » pour que les publications présentent le meilleur retour sur investissement possible et fassent acheter les fans sur-le-champ.
A l’en croire, l’exploitation de cette boutique de 400 m² doit contribuer à l’essor de la marque en France et à l’étranger. La dirigeante n’a pas lésiné sur la déco, qui a coûté plus d’un million d’euros. Balzac programme aussi d’ouvrir des boutiques à Lille, Lyon, Bordeaux et Londres. Rue d’Hauteville, où la boutique a reçu la visite de 2 500 personnes en deux jours de temps, Charles Fourmaux table sur « 3 à 4 millions d’euros » de chiffre d’affaires.
Succès fulgurant
Balzac n’est pas la seule marque née sur le Net à franchir le Rubicon. Depuis plusieurs années, Sezane, autre figure de l’e-commerce au succès fulgurant, ouvre des « appartements » ou des « conciergeries », comprenez des magasins. La marque, dont les ventes ont bondi de 30 %, à 250 millions d’euros en 2021, devrait bénéficier de nouvelles liquidités pour ouvrir davantage de points de vente – elle exploite une dizaine d’unités à ce jour, à Paris, Lille, New York, Londres et Madrid entre autres. Car, Morgane Sézalory, la fondatrice de 34 ans, a annoncé, le 1er septembre, l’entrée à son capital de Téthys Invest, holding de la très fortunée famille Bettencourt-Meyers, actionnaire du groupe L’Oréal, aux côtés du fonds américain General Atlantic, actionnaire depuis 2018.
« Parce que rentable depuis ses débuts », Balzac Paris « n’envisage pas ce type d’opération » afin de « rester une société familiale », précise Charles Fourmaux. La société a pour actionnaire minoritaire Generis Capital Partners, fond spécialisé dans les PME. Son activité a atteint 19 millions d’euros en 2021, après un bond de 50 %. L’exercice 2022 devrait être en croissance de 30 %. Une performance dont rêvent beaucoup de ses concurrents malmenés par la crise du commerce.