À 800 euros, la PS5 Pro est-elle vraiment trop chère ?

Ps5 Pro Sony Perf 2 (personnalisé)


Il va sans dire que l’annonce de la PS5 Pro a suscité un tollé. Pas tant pour ses performances, son PSSR, son ray-tracing ou son nouveau GPU 45 % plus puissant, mais à cause de la politique tarifaire choisie par la marque.

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800 euros, voilà le prix demandé pour la console la plus puissante du marché, soit 350 euros de plus que la PS5 en édition numérique. Comptez même 920 euros si vous souhaitez acquérir le lecteur Blu-ray officiel, ce qui l’amène à quelque 370 euros de la PS5 en version disque.

Sony PS5 au meilleur prix Prix de base : 549 €

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Devant ce prix, de prime abord, il n’y a pas photo : Sony a perdu pied avec la réalité. Mais est-ce vraiment le cas ? N’y a-t-il pas un facteur qui puisse excuser ce prix ? On pense à l’inflation, aux prix très élevés sur le marché du PC, ou encore à un positionnement premium. Étudions chacune de ces pistes une à une.

Comparaison et inflation

L’inflation peut-elle justifier cet écart de prix ? Ah, elle a bon dos ! Tant et tant d’augmentations ont eu lieu ces dernières années sous couvert de cette fameuse hausse des prix générales. On pense aux Pixel 8 en 2023, au Nothing Phone 2 pourquoi pas, ou encore aux divers prix des abonnements qui augmentent, comme le Game Pass de Microsoft.

Mais rarement une hausse aura été si brutale. Pour bien le comprendre, remettons un peu de contexte. La PS5 Pro est une console de milieu de génération, la 9ᵉ génération pour être précis. Étant donné que Xbox n’a apparemment pas pour projet de sortir une telle console, nous ne pouvons nous référer qu’à la génération précédente.

© Sony

Et il se trouve qu’il y a justement une PS4 Pro qui peut nous servir de référence. En se basant sur l’Indice des prix à la consommation (IPC), on mesure une inflation moyenne entre novembre 2016, date de sortie de la PS4 Pro et juillet 2024, de 20 % environ. En clair, les prix ont augmenté d’en moyenne 20 % en France sur cette période.

La PS4 Pro étant vendue 400 euros à sa sortie, la PS5 Pro marque donc une hausse de prix de 100 % sur cette période. Nous sommes en conséquence 80 points au-dessus. L’inflation seule ne permet de ce fait pas de justifier la hausse de prix.

Comparaison prix et performances

Peut-être alors le gain en performances entre la PS5 Pro et la PS5 Slim justifie-t-il cette hausse de tarif ? Là aussi, nous en doutons.

Comme l’a souligné, Furolith, le rédacteur en chef de Canard PC Hardware sur Bluesky, le gain en performance de la PS4 Pro sur la PS4 de base se situait jusqu’à 130 %, pour un tarif augmenté de 33 %. Pour comparaison, Sony avance que la PS5 Pro est 45 % plus puissante que le PS5, pour un tarif augmenté de 50 %.

Quid du PC ?

Face à ce prix exorbitant, de nombreux internautes remarquent que la PS5 Pro commence à se rapprocher du prix d’un PC. Et justement, IGN s’est essayé à un petit comparatif : pour la seule partie graphique, la PS5 Pro équivaut grosso modo à une AMD Radeon RX 6800, qui coûte autour de 400 à 450 euros. Et nous parlons là d’un hardware qui a déjà cinq ans de durée de vie sur le marché.

Des comparaisons graphiques pas forcément parlantes

Au-delà de tout ce discours sur le matériel, les joueurs les plus forcenés et passionnés de polygones vous rétorqueront sans doute que cela vaut le coup. Mais même la démonstration de Mark Cerny, architecte de la PS5, ne nous a pas forcément convaincus outre mesure.

Les arrêts sur image, censés démontrer un gain substantiel sur le nombre de pixels ou les détails apparents, ne sautent franchement pas aux yeux. Il n’y a guère que sur le front de la fluidité que la PS5 Pro a quelque chose à faire valoir. Se passer du mode fidélité à 30 FPS pour avoir la même qualité graphique en 60 FPS, voilà bien le seul avantage clair qui ressort pour le moment de cette présentation.

Ps5 Pro Sony Perf
© Sony

Le vrai objectif de Sony : cibler le premium

Un avantage bien mince et surtout très peu enclin, sans doute, à pousser les actuels possesseurs de PS5 à sauter le pas. Mais Sony ne cherche possiblement pas à poursuivre ces joueurs et joueuses déjà acquis, mais bien à s’adresser à un segment d’acheteurs intéressés par une expérience premium.

Comme l’a souligné l’analyste Mat Piscatella sur Bluesky, la PS4 Pro suivait exactement le même schéma. À la fin de son cycle de vie, la console représentait 13 % du parc de PS4 installées.

Et de fait, toute la stratégie des dernières années de Sony semble se tourner vers cette « premiumisation » de son offre. De nombreux accessoires sortis depuis 2020 ont été jugés trop chers par les joueurs. Citons par exemple le PS VR2 (600 euros), les écouteurs sans fil Pulse Explore (220 euros) encore la manette DualSense Edge (240 euros).

Le PSVR2, vendu au prix fort, a été en partie abandonné par Sony. © Lionel MORILLON / 01net.com

Or, les constructeurs de voitures de luxe le savent bien, il y a comme une forme de biais psychologique lorsque l’on souhaite s’adresser à ce public. Si un accessoire ou un appareil est jugé « peu cher », il sera considéré comme indigne d’intérêt. Vous pouvez trouver cela parfaitement idiot, ça l’est sans doute, mais c’est une réalité que les constructeurs doivent prendre en compte.

Et comme nous l’expliquions plus haut, Sony ne vise pas le joueur de PS5 à qui sa console convient parfaitement, mais veut s’adresser à celles et ceux qui veulent avoir l’impression de jouer sur un matériel supérieur. La variable du prix est donc importante pour le signifier.

Le début de la fin des consoles pas chères ?

Deux autres éléments doivent être mis dans la balance et peuvent expliquer le geste de Sony. Jusqu’ici, il était de coutume de penser que les constructeurs de consoles vendaient leurs machines à perte en se rattrapant sur le prix des jeux et des accessoires. C’était en quelque sorte le deal : une machine de jeu autour des 500 euros avec une puissance bien supérieure à ce prix (si l’on compare au PC), mais un écosystème fermé et donc des revenus confortables.

Mais avec la hausse du prix des matériaux, nous sommes peut-être en train d’assister à la fin de cette logique.

Si c’est le cas, la transition risque de faire mal, car l’ancienne école a habitué les joueurs à un certain prix. Il faudra sans doute attendre qu’une autre console soit annoncée (pourquoi pas la Switch 2 ?) pour vérifier si nous sommes entrés dans une nouvelle ère où les joueurs vont devoir payer beaucoup plus cher pour leurs machines.

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PlayStation 5 modèles originaux © Sony

L’autre théorie qui revient fréquemment en ligne, c’est que Sony profite à plein de l’absence de concurrence. En effet, sur le marché des consoles de milieu de génération, Xbox a passé son tour cette fois-ci. Le constructeur japonais peut donc jouer son avantage et gonfler quelque peu le prix.

Il y a sans doute un peu de tout ça dans le choix de Sony : inflation des composants, manque de concurrence, virage vers le premium. Mais rappelons à toutes fins utiles que la sortie de la console est encore loin : le 7 novembre 2024. Au vu des réactions très vives ici et ailleurs, peut-être que Sony pourrait revoir sa copie ? Au risque que le devenir de sa PS5 Pro ne suive le destin du PSVR2, complètement abandonné après un échec commercial retentissant.

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