à gauche et à l’extrême droite, des influenceurs mobilisés pour le second tour

à gauche et à l’extrême droite, des influenceurs mobilisés pour le second tour


Pour l’heure, silence radio. Alors que le Rassemblement national (RN) a récolté, dimanche 30 juin, 33,1 % des suffrages exprimés dans le pays au premier tour des élections législatives, Squeezie n’a pas commenté publiquement ces résultats, comme certains de ses jeunes fans l’auraient souhaité. Deux semaines plus tôt, le youtubeur avait appelé à voter contre le parti d’extrême droite, entraînant dans son sillon une forte mobilisation de créateurs de contenu.

Certains de ses homologues ne l’ont néanmoins pas attendu. « La honte », « pas mal », « rien n’est joué »… Sur les réseaux sociaux, les analyses et les opinions des uns et des autres, de la gauche jusqu’à l’extrême droite, continuaient d’affluer lundi, mettant en lumière un monde de l’influence scindé, comme les bancs de la future Assemblée nationale dans les projections actuelles, en deux blocs principaux.

À gauche, la déception et la remobilisation

Se désolant du score élevé du camp de Jordan Bardella, l’instagrammeuse Sally écrit peu après 20 heures, dimanche soir : « Ce soir est tristement historique. » Dans une longue publication, la jeune femme, qui s’était attachée ces dernières semaines à démonter à travers plusieurs vidéos l’argumentaire de Jordan Bardella et à alerter quant à la libération d’une parole raciste, juge qu’« Emmanuel Macron a ouvert un boulevard à l’extrême droite ». Et encourage ceux qui la suivent à se rendre à nouveau dans les urnes le 7 juillet. « C’est une question de survie », assène-t-elle, navrée.

Ses mots deviennent rapidement viraux, à mesure que d’autres personnalités du Web, telles que Chloé Gervais ou HortyUnderscore, s’en font le relais. Cette dernière, connue pour ses lives sur la plate-forme de streaming Twitch, figurait il y a deux semaines parmi les signataires d’une tribune de créateurs d’Internet en faveur du Nouveau Front populaire (NFP). Lundi matin, malgré sa déception de voir le RN en tête des votes, elle appelait à une remobilisation : « C’est pas fini, restons concentrés. » Même son de cloche chez le streameur Kameto, qui a profité de l’entre-deux-tours pour sortir de la réserve à laquelle il s’était jusqu’ici astreint. « J’emmerde le RN et le 7 juillet, la jeunesse doit se mobiliser pour éviter la catastrophe », écrit sur X celui qui se décrit comme un « fils d’immigrés ».

Le second tour est en effet dans tous les esprits. Au sein des groupes coordonnés de créateurs de contenu, on tente de réfléchir rapidement aux actions à mener avant cette ultime échéance. L’initiative du « Stream populaire », qui a culminé en fin de semaine dernière par deux jours de direct sur Twitch à l’effigie de l’union de la gauche, persistera dans l’entre-deux-tours. Et ce malgré le succès limité de cet événement – leur pétition plafonne pour le moment à près de 2 700 signatures.

« Nous aimerions organiser un nouveau marathon dès ce jeudi 4 juillet, annonce le journaliste Cassim Montilla, à la manœuvre, dans un communiqué interne que Le Monde a pu consulter. C’est le moment de bouger vos contacts influenceurs ou influenceuses qui auraient gardé une position neutre pour le moment. On ne leur demande pas de s’engager frontalement pour le NFP, mais il est temps de prendre une position ferme en faveur du front républicain. »

Les streameurs Mistermv, Nat’Ali et Ponce ont tous les trois signé une tribune appellant à faire barrage au Rassemblement national, parue sur le Club de « Mediapart ».

À l’extrême droite, une joie revancharde

De l’autre côté de l’échiquier, chez les vidéastes d’extrême droite, qui placent depuis plusieurs semaines leurs pions en faveur d’un vote RN, l’heure est à l’enthousiasme. Dans une story Instagram publiée dimanche soir, Georges Matharan, youtubeur identitaire passé chez les médias Valeurs Actuelles et Livre Noir (rebaptisé Frontières), se délecte, une bière à la main, comme satisfait de la campagne numérique de l’extrême droite à laquelle il a activement participé : « Bon bah c’est pas mal tout ça. » « C’est tellement notre jour, profitez. (…) Les gars, démocratiquement on les éteint, avec leurs règles du jeu », exulte de son côté le tiktokeur Le Bracq, qui a publié pas moins de six vidéos à ce sujet depuis l’annonce des résultats des élections.

Certains influenceurs de cette frange soutenant Jordan Bardella de façon assumée, devant les résultats du premier tour, se moquent aussi de leurs rivaux de gauche ayant appelé à faire barrage au RN. « Beaucoup d’influenceurs doivent avoir une sacrée gueule de bois », sourit, par exemple, le youtubeur Psyhodelik, particulièrement productif en vidéos politiques au cours de cette période électorale. « Je me réveille et je vois la frustration des twittos de gauche, sérieusement, quel plaisir ! », renchérit CemCem sur X, qui s’était fait connaître il y a cinq ans avec des vidéos de dix heures dans lesquelles il se contentait le plus souvent de fixer l’objectif de sa caméra sans bouger.

Tous les visages de l’influence d’extrême droite ne sont pour autant pas aussi euphoriques. Les 33,1 % du Rassemblement national et de ses alliés issus du parti Les Républicains pourraient ne pas suffire, selon le vidéaste antisémite et suprémaciste blanc Daniel Conversano, pour obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale et donc pour parachuter Jordan Bardella à Matignon. « On a gagné les doigts dans le nez, mais la semaine prochaine, ça ne va pas forcément être ça », analysait-il lors d’un live diffusé sur YouTube dimanche soir. Bien décidé, lui aussi, à poursuivre ses efforts d’influence en vue du second tour.

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