Forum Teratec (Paris) – Évènement dédié au calcul haute performance, le Forum Teratec fêtait cette semaine ses 20 ans. Mais il n’a jamais semblé autant d’actualité. Pourquoi ? Parce que les nouveaux usages, comme la simulation numérique, le calcul haute performance (HPC), le traitement des données massives (HPDA), ou encore l’intelligence artificielle (IA) et le calcul quantique, demandent des machines, et des datacenters, toujours plus puissantes.
« Le grand enjeu, c’est l’explosion des besoins en alimentation. On passe de datacenter qui consommaient 6 kW à des centres de données qui ont besoin de 100 kW » mentionne Charles Genuist, directeur produit chez SuperMicro.
Et cette densité électrique toujours plus importante est utilisée pour faire tourner les machines, mais aussi pour les refroidir et assurer leur bon fonctionnement dans le temps. Le problème, c’est que « pour les nouveaux équipements haute densité, le système de refroidissement en free cooling n’est plus assez efficace » dit Charles Genuist.
Comment refroidir les serveurs et équipement de nouvelle génération ?
Alors comment refroidir les serveurs et équipement de nouvelle génération ? Et bien en passant au glycol, ou à l’huile.
C’est dans de grands conteneurs emplis d’un bain d’huile que la société Viridien, spécialisée dans l’exploration du sous-sol et les énergies fossiles, refroidit ses serveurs. Ils sont véritablement immergés dans ce corps gras pour dissiper la chaleur produite par les processeurs et autres barrettes mémoire.
« Nous travaillons avec de l’huile diélectrique » indique Alexandre Jean, responsable commercial de l’entreprise. « Cette technologie évite de changer les systèmes de refroidissement en fonction des évolutions technologiques des serveurs et des nouvelles problématiques de puissance. Ce sont des serveurs standard qui sont utilisés ».
Bain d’huile pour serveurs. Viridien
Reste qu’un circuit primaire de liquid cooling ou d’air cooling est nécessaire pour faire fonctionner le tout. Surtout, la maintenance des machines demande des étapes particulières. Il faut sortir les machines du bain d’huile, et les « sécher » avant de procéder à la maintenance.
Il assure néanmoins que ce système à une durée de vie importante. « Certains de nos bacs sont en production depuis 2011 » dit-il. Viridien utilise cette technologie d’oil cooling pour des ressources de calcul haute performance (HPC) utilisées pour son usage propre et pour ses clients.
Chez Eviden, ex-Atos, les ingénieurs proposent du liquid cooling sur ses supercalculateurs hybrides BullSequana XH3000
« Ici, le circuit de refroidissement – avec du glycol – parcourt l’ensemble de la baie et refroidit à 40 degrés l’ensemble des éléments, du processeur aux barrettes de mémoire » mentionne Galina Guyot, product manager chez Eviden. « Le tout en circuit fermé ».
Reste que cette technologie de pointe ne concerne que des équipements informatiques spécifiques, conçus pour embarquer de manière native ce système de refroidissement.
Quel choix pour les clients ?
Alors comment s’opère le choix des clients à la recherche de solutions de HPC pérennes ? « Les nouveaux équipements de très haute densité demandent de repenser l’architecture des centres de données » dit Yann Parat, commercial chez NDC. « L’idée est désormais de pouvoir supporter un poids d’équipement de 2 tonnes au mètre carré. Pour cela, nos salles sont désormais équipées de dalles de béton ».
Nation Data Center est un hébergeur français, filiale du Groupe Altarea. La société vient d’inaugurer un datacenter à Rennes, et en construit un autre en Normandie.
« Côté refroidissement, les clients privilégient le liquid cooling DTC (direct to chip) ou en effet l’immersion. Les deux ont des avantages, et des inconvénients. Le bain d’huile a des contraintes sur la maintenance des équipements et provoque aussi parfois de la corrosion sur les connecteurs en plastique. Mais le DLC (Direct Liquid Cooling) n’est pas exempt de fuites également ».