Apple a demandé à ses sous-traitants établis à Taïwan d’étiqueter leurs produits destinés à la Chine avec la mention « fabriqué à Taïwan, Chine » ou « fabriqué à Taipei, Chine », selon le média japonais Nikkei Asia. La requête, adressée vendredi 5 août, intervient dans un contexte de fortes tensions entre la Chine et son voisin insulaire, dont elle n’a jamais reconnu l’indépendance.
L’entreprise américaine cherche ainsi à se conformer à une loi chinoise qui interdit aux produits labellisés comme étant fabriqués en République de Chine – le nom officiel de Taïwan – de pénétrer sur le territoire chinois. Pékin refuse en effet à Taïwan l’utilisation de cette dénomination puisqu’elle considère l’île autonome comme faisant partie intégrante de son territoire.
La loi en question date de 2015, mais n’était jusqu’ici pas réellement mise en œuvre, rappelle l’agence Bloomberg. Selon cette dernière, la Chine a décidé de veiller à sa stricte application à la suite de la visite à Taïwan, le 2 août, de la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, Nancy Pelosi. Les entreprises qui ne se conformeraient pas au texte et continueraient d’utiliser sur des produits à destination de la Chine les mentions « fabriqué à Taïwan » ou « République de Chine » – ce que Taipei demande justement sur tous les produits quittant son territoire – risquent des amendes, ainsi que l’immobilisation, voire le renvoi, des bien concernés, selon Nikkei Asia.
Maintenir les chaînes de production
Cette décision d’Apple de se conformer aux volontés de Pékin intervient alors qu’une cargaison d’éléments en provenance de Taïwan et destinée à rejoindre un site d’assemblage d’iPhone en Chine a déjà fait l’objet de contrôles quant à son étiquetage, jeudi. Se conformer aux directives de Pékin permettrait à Apple d’éviter tout risque de ralentissement de sa chaîne de production, et ce, au moment où la marque à la pomme s’apprête à lancer la phase finale de la production de l’iPhone 14, dont la présentation est attendue en septembre, rappelle le Guardian.
« Malheureusement, nous pensons que la “ligne rouge” d’Apple, le moment où l’entreprise dira “stop, ça suffit, on ne peut plus collaborer avec le régime chinois et répondre favorablement à ses demandes de censure”, est encore très loin », regrette auprès du site The Register Benjamin Ismail, directeur du projet Apple Censorship, associé à l’organisation GreatFire, qui dénonce la censure chinoise en ligne.
« Est-ce seulement une question de temps avant qu’Apple commence à retirer de son AppStore les applications contenant les caractères “台湾/台灣” (Taïwan) sans préciser “province de Chine” ? », s’interroge ainsi le compte Twitter du projet. Un compte qui rappelle par ailleurs que la firme de Cupertino a déjà pris d’autres mesures discutables vis-à-vis de la Chine, comme de retirer le drapeau de Taïwan de la liste de ses émojis dans certaines zones du globe, notamment à Hongkong.
Is it a question of time before @Apple starts removing apps which name contains the characters « 台湾/台灣 » (Taiwan) wit… https://t.co/bdQRHxydee