accros aux paris sportifs, ils s’autobannissent des sites de jeux

accros aux paris sportifs, ils s’autobannissent des sites de jeux


Lunettes de soleil sur le front, regard face caméra, musique triste : Quentin Houët, 24 ans, annonce solennellement, sur son compte TikTok, avoir pris « l’une des meilleures décisions de [s]a vie ». Une capture d’écran d’un mail de l’Autorité nationale des jeux (ANJ) apparaît dans la deuxième partie de la vidéo : « A compter du 15 mars 2024, vous serez interdit de vous connecter avec un compte joueur aux sites Internet des opérateurs de jeux légalement autorisés en France, pour une durée de trois ans minimum », peut-on lire. Quentin est surveillant dans un collège et entraîneur d’une équipe de football en Seine-et-Marne. Parieur invétéré, ce supporteur de l’Olympique lyonnais vient de demander, de son plein gré, à être banni des sites de paris sportifs français. Plus bas, en légende, il ajoute : « Une décision que je regrette déjà, ça montre qu’il fallait que je le fasse. » Visionnée plus de 1,6 million de fois, la vidéo de Quentin a suscité de nombreux commentaires. « On est ensemble fréro, 15 mars début du “ban” aussi », assure un utilisateur. Comme Quentin, 60 000 accros ont, depuis 2021, limité leur exposition aux jeux d’argent et de hasard, d’après l’ANJ. En l’absence d’accompagnement, ils espèrent mettre un terme à leur addiction de leur propre initiative.

Avant de recourir à la démarche volontaire d’interdiction de jeux, les joueurs ont la possibilité de s’autobannir de chaque site, l’un après l’autre, pour une durée maximale de douze mois. On parle d’autoexclusion. Mais l’abondance des sites de jeux peut faire replonger les repentis. « On veut s’exclure à l’instant T, mais une heure plus tard, on ne veut plus », affirme Quentin Houët. Par ailleurs, la (bonne) volonté des joueurs n’est pas toujours suivie d’effet sur les sites des opérateurs de jeux. « Une fois, j’ai demandé à être exclu douze mois d’un site de paris, mais deux semaines plus tard, je pouvais encore jouer », poursuit le jeune homme. Cinq cas d’autoexclusion inopérante ont été remontés à l’ANJ depuis 2021, et tous seraient liés à « des informations d’identité erronées ».

Matthieu Escande, avocat spécialisé dans les jeux d’argent, a représenté le 2 mai, au tribunal judiciaire de Paris, un parieur qui a porté plainte contre le site de paris hippiques PMU. Entre 2011 et 2016, ce joueur aurait engagé trente-deux demandes d’autoexclusion auprès de l’opérateur. Chaque fois que le dispositif est activé, il tente de jouer. Il y serait parvenu en s’inscrivant de nouveau sur le site. Sous le même nom. Dans le laps de temps où il est censé ne plus pouvoir jouer, il aurait perdu 264 000 euros. L’avocat a réclamé à l’opérateur un dédommagement financier. « Il s’agit de faits anciens. En 2011, la réglementation relative à l’autoexclusion n’était pas la même », répond-on du côté de PMU. Le jugement sera prononcé le 4 juillet.

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