Des ambitions et des succès, mais au bout du compte un coup d’arrêt brutal. C’est le sort qu’a connu Agdatahub, une plateforme française intermédiaire de données agricoles.
L’espace de données connectant exploitations agricoles et partenaires n’avait plus les ressources nécessaires pour poursuivre son activité.
Malgré les levées de fonds, Agdatahub n’est plus. “Clap de fin !”, annonce la désormais ex-directrice conseil de la structure, Gaëlle Cheruy Pottiau. Le 3 décembre 2024, l’intermédiaire de données affichait un passif d’un peu plus d’un million d’euros.
Opportunité manque pour la France et le secteur agricole
La liquidation judiciaire a été prononcée en fin d’année dernière, signant une “disparition discrète dans l’indifférence générale”, regrette l’ancienne cadre du Agdatahub. “Il n’y a donc plus d’intermédiaire de données agricoles et agroalimentaires français”, insiste-t-elle.
“La France et le secteur agricole ont manqué une opportunité d’être les pionniers de l’identité digitale agricole (AgriTrust), du consentement éclairé des agriculteurs à l’usage des données, de la mutualisation des échanges de données”, déplore encore Gaëlle Cheruy Pottiau.
Pourtant, selon elle, la réussite du projet français était à portée de main avec 12 millions d’euros investis en cinq ans, un rôle moteur de coordination acquis au niveau européen dans AgriDataSpace et un titre de lauréat pour l’implémentation du Data Space Européen agricole.
9 cas d’usages prioritaires prêts pour l’Europe
Problème, Agdatahub a manqué de soutien, dénonce la directrice conseil, et ce notamment de la part de la puissance publique, qui n’aurait pas tenu ses promesses. La responsabilité des actionnaires et administrateurs est aussi épinglée.
Leur tort : n’avoir “pas été nombreux à promouvoir ou à utiliser nos solutions !” Pour Gaëlle Cheruy Pottiau, l’échec du Agdatahub est aussi celui de la France et de son influence à l’échelon européen. Et ce alors même que le monde agricole gronde dans l’Hexagone.
“Nous allions porter au niveau européen les 9 cas d’usages prioritaires que nous avions définis en France. Cette dynamique s’est arrêtée brutalement le 31 octobre 2024”, écrit-elle encore dans un post LinkedIn.
Promesses non tenues pour la puissance publique ?
“Le réveil sera un jour ou l’autre difficile car que ce soit pour la simplification, la décarbonation, l’IA, la traçabilité… le passage à l’échelle nécessitera toujours des données structurées, des processus harmonisés et des standards…”, prévient Gaëlle Cheruy Pottiau.
Initié en 2019, le Agdatahub ambitionnait de structurer la circulation des données agricoles, de la ferme à la table. Pour l’entreprise, cette démarche s’imposait notamment pour renforcer la confiance entre les producteurs et les consommateurs.
“Agdatahub apporte aux filières les clés pour une transformation numérique et agroécologique du secteur agricole, en faveur de la durabilité et de la souveraineté numérique et alimentaire de la France”, revendiquait encore l’acteur technologique.