Depuis ses quartiers généraux de San Francisco (Californie), jeudi 9 novembre, la start-up américaine Humane a présenté l’AI Pin, un appareil électronique d’un nouveau genre, qu’on attache à la poitrine et qu’on pilote par la voix. On peut, par exemple, lui demander de résumer les messages reçus, de retrouver une information précise dans sa boîte e-mail ou de répondre de façon synthétique à une question pratique en allant fouiller Internet. L’AI Pin s’appuie sur les progrès récents de l’intelligence artificielle (IA), en passe de faire franchir un cap aux assistants vocaux.
Piloter un appareil à la voix est plus gênant en extérieur que dans le calme d’un foyer. Pour éviter une potentielle cacophonie dans l’espace public avec les réponses de l’AI Pin, on pourra y brancher un casque Bluetooth, mais il faudra souvent lui parler à voix haute puisqu’il s’agit d’un produit « voice first » (la commande vocale prime), comme le déclare l’entreprise au média spécialisé TechCrunch.
Projections sur la main
Certaines fonctions simples pourront toutefois être pilotées plus discrètement, grâce à un mini-projecteur laser capable d’afficher des informations sur la paume de la main. Il doit ainsi permettre de piloter sa musique, d’afficher la météo ou de lire un message.
Assez étroit et monochrome, il n’offre toutefois a priori ni le même plaisir, ni la même densité d’informations que l’écran d’un mobile − il ne peut d’ailleurs pas afficher les applications classiques de nos smartphones. D’après les démonstrations faites par l’entreprise, on peut le piloter en orientant la main vers le bas, le haut, la droite et la gauche, puis en esquissant des commandes gestuelles. L’AI Pin les détecte grâce à un capteur de profondeur.
L’appareil dispose également d’une caméra 13 mégapixels capable de prendre des photos. Lorsqu’elle est active, ou quand le micro s’ouvre, une grosse diode s’allume pour avertir les personnes aux alentours. L’appareil n’est pas toujours à l’écoute, assure Humane : il faut presser une petite touche avant de lui parler. Sa caméra est capable d’analyser les images pour traquer, par exemple, notre consommation de calories, avec une efficacité qui reste à prouver.
L’AI Pin doit être commercialisé au début de l’année 2024 au tarif de 700 dollars (environ 655 euros). Pour l’utiliser, il faudra souscrire à un abonnement de 24 dollars mensuels incluant l’accès au réseau téléphonique et l’usage de diverses IA payantes. Humane espère en vendre 100 000 exemplaires, selon TechCrunch, ce qui traduit l’ambition de toucher pour le moment un petit échantillon d’early adopters, les consommateurs les plus prompts à acheter de nouveaux produits.
Dans un premier temps, l’entreprise ne s’attend pas à ce que l’AI Pin remplace totalement nos smartphones, comme elle le concède au magazine américain Wired. Mais son objectif revendiqué reste de nous rendre moins dépendants de nos écrans.
Des anciens d’Apple
Humane est une start-up créée en 2018 par un couple d’anciens d’Apple : Imran Chaudhri (qui y a travaillé sur l’expérience utilisateur du tout premier iPhone, selon le New York Times) et Bethany Bongiorno (qui faisait partie des équipes chargées des parties logicielles, notamment pour l’iPhone et l’iPad). Leur équipe, installée à San Francisco, compte de nombreux ex-salariés de la marque à la pomme ayant travaillé sur son smartphone, note le quotidien américain.
Indépendante, Humane a toutefois déjà des soutiens de poids : elle a levé 230 millions de dollars depuis sa création et compte comme premier actionnaire le fondateur d’OpenAI, Sam Altman (15 % du capital), aux côtés des fondateurs (13 % chacun). L’entreprise se targue aussi d’avoir noué certains partenariats : avec OpenAI (l’éditeur de ChatGPT), mais aussi avec Microsoft, pour ses capacités de traitement de données à travers sa filiale cloud, ou avec le constructeur automobile Volvo, en vue de travailler à une éventuelle intégration dans des véhicules.
Si le marché accueille favorablement l’AI Pin, l’outil pourrait rapidement trouver sur son chemin la concurrence d’un appareil plus familier des consommateurs : le smartphone, combiné à un simple casque Bluetooth et épaulé par un assistant personnel plus efficace, grâce à l’ajout d’une IA conversationnelle plus pointue.
Le Monde
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Parmi ses concurrents figurent aussi les lunettes connectées, un objet à l’esprit assez similaire, qui peine toutefois à pénétrer le marché grand public depuis le lancement du projet de recherche des Google Glass en 2011. Comparativement à l’AI Pin, les lunettes connectées ont des défauts : elles sont moins discrètes, leur style peut déplaire, elles peuvent gêner la vue et peser sur le nez. Mais elles ont aussi des atouts : elles font moins de bruit grâce à leur haut-parleur très proche de l’oreille et affichent des images plus grandes, et en couleur.