Les employés de Ring pouvaient consulter librement les vidéos de surveillance de leurs clients. C’est ce manquement aux règles élémentaires de la protection de la vie privée que la Federal Trade Commission (FTC), le gendarme de la consommation américain, veut sanctionner d’une amende de 5,8 millions de dollars, soit environ 5,4 millions d’euros. Ring, qui « n’admet ni ne conteste les allégations contenues dans la plainte », consent cependant à prendre des mesures de sécurité et a donné son accord le 31 mai pour cette transaction judiciaire qui doit encore être approuvée par une cour fédérale.
Dans un communiqué, la FTC précise que cette entreprise spécialisée dans les caméras de sécurité, rachetée par Amazon en 2018, laissait les vidéos de ses clients en libre accès à ses employés mais aussi à certains sous-traitants. Une imprudence qui aurait « permis à des hackers de prendre le contrôle des caméras et vidéos » chez plus de 55 000 clients américains.
Selon des enquêtes des médias américains NBC et Vice, des pirates ont effectivement accédé aux caméras de familles, discutant avec des enfants, proférant même à l’occasion des insultes racistes. Dans son communiqué, la FTC détaille le contenu des plaintes qui l’ont poussée à enquêter : l’une d’elles révèle qu’un employé de Ring aurait consulté des milliers d’enregistrements de femmes dans leurs salles de bains ou aux toilettes, avant qu’un autre employé ne découvre ces violations de leur intimité.
« Le manque de considération de Ring pour la vie privée et la sécurité a exposé ses clients à l’espionnage et au harcèlement, estime Samuel Levine, directeur du bureau de la protection des consommations à la FTC. Notre ordonnance veut mettre les choses au point : privilégier la rentabilité à la vie privée ne paye pas. »
Dans l’ordonnance proposée à la cour fédérale, la FTC demande que Ring mette en place une politique de confidentialité et de sécurité plus solide et réclame que toutes les données récoltées soient effacées, tout comme les algorithmes de détection automatique mis au point grâce à elles.
Dans une transaction séparée, visant cette fois-ci ses enceintes connectées, Amazon a accepté mercredi de verser 25 millions de dollars pour ne pas avoir à répondre devant la justice d’accusations de violations de la vie privée d’enfants. Au mépris de la loi américaine, l’entreprise aurait conservé leurs enregistrements de longues années. Elle n’aurait pas mis en œuvre les demandes d’effacement de parents.
Par le passé, des enquêtes journalistiques ont mis en doute le respect de la vie privée des usagers d’assistants vocaux d’Amazon.