Les premiers plans d’Andor énoncent une espèce de manifeste : un homme marche au long d’interminables coursives, dans une lumière blafarde, sous un ciel lourd. Rien de pittoresque, rien de vraiment familier. Et quand l’homme, nommé Cassian Andor (Diego Luna), entre dans un bar, l’atmosphère n’a rien à voir avec le capharnaüm grotesque des établissements louches que l’on a vu dans tous les recoins de l’univers Star Wars depuis la Cantina du premier épisode. Ici, l’ambiance est froide et lucrative, le terme qui vient à l’esprit est « abattage » plutôt qu’« encanaillement ».
Tony Gilroy, le créateur d’Andor, s’est demandé à quoi ressemblait la vie quotidienne de l’Empire, en dehors de périodes d’affrontements interstellaires. Pour peupler sa série, il a imaginé des artisans, des salariés, des bureaucrates, des délinquants. Avec le production designer (directeur artistique) Luke Hull, il les a installés dans des logements tout juste décents, des ateliers crasseux, des bureaux sinistres.
Pour la première fois dans l’histoire de la saga, le public a la sensation que la série a vieilli et mûri en même temps que lui
C’est un pari risqué d’expulser la magie et la fantaisie des mondes imaginés par George Lucas. Il est un peu tôt, sur la foi des quatre épisodes qui ont été montrés avant le début de la mise en ligne d’Andor, pour juger de sa réussite. Reste que, pour la première fois dans l’histoire de la saga, le public n’a pas la sensation que les maîtres de Star Wars l’invitent une fois de plus à revenir à l’adolescence, mais au contraire que la série a vieilli et mûri en même temps que lui.
Imagination minutieuse
Cassian Andor est un immigré clandestin. Il vivote, sur une planète industrielle, de trafics qui lui ont valu une impressionnante collection d’ennemis. Au premier épisode, il y ajoute les forces de l’ordre locales, après une rencontre violente avec deux de leurs représentants (qui, ici, ne dissimulent pas leur qualité d’être vivant sous l’uniforme et le masque des Stormtroopers). Pourchassé, Andor croise le chemin des partisans qui tentent d’organiser la résistance à l’Empire.
L’histoire pourrait être située en Russie en 1905, en Europe continentale en 1942, en Amérique latine dans les années 1970. Gilroy et ses coscénaristes (son frère, Dan Gilroy, Beau Willimon et Stephen Schiff) la déploient dans un univers où chaque détail est pensé avec une imagination minutieuse. Pour l’instant, l’innovation la plus frappante (c’est loin d’être la seule) est la mise en scène des opérations de maintien de l’ordre, dirigées par un jeune officier ambitieux, incarné sans grande tendresse pour le personnage par Kyle Soller.
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