Le saviez-vous ? Safari n’est pas le navigateur web de l’écosystème d’Apple, mais trois navigateurs différents pour autant de systèmes d’exploitation. C’est la fable racontée par le constructeur à la Commission européenne pour échapper au DMA, mais Bruxelles n’a pas été dupe.
La législation européenne sur les marchés numériques (DMA) a désigné début septembre six contrôleurs d’accès qui devront rendre des comptes à la Commission et ouvrir leurs plateformes à la concurrence. On trouve Alphabet, Amazon, Meta, Microsoft, Bytedance (TikTok) et Apple. Le constructeur californien est ciblé pour trois plateformes : iOS, l’App Store et Safari.
Une fable rejetée par l’UE
À compter de fin mars 2024, Apple devra donc autoriser l’installation de boutiques alternatives sur l’iPhone, permettre l’achat de contenus dans les apps avec d’autres services de paiement que le sien, ou encore ouvrir la NFC de l’iPhone à autre chose que ses propres services.
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En juillet, deux mois avant que la Commission désigne Safari comme très grande plateforme à réguler, Apple avait tenté de convaincre Bruxelles que « chaque version du navigateur web Safari constitue un “service essentiel de plateforme” ». Le document qui reprend la décision de l’exécutif européen résume la situation : « Selon Apple, Safari sur iOS, Safari sur iPadOS et Safari sur macOS sont des navigateurs web » ; le constructeur indiquant que seul Safari sur iOS entrait dans la définition de plateforme du DMA.
Apple distingue ces trois instances de Safari par des options et des interfaces différentes. « Par exemple, Safari sur iPadOS et macOS incluent un panneau latéral, qui permet aux utilisateurs de voir les onglets ouverts, les groupes d’onglets, les signets et l’historique ». Un panneau certes absent de la version iOS, mais que l’on retrouve sous d’autres formes.
La Commission n’a eu aucun mal à démonter l’argumentaire d’Apple. La présentation de Safari sur le site web de l’entreprise annonce en effet que « Safari est le même, pour différents appareils » (« Same Safari. Different device », ce qu’Apple a traduit en français par « Un navigateur qui voyage sur tous vos appareils »).
La stratégie de la firme à la pomme n’a donc pas été très efficace. Pire encore, elle a poussé la Commission à enquêter sur la possibilité de désigner iPadOS et iMessage comme grande plateforme…
Apple n’est pas le seul contrôleur d’accès à vouloir échapper aux fourches caudines de l’UE. Microsoft et Google ont aussi de faire valoir leurs arguments.
Source :
The Register