Pour la troisième année consécutive, Apple décline ses iPhone de l’année en quatre exemplaires. Avec un changement toutefois, l’iPhone 14 occupe désormais l’entrée de gamme, sans mini devant lui pour ouvrir la voie, et avec un iPhone 14 Plus, star du jour, au-dessus de lui. Comme si la place précédemment occupée par l’iPhone mini était celle du mort, un rien maudite, l’iPhone 14 a été cette année comme frappé par un alignement de mauvaises planètes. Toutefois, en guise de jettattura, un manque flagrant de nouveautés, à l’exception d’un intérieur repensé pour rendre l’appareil plus réparable, une configuration excellente mais peu renouvelée qui fait grincer des dents dans un appareil à plus de 1 000 euros. Bref, nous avons eu l’occasion de dire tout ce que nous pensions de l’iPhone 14. Cependant, à l’heure de tester l’iPhone 14 Plus, une question se pose désormais, ce nouveau grand frère est-il frappé du même mal pour les mêmes effets ?
Grand et léger
Après avoir essayé de voir petit pendant deux ans, Apple veut donc que son entrée de gamme voie grand. De fait, l’iPhone 14 Plus affiche une dalle de 6,7 pouces, comme l’iPhone 14 Pro Max.
Comme vous pouvez le voir dans le tableau ci-dessus, les deux frères ont des proportions sensiblement identiques, ce qui leur permet d’offrir la même prise en main. Mieux vaudra avoir de grands doigts ou deux mains pour l’utiliser confortablement – mais c’est semble-t-il le prix à payer pour avoir un affichage si grand en poche.
Toutefois, il y a un point qui distingue les deux iPhone : c’est le poids. Prenez-les tous deux en main et vous noterez immédiatement que le 14 Plus est léger, bien plus léger. Une différence très agréable au quotidien. Ces 37 grammes de différence s’expliquent par le cerclage en aluminium – et non en acier – qui entoure l’appareil et forme ses tranches verticales et franches, plaisantes à saisir et garder en main. Mais aussi par la présence de deux modules photo seulement à l’arrière. Nous y reviendrons.
Quoi qu’il en soit, la dalle Super Retina XDR de 6,7 pouces en met plein les yeux et assure un confort visuel incroyable, en en affichant… plus. Elle affiche aussi une luminosité moyenne de 816 cd/m2 (pour 800 annoncés par Apple), ce qui est un peu moins bon que la moyenne des smartphones à plus de 1 000 euros testés ces 12 derniers mois. Mais c’était déjà le cas l’année dernière… à une différence importante près, l’iPhone 2021 s’en sortait mieux comparativement, car il concourait dans la catégorie des smartphones à moins de 1 000 euros, vu son prix de départ. Quoi qu’il en soit, pour rester sur l’écran, il était et est toujours très confortable même en plein soleil. D’ailleurs, la dalle en a sous le pied puisque le 01Lab a mesuré des pics lumineux en HDR de 1 204 cd/m2, ce qui est bien meilleur et très légèrement supérieur au 1 200 nits annoncés par Apple. Le contraste est jugé infini, puisqu’il s’agit d’une dalle OLED, nous n’y reviendrons pas.
Comme d’habitude, Apple réussit à mettre sous nos yeux une dalle à la colorimétrie excellente. Le Delta E 2000 mesuré par le 01Lab est de 3,09 en DCI-P3 et de 1,9 en RGB. C’est tout bonnement impeccable.
Si on peut comprendre d’un point de vue marketing qu’Apple conserve la Dynamic Island – rebonjour l’encoche ! – et l’écran toujours éclairé pour son haut de gamme, on regrettera en revanche que les iPhone 14 et 14 Plus se voient refuser l’accès à la technologie ProMotion. Pour mémoire, elle permet de faire varier la vitesse de rafraîchissement de l’affichage en fonction des contenus à l’écran. Ainsi, un jeu atteint les 120 Hz (120 images par seconde), mais une page Web se contente de 10 i/s quand elle est statique, etc. Les deux iPhone 14 recyclent la puce des iPhone 13 Pro…Peut-être auraient-il pu récupérer leur dalle dans le même mouvement.
Configuration, et performances…
Justement, parlons du SoC embarqué dans ce nouveau géant. Comme l’iPhone 14, le 14 Plus a droit à l’A15 Bionic tel qu’il était présent dans les iPhone 13 Pro et Pro Max. A savoir un SoC doté de six cœurs CPU (deux haute performance, et quatre basse consommation), de cinq cœurs GPU, contre quatre pour les iPhone 13 et 13 mini, et de 16 cœurs pour le Neural Engine, chargé de l’exécution des algorithmes de machine learning. Le SoC est associé à 6 Go de mémoire vive, comme sur les modèles les plus coûteux de l’an dernier.
Sans surprise, l’A15 Bionic est moins performant que l’A16 Bionic – sinon à quoi servirait les sauts générationnels ? Toutefois, cette puce était excellente l’an dernier, et si elle n’offre plus le meilleur, elle assure bien plus que l’essentiel.
Un rapide tour du côté de Geekbench nous permet de constater que l’A15 Bionic tient encore bien la route par rapport à la concurrence, même face à des smartphones équipés de la dernière puce en date produite par Qualcomm, le Snapdragon 8 Gen 1 +.
Et même si l’A16 Bionic fait mieux, les usages en un an n’ont pas évolué suffisamment évolué pour chambouler l’usage d’un smartphone dans les années à venir, sauf introduction d’une technologie majeure, comme le ray tracing sur mobile, par exemple.
Dans tous les cas, « l’expérience iPhone » faite de souplesse et de fluidité est au rendez-vous et devrait l’être encore un bon moment. Même si on peut regretter qu’Apple ne lui ait pas offert un A16 Bionic, l’iPhone 14 Plus est largement assez puissant pour tous les usages du quotidien. Le jeu par exemple tire joliment parti de son grand écran et de son GPU.
A ce sujet, l’iPhone 14 Plus a bénéficié lui aussi d’une refonte complète de son architecture interne, comme l’iPhone 14. Cela le rend plus facile à réparer, tant mieux, mais ce n’est pas l’objet ici. Ce réagencement des composants permet également une meilleure dissipation thermique, selon Apple.
Et, de fait, si on compare les résultats du 14 Plus avec ceux du 13 Pro Max (pour avoir le même SoC et le même facteur de forme), on note de meilleurs résultats avec l’outil de stress test extrême de 3Dmark Wild Life. Un outil de test qui fait tourner une série de rendus graphiques au cours de 20 boucles, ce qui prend en tout une vingtaine de minutes environ.
L’iPhone 14 Plus obtient des résultats supérieurs à ceux du 13 Pro Max aussi bien pour sa meilleure boucle que pour sa pire. La preuve que la puce arrive à monter davantage en charge sans autant chauffer, même si, en définitive, la stabilité de la performance est moins bonne. De peu, puisque le pourcentage de stabilité de la performance est de 78,8 pour le 13 Pro Max et de 76,7 pour le 14 Plus.
Poussons maintenant ce petit jeu de la comparaison et étendons-le à l’iPhone 14 Pro Max, très haut de gamme de la saison 2022. On constate alors que l’A16 Bionic accorde de meilleures performances pour la meilleure boucle, mais que le nouveau SoC d’Apple chauffe plus, avec une « pire » boucle qui donne l’avantage… à l’iPhone 14 Plus !
Autrement dit, le nouveau smartphone géant « d’entrée de gamme » est moins performant, mais assure des performances plus stables quand on le sollicite longuement, qui font qu’il peut faire mieux que le Pro Max… Intéressant pour les joueurs assidus, peut-être.
D’après Apple, la meilleure dissipation thermique permet aussi à l’iPhone 14 et 14 Plus d’offrir une fonction intéressante dont les iPhone 13 Pro sont privés, c’est le Photonic Engine, et voici une transition toute trouvée pour passer à la photo.
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Photo : du mieux, mais toujours pas assez
En plus du Photonic Engine, d’autres fonctions, comme le mode Cinématique en 4K à 30 images/seconde, sont rendues possibles grâce à ce renouvellement des entrailles des iPhone 14 et 14 Plus. La chaleur dégagée par ces calculs intensifs peut en effet être dissipée, ce qui ne serait a priori pas le cas sur les iPhone 13 Pro.
Des modèles 2021 auxquels l’iPhone 14 Plus emprunte son module caméra principal. L’optique grand-angle, équivalente à un 26 mm, ouvre désormais à f/1.5 contre f/1.6 précédemment, mais le changement vient surtout du capteur associé. Non, il ne s’agit pas du 48 Mpix dont bénéficie les modèles 14 Pro, et c’est bien dommage. On retrouve le capteur 12 Mpix avec des photosites de 1,9 micromètre (contre 1,7 précédemment) ce qui veut dire plus de lumière, là aussi, mais moins de nouveautés que ce qu’on aurait aimé.
Pour les aficionados des egoportraits, bonne nouvelle, la caméra TrueDepth en façade progresse également, et gagne en ouverture focale (f/1.9), ce qui lui assure de capter plus de lumière. Elle gagne aussi un autofocus, une première. Et dans les faits, cela sauve quelques portraits entre amis (ou en famille) en réduisant les clichés et le nombre de visages flous. Surtout en soirée, quand la lumière est tamisée ou les mains moins sûres…
Voilà pour les grandes nouveautés matérielles et logicielles. Mais avant d’entrer dans le détail et de dire ce que l’on pense des photos, revenons sur un point qui nous chagrine énormément et que ces quelques mises à jour ne sauraient compenser.
Dans un smartphone vendu à partir de 1 169 euros, nous n’avons toujours droit qu’à deux modules photo, un ultra grand-angle (équivalent 13 mm, associé à un capteur 12 Mpix) et un grand-angle, dont on a déjà donné les détails plus haut. C’est bien peu. Un troisième module manque, que ce soit pour produire de meilleurs portraits ou pour zoomer davantage sur un détail. Un vrai téléobjectif devient plus qu’un luxe ou un élément différenciateur de gamme. Quand on passe le cap des 1 000 euros, cela nous semble un minimum, d’autant que l’offre matérielle évolue peu depuis quelques années maintenant. On craint hélas que cet état de fait perdure encore quelques années, il faudrait que les modèles Pro réalisent un bond en avant considérable pour qu’Apple envisage de muscler davantage son offre d’entrée de gamme. Mais on peut toujours espérer.
Ceci dit, armé de ces deux modules caméra, on retrouve les points forts habituels d’Apple, avec une bonne exposition des clichés et une constance colorimétrique d’un module à l’autre. Le rendu légèrement jaune des couleurs et des lumières observées sur les iPhone 14 Pro et l’iPhone 14 est également présent. C’est l’effet du « nouveau » traitement d’image rendu par le Photonic Engine, qui fait intervenir Deep Fusion plus tôt dans le processus de génération d’une photo, avant la compression des clichés. En pleine lumière, les clichés sont très agréables à regarder à l’écran. Quand on les agrandit un peu, on retrouve toujours un peu l’effet aquarelle dont souffrait les générations précédentes d’iPhone, mais les contours des objets, arbres et bâtiments semblent gagner en détail, en précision.
De nuit, comme de jour d’ailleurs, on apprécie que l’autofocus soit toujours aussi rapide. On salue également les progrès réalisés pour le rendu des nuances et contrastes. Les photos ci-dessus, prises au petit matin, réussissent à afficher quelques détails dans les zones sombres qu’on percevait à peine à l’œil nu, tandis que le ciel est plutôt bien rendu, avec à la fois plus de clarté, mais aussi un respect des nuances. Le résultat est d’autant plus louable que les photos ont été prises en mode Nuit, à main levée.
Sur la partie avant, les selfies gagnent un peu en netteté et surtout en rapidité et justesse de mise au point. Le résultat -et on ne parle pas du sujet !- est plutôt agréable et détaillé. En pleine lumière en tout cas.
Franchement, le résultat est satisfaisant dans la plupart des cas. Les clichés sont plaisants, sans être toutefois les meilleurs qu’un smartphone de ce prix pourra produire. C’est, en définitive, l’iPhone de ceux pour qui la photo n’est pas un point capital.
L’autonomie, il court toujours
Parfois, il n’y a pas assez de temps pour tout faire, et les iPhone, avec leurs autonomies de plus en plus importantes, ne nous aident pas. L’iPhone 14 Plus, avec sa batterie de 4 325 mAh, ne nous facilite vraiment pas la tâche. A plusieurs reprises, des interlocuteurs croisés chez Apple nous ont même laissé entendre qu’il pourrait faire mieux que la référence en la matière, le Pro Max. Même si on émet un doute, on peut porter à leur crédit que la batterie du 14 Plus est légèrement plus grosse que celle du Pro Max. Reste maintenant à savoir de quel côté les différences de SoC et d’écran feront pencher la balance.
Or, cette année, l’iPhone 14 Pro Max a une fois encore marqué les esprits. Il occupe la première place dans notre test d’autonomie polyvalente, avec 27h21 et se classe deuxième, derrière l’iPhone 13 Pro Max, pour l’autonomie en streaming vidéo, avec 22h57. Autant vous dire que si l’iPhone 14 Plus arrive à faire mieux, ou même ne serait-ce qu’aussi bien, il y aura de quoi se réjouir.
Parce qu’un écran géant de qualité, de la puissance plus qu’il n’en faut et une autonomie record dans un appareil un poil plus abordable, on ne voit pas de raison de s’en priver. Pour le moment, il faudra toutefois vous contenter de notre ressenti et de nos observations. L’iPhone 14 Plus tient toute une journée, sans encombre, sauf à naviguer en GPS du matin au soir, évidemment, ou à écumer tout le contenu de TikTok en 5G. Dans le cadre d’un usage classique fait de surf, d’écoute de musique, de lecture de vidéos, d’arpentage des réseaux sociaux et de jeux mobiles, toujours, oui, le format « Plus » d’Apple devrait vous donner satisfaction. Mais attendons les résultats de nos tests pour en être certains et mettre une note sur ce smartphone qui promet beaucoup sur ce point.