Apple va bientôt devoir ouvrir l’iPhone aux magasins alternatifs à l’App Store. Contraint par l’Union européenne, le géant américain continue néanmoins de fustiger le sideloading. Pour Apple, cette décision va restreindre le choix de ses clients tout en les mettant en danger…
En mars prochain, le DMA (Digital Markets Act) le règlement européen sur les marchés numériques, va finalement entrer en vigueur. En miroir des autres géants de la technologie, Apple va devoir se conformer aux diverses mesures décrétées par l’Union européenne.
Le groupe californien va surtout devoir ouvrir l’iPhone et l’iPad aux magasins d’applications alternatifs. Actuellement, il n’est en effet pas possible d’installer une application sans passer par l’App Store. La législation veut obliger Apple à autoriser l’installation d’apps en dehors de la boutique officielle (sideloading), comme c’est le cas depuis toujours sur Android. Dos au mur, la firme de Cupertino prépare donc le terrain à l’arrivée des magasins tiers sur ses appareils.
Apple continue de protester contre le sideloading
En amont de ce bouleversement historique, Apple n’a pas hésité à critiquer le sideloading. Dans le cadre d’une interview accordée à nos confrères de The Independent, Ivan Krstić, responsable de l’ingénierie et de l’architecture des systèmes de sécurité d’Apple, a estimé qu’il y avait énormément de malentendus sur la question. D’après lui, les utilisateurs risquent de se retrouver obligés de passer par des alternatives à l’App Store, qui sont moins fiables et sécurisées :
« C’est un grand malentendu — et nous avons essayé de l’expliquer encore et encore. La réalité des exigences de distribution alternatives est que les logiciels que les utilisateurs en Europe doivent utiliser — parfois des logiciels d’entreprise, d’autres fois des logiciels personnels, des logiciels sociaux, des choses qu’ils veulent utiliser — ne peuvent être disponibles qu’à l’extérieur du magasin, distribués autrement ».
Étant donné qu’une pléthore d’applications seront distribuées en dehors de l’App Store, les utilisateurs d’iPhone et d’iPad finiront par se retrouver contraints de passer par une solution tierce. L’utilisateur inquiet pour sa sécurité et désireux de s’en tenir à l’infrastructure Apple n’aura pas le choix d’accorder sa confiance à des tiers. En fait, « ces utilisateurs n’auront pas le choix d’obtenir ce logiciel à partir d’un mécanisme de distribution auquel ils ont confiance », tacle Ivan Krstić.
Pour le cadre, il est apparemment fort probable que de nombreux développeurs choisissent de distribuer leurs applications sans passer par l’App Store. En distribuant une app par le biais d’une solution externe, ceux-ci peuvent notamment éviter les règles strictes d’Apple en matière de sécurité et de modération. En ouvrant iOS aux boutiques alternatives, Apple pourrait finalement priver ses clients de la possibilité d’opter pour une solution sécurisée, sans leur offrir le choix entre deux approches. C’est du moins la théorie défendue par le géant américain.
« Ce n’est tout simplement pas le cas que les utilisateurs conserveront le choix qu’ils ont aujourd’hui d’obtenir tous leurs logiciels sur l’App Store », regrette Ivan Krstić.
C’est loin d’être la première fois qu’Apple fustige ouvertement le sideloading. Par le passé, Tim Cook, le PDG d’Apple, a comparé les restrictions d’iOS aux mesures de sécurité prises par les constructeurs de voitures :
« Ce serait comme si j’étais un constructeur automobile qui disait à un client qu’il est préférable de ne pas mettre d’airbag et de ceintures de sécurité dans sa voiture. Il ne penserait jamais à faire ça aujourd’hui. C’est juste trop risqué de faire ça ».
De son côté, Craig Federighi, le vice-président en charge du logiciel du groupe, avait même estimé que le « sideloading est le meilleur ami du cybercriminel ». Pour le responsable, l’iPhone est une « grande maison avec un système de sécurité vraiment génial » qui se retrouve tout à coup avec une porte grande ouverte à cause d’une loi. Cette porte est une « faille fatale dans le système de sécurité, et les cambrioleurs sont vraiment bons pour l’exploiter », ajoutait Federighi.
Source :
The Independent