Vous avez aimé les titres de la presse en forme de happy end qui vous racontaient comment des utilisateurs avaient été sauvés par leur Apple Watch, après un malaise cardiaque, ou une chute folle au milieu de nulle part ? Vous allez adorer SOS d’urgence par satellite… Du large des côtes californiennes au grand froid canadien, les happy ends qui auraient pu finir en sinistres faits divers, commencent à poindre sur le Web.
En effet, depuis le 15 novembre dernier, la fonction était disponible aux Etats-Unis et au Canada pour tous les utilisateurs de la gamme des iPhone 14. Vous avez d’ailleurs peut-être pu y accéder lors d’un voyage dans un de ces pays, même si l’offre n’était pas encore lancée en France.
SOS d’urgence arrive en France
La bonne nouvelle est que, comme promis, Apple lance cette fonction en France aujourd’hui, 13 décembre 2022. Et quand on dit France, on parle de la France métropolitaine, mais aussi, bien sûr, de la Guadeloupe, de la Martinique, ainsi que de Saint-Barthélémy, de Saint-Martin (pour la partie française) et de Saint Pierre-et-Miquelon. D’autres pays d’Europe profitent de ce lancement, c’est ainsi le cas en Allemagne, au Royaume-Uni et en Irlande.
Pour nous faire une idée de son fonctionnement, nous avons eu l’occasion d’essayer cette fonction dans un environnement particulièrement hostile et dangereux, où la nature a totalement repris ses droits : le parc de Marly-le-Roi, proche de Paris. Il dépend de celui du château de Versailles, pour vous donner une idée des risques que nous prenions.
L’objectif n’était évidemment pas de nous mettre en danger, mais de simuler un cas d’usage. Cela a été l’occasion également de prendre en main des iPhone (qui doivent tourner sous iOS 16.1 a minima) et de découvrir pas à pas le travail d’ergonomie réalisé par les équipes d’Apple pour rendre l’expérience aussi claire et fluide que possible. Car, comme souvent, derrière l’apparente simplicité de l’interface, se cache un trésor de technologies et d’ingéniosité. Il a fallu plusieurs années aux équipes d’Apple pour mener à bien ce projet. Il faut dire qu’elles ont tout bonnement développé un nouveau protocole de communication pour que leur iPhone communique avec des satellites… sans même parler de la question de l’intégration de la puce nécessaire à la connexion dans le smartphone et la mise en place du partenariat avec l’opérateur de satellites, en l’occurrence Globalstar.
Comment ça se passe ?
Rappelons que dans la majeure partie des cas, vous pourrez passer les appels au 112 ou 18, via le réseau cellulaire de votre opérateur ou d’un autre si le vôtre ne couvre pas la zone où vous vous situez. Mais il arrive également que vous soyez dans une zone suffisamment reculée pour ne pas avoir du tout de réseau. C’est justement là que SOS d’urgence par satellite entre en jeu. Il y a deux façons d’y accéder. Commencer une conversation dans Messages avec le 112 en est une, mais la plus naturelle est d’initier un appel au 112, le numéro d’urgence « universel » déployé dans toute l’Europe depuis 2000. A noter à ce sujet que la France aura droit à une fonction supplémentaire, qui sera introduite dans quelques semaines avec la mise à jour iOS 16.2. Elle permettra de composer les numéros français historiques (15, 17, 18) pour joindre les secours…
Quoi qu’il en soit, l’iPhone tentera de contacter le numéro de secours via le réseau des différents opérateurs mobiles. Quand il constatera qu’il n’a accès à aucun réseau, il vous indiquera en haut de l’écran, juste en dessous du numéro saisi : « Aucune connexion. Essayez d’envoyer un message d’urgence par satellite. » Alors, en bas de l’interface d’appel, un bouton reprenant le logo de l’application Messages et frappé d’une bulle SOS vous proposera de passer à un « Message d’urgence par satellite ». Car SOS d’urgence par satellite ne permet pas de passer des appels vocaux.
Pour gagner du temps, limiter la bande passante consommée, tout se fait au travers de messages écrits. Des messages que vous pouvez évidemment dicter vocalement. Parfois plus ou moins à vos risques et périls si, sous le coup de l’émotion, vous hésitez en parlant… et puis vous pouvez compter sur Siri pour en rajouter un peu.
A noter, pour ceux qui aiment les détails que tout en haut de l’interface, là où se trouvent habituellement les barres qui figurent la qualité de réception mobile, vous verrez alors les lettres SOS et une petite icône représentant un satellite.
Une fois que vous aurez activé la bascule vers SOS d’urgence, l’interface vous demande si vous souhaitez signaler… une urgence. Pour éviter d’avoir à saisir beaucoup d’informations, qui pourraient compliquer la communication et son interprétation, Apple a mis en place un questionnaire avec l’aide d’experts des secours. Ainsi, on vous demande de définir le problème en choisissant s’il s’agit d’une panne de véhicule, d’un malaise ou d’une blessure, d’un crime, d’un incendie, etc. Plusieurs questions vous sont alors posées : êtes-vous la victime ? Avez-vous des difficultés à respirer ? Qu’est-ce qui décrit le mieux l’urgence ? Une lésion traumatique ? Une noyade ? Un AVC ? Etc.
Dès que le questionnaire est complété, votre iPhone 14 va prendre environ une minute pour envoyer vos réponses, votre fiche médicale et vos coordonnées GPS. Il y a plusieurs choses à dire à ce point.
Tout d’abord, pour aller au plus vite, l’iPhone n’envoie pas la réponse à proprement parler, mais le numéro de la réponse retenue. Les données expédiées sont fortement compressées, via un facteur trois.
Ensuite, il est essentiel de souligner l’importance de remplir la fiche médicale intégrée à iOS. Jusqu’à présent, ce résumé pouvait être utile si vous étiez pris dans un accident ou vous évanouissiez en public, et si les secours en connaissaient l’existence – elle est accessible même si votre iPhone est verrouillé. Désormais, la fiche médicale est utilisée systématiquement, et peut encore plus faire la différence entre la vie et la mort… Pour mémoire, si vous l’avez complétée, elle contient votre taille, poids, votre groupe sanguin et d’éventuels antécédents médicaux.
Enfin, vous pouvez décider d’alerter votre contact d’urgence, qui suivra alors en « temps réel » les échanges entre vous et les secours, ou plus exactement entre vous et le relais mis en place par Apple et Globalstar.
En effet, en France, et dans tous les pays d’Europe où le service est lancé, Apple a dû ouvrir des relais – dont on ne connaît pas le nombre ni la localisation. On sait seulement qu’ils sont dimensionnés pour être capables d’absorber rapidement une augmentation du nombre d’appels, que ce soit en fonction de la saison (le ski est propice à ce genre d’appel depuis une zone coupée du monde, par exemple) ou d’une éventuelle catastrophe naturelle. Par ailleurs, Apple a formé le personnel qui recevra vos messages d’urgence avant d’appeler les secours. Il a également dû faire un effort pédagogique auprès des secours à proprement parler pour les avertir qu’un service allait les appeler au nom de personnes en danger. Un mal nécessaire pour éviter de perdre du temps en cas de danger si un interlocuteur croit à un canular… Pourquoi, si cela complique les choses, passer par un intermédiaire ? Simplement parce que les services de secours ne sont pas équipés techniquement pour gérer les SMS directement. Cela ne signifie pas qu’ils ne le seront jamais, mais à l’heure actuelle, cet intermédiaire est nécessaire. Cette situation pourra évoluer, ainsi aux Etats-Unis environ la moitié des « appels » via SOS d’urgence sont désormais directement gérés par les centres de secours.
Une interface simple pour vous guider pas à pas
Mais revenons à notre iPhone et à la connexion satellite qu’il arrive à établir sans antenne extérieure surdimensionnée, sans nécessité pour l’utilisateur de suivre une formation spécifique.
Le service d’Apple repose sur 24 satellites de Globalstar, placés à environ 1 400 Km d’altitude, et qui se déplacent à 24 000 Km/h. Apple a investi pas moins de 450 millions de dollars dans ce partenariat et a même participé à la mise en orbite d’un satellite l’été dernier. Avec un tel maillage de satellites, vous n’aurez jamais à attendre trop longtemps d’être « couvert ». Si vous n’êtes pas dans une zone de couverture directe, un message vous indiquera d’attendre quelques minutes, une estimation chiffrée vous sera fournie pour vous aider à patienter.
Par ailleurs, quand vous êtes connecté, puisque le satellite bouge vite, il vous faudra peut-être suivre un peu son mouvement en maintenant votre iPhone pointé dans la bonne direction. Et comme il peut arriver que vous soyez en train de vous occuper d’un blessé et n’ayez pas les yeux rivés sur votre écran, un système de retour haptique vous indique si vous commencez à perdre le signal. Cela peut arriver parce que le satellite est passé derrière une crète montagneuse, une frondaison dense ou même plus simplement la ligne d’horizon.
Dans ces cas, l’interface de SOS d’urgence par satellite vous donnera des conseils, comme d’« essayer de trouver un emplacement avec un ciel dégagé ». En montagne, s’éloigner autant que possible de la paroi est une bonne chose – sans vous mettre davantage en danger bien sûr – car comme le précise l’interface « le relief du terrain, les bâtiments et les arbres peuvent bloquer la connexion » avec le satellite.
Votre iPhone cherche d’abord à vous localiser. Ensuite, il va chercher à établir la connexion avec un satellite. L’interface minimaliste vous explique chaque étape, et vous précise le cas échéant qu’un satellite est bientôt disponible. Un message et une petite animation vous invitent à tourner sur vous-même à gauche ou à droite pour que la communication puisse être établie avec un satellite au travers des antennes de l’iPhone.
Comment l’iPhone sait-il qu’un satellite est là ou passe bientôt ? Tout simplement parce que, en temps normal, une liste des positions des satellites lui est régulièrement envoyée, mise à jour. De telle sorte que quand l’iPhone se retrouve hors ligne, car il n’y a plus de réseau cellulaire, il peut malgré tout se fier à des données assez récentes.
Le sauvetage pour le quotidien et pour le grand public
Si ce nouveau service pourra sauver bien des vies, on l’espère, il est peut-être nécessaire de préciser qu’il ne saurait en aucun cas remplacer des balises de secours pour la haute mer, par exemple. La fonction d’Apple n’est opérationnelle que dans les zones où des secours « classiques » interviendraient. Ainsi, en mer, ne vous éloignez pas plus de 20 milles marins des côtes françaises pour être secouru. De même, si par le hasard de la navigation vous vous retrouvez dans les eaux territoriales italiennes, il est à craindre que SOS d’urgence ne vous soit d’aucune utilité, puisque le service n’est pas lancé en Italie.