La Commission européenne a son mot à dire sur le plan de conformité au DMA annoncé hier par Apple. Et Thierry Breton le martèle : si les changements ne respectent pas l’esprit et la lettre de la législation sur les marchés numériques, l’UE sévira.
À partir du 7 mars, l’iPhone ouvrira la porte aux boutiques d’applications alternatives. Les développeurs qui le souhaitent pourront alors choisir d’autres magasins que l’App Store pour distribuer leurs apps ; ils pourront aussi vendre du contenu avec d’autres systèmes de paiement que celui d’Apple. Mais le diable se cache dans les détails.
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Les développeurs qui voudront exploiter les nouvelles règles dédiées à l’Union européenne — ça n’a rien d’obligatoire — bénéficieront de ces avantages et d’une commission comprise entre 10 et 17 % (contre 15 à 30 %), voire 0 % s’ils passent par une boutique alternative. En revanche, ils devront payer une dîme, celle des frais Core Technology qui facturent 0,50 € par utilisateur et par an, au-delà d’un million de téléchargements annuels.
Et c’est là que le gros des critiques se concentre. Les apps gratuites qui dépassent le seuil fatidique finiront par payer très cher leur distribution. Apple a mis en ligne une calculatrice pour estimer les frais mensuels, et le chiffre peut vite grimper : une app ayant 2 millions d’utilisateurs devra verser plus de 45 000 $ par mois au constructeur, soit un demi-million de dollars chaque année !
Pour les applications payantes, les développeurs pourront absorber ces frais, mais ce sera loin d’être le cas pour les apps gratuites ou même freemium. Apple se veut rassurante en affirmant que 99 % des développeurs ne verront aucune différence. Mais que se se passera-t-il lorsqu’une app gratuite fait soudainement le buzz ? La faillite sera probablement au bout du chemin.
« Si les solutions proposées ne sont pas bonnes, nous n’hésiterons pas à prendre des actions », affirme Thierry Breton à Reuters. Le commissaire européen au marché intérieur, cheville ouvrière du DMA, ajoute :
« Le DMA va ouvrir les portes d’internet à la concurrence, afin que les marchés numériques soient justes et ouverts. Le changement est déjà en cours. À partir du 7 mars, nous évaluerons les propositions des entreprises, avec les retours des concurrents ».
Les sanctions sont substantielles, elles peuvent représenter jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial, et même 20 % en cas d’infractions répétées. Le plan de conformité d’Apple est très certainement examiné de près par la Commission. Ce d’autant que les critiques n’ont pas tardé.
Andy Yen, le fondateur et CEO de Proton, déplore les conditions d’Apple : elles signifient qu’en pratique, « il sera impossible pour les développeurs de bénéficier [de cette nouvelle politique] ». Aptoide, une boutique d’apps alternative Android, regrette des frais « trop élevés ». Elle prépare un retour formel à la Commission. Tim Sweeney, le patron d’Epic, est sur la même longueur d’ondes.
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Par : Opera
Source :
Reuters