Deux jours après le début de sa garde à vue, le fondateur du sulfureux service de tchat en ligne Coco vient d’être mis en examen, ont annoncé le parquet de Paris et la Junalco (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) ce jeudi 9 janvier. Isaac Steidl a plus précisément été mis en examen pour huit chefs d’infraction. Des charges lourdes, passibles d’une peine allant jusqu’à dix ans d’emprisonnement et un million et demi d’euros d’amende.
L’ingénieur informaticien d’une quarantaine d’années à l’origine de Coco.fr est notamment poursuivi pour administration illicite d’une plateforme en ligne, participation à une association de malfaiteurs, proxénétisme aggravé et blanchiment aggravé.
Il est également poursuivi au titre de la complicité pour du trafic de stupéfiants, la détention et la diffusion d’images pédopornographiques, et enfin pour corruption de mineur.
Site fermé en juin
Placé sous contrôle judiciaire, il a l’obligation de payer une caution de 100 000 euros et l’interdiction de quitter le territoire national. Selon Le Parisien, Isaac Steidl, qui vivait en Bulgarie jusqu’en janvier, s’était rendu de lui-même mardi dernier dans les locaux de la gendarmerie, en charge de l’enquête.
Son service de tchat en ligne avait préalablement été fermé en juin dernier par les douanes et la gendarmerie, concomitamment à l’ouverture d’une information judiciaire. Apparue au départ il y a vingt ans sur une adresse en .fr, la plateforme avait ensuite migré sur une URL en .gg, pour l’île de Guernesey pour court-circuiter, en vain, les poursuites.
Ce tchat à l’ancienne permettait d’engager des conversations sans aucune vérification ni création de compte. Une absence de contrôle synonyme d’impunité pour des personnes mal intentionnées, voulant par exemple préparer un guet-apens.
Nombre impressionnant de victimes
En juin dernier, le parquet de Paris comptait ainsi plus de 23 000 procédures judiciaires en lien avec le site. Soit un total impressionnant de 480 victimes. L’utilisation de cette plateforme avait notamment été dénoncée par l’association SOS homophobie.
Le site aurait également été utilisé par les deux jeunes mis en examen pour l’agression mortelle d’un Dunkerquois en avril 2024.
Ils s’étaient fait passer pour une jeune fille pour attirer leur victime, expliquait alors le ministère public. La sinistre plateforme avait enfin été utilisée par Dominique Pelicot, condamné pour avoir drogué sa femme avant de la livrer à des dizaines d’inconnus.