Une nacelle, un découpage de vitre, des victrines brisées et six bijoux d’une valeur inestimable envolés dans la nature : après le vol survenu au Louvre, les critiques sur l’absence de sécurité adéquate fusent.
Un vol en plein jour, sous les yeux ébahis des visiteurs… Après le cambriolage rocambolesque du Louvre, dimanche 19 octobre, les critiques sur le déficit de sécurité du musée parisien se multiplient. Dans la matinée de dimanche alors que le plus grand musée du monde était ouvert, un « commando de quatre personnes » ont dérobé, en seulement sept minutes, des bijoux « d’une valeur patrimoniale inestimable », selon les mots du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez. Ces derniers ont atteint grâce à une nacelle le premier étage du Louvre : ils ont découpé les vitres à la disqueuse avant de pénétrer dans la galerie d’Apollon, et de dérober des pièces qui étaient exposées dans les vitrines.
En tous, huit bijoux ont été volés dans cette galerie, qui expose près de 80 pièces de gemmes et de diamants de la couronne. Se sont envolés deux diadèmes, un collier en émeraude et une parure en saphir. Deux bijoux dérobés ont été retrouvés, dont la couronne de l’impératrice Eugénie, à proximité du musée. Si dimanche, la question des failles dans la sécurité est posée, les critiques se sont exacerbées lorsque, vingt-quatre heures plus tard, des extraits d’un rapport de la Commission des comptes ont été dévoilés dans la presse.
Des secteurs dépourvus de vidéosurveillance
Le texte, qui sera publié en novembre prochain, enfonce le clou. Selon Franceinfo, les sages de la rue Cambon y pointent du doigt des failles de sécurité importantes du Louvre, dont un déficit de caméras de vidéosurveillance, apprend-on ce lundi 20 octobre. La mise aux normes des installations techniques du musée souffrirait de retards considérables et persistants. Dans le secteur de la galerie d’Apollon, où a eu lieu le vol, il n’y aurait aucune caméra de surveillance dans un tiers des salles. Dans un autre secteur, celui de Richelieu, « les trois quarts des salles sont dépourvus d’équipement de vidéosurveillance ». Pour les sages, « les montants engagés sont de faible ampleur au regard des besoins estimés ».
Pourtant, le projet Louvre Nouvelle Renaissance, initié au début de l’année 2025, « prévoit un renforcement de la sécurité. Il sera le garant de la préservation et de la protection de ce qui constitue notre mémoire et notre culture », s’était défendu Emmanuel Macron, sur son compte X.
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L’alarme de la porte-fenêtre a-t-elle dysfonctionné ?
À ce jour, le Louvre dispose de 1 366 agents, dédiés à la surveillance du plus grand musée du monde. Les vitrines de la galerie d’Apollon étaient, en théorie, blindées. Les forces de l’ordre ont, vraisemblablement, été prévenues à deux reprises : lorsque les fenêtres ont été brisées, et lorsque les vitrines ont été fracturées – le Louvre dispose d’un système de sécurité directement connecté à la police nationale. Selon la procureure de Paris et le ministère de la Culture, les alertes auraient bien fonctionné.
Mais selon les informations de La Tribune de l’Art, il est possible que l’alarme liée à la fenêtre ait dysfonctionnée. Un mois plus tôt, la direction du Louvre aurait été avertie d’un dysfonctionnement de la porte-fenêtre, qui aurait abouti à ce que le système soit désactivé – on ne sait pas si, entre temps, l’anomalie avait été réparée, rapporte le média spécialisé.
L’absence d’alerte pour le monte-charge ?
Pour d’autres, c’est surtout le fait qu’un monte-charge soit positionné en pleine journée, en sens inverse de la circulation, sous les fenêtres du Louvre, qui interroge.
Pour Sofiane Aboubeker, président de l’Union des métiers de la sécurité qui était interrogé chez BFM-TV, « c’est complètement hallucinant en termes de sécurité. À partir du moment où ce monte-charge est positionné sur cette façade du bâtiment du Louvre, il doit y avoir une réaction de sécurité immédiate ».
La question des agents de sécurité
Autre problème : des agents de sécurité auraient dû être présents dans la salle en question. Était-ce le cas ? « On n’a pas d’information » à ce sujet, répond président de l’Union des métiers de la sécurité, chez nos confrères.
Laurence Des Cars, présidente-directrice du Louvre qui était interrogée chez TF1, estime de son côté qu’elle avait demandé, dès sa prise de fonction, à ce que la sécurité du Louvre soit renforcée. « J’ai moi-même, dès ma prise de fonction, alerté les autorités sur le fait que nous estimions que nous devions monter en compétence. J’avais demandé à la préfecture de police un audit », déclare-t-elle, interrogée par nos confrères.
Depuis le cambriolage, des condamnations sur le manque de sécurité se sont multipliées : des accusations balayées par Gérald Darmanin, interrogé ce matin par France Inter. Pour le garde des Sceaux, « on ferait mieux de laisser la justice et les enquêteurs dire si c’était des gens très organisés, ou si c’était des bévues de l’organisation globale de la sécurité autour du Louvre », a-t-il tranché.
Une enquête pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs criminelle a été ouverte par le parquet de Paris. La Brigade de répression du banditisme de la police judiciaire parisienne et l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels sont chargés de l’enquête.
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