Les quatre jours d’interrogatoire devant la police française auraient-ils fait réfléchir Pavel Durov? Dans deux messages postés sur son channel sur la plateforme Telegram, le fondateur de l’application vient de commencer à esquisser un premier mea-culpa sur les questions de modération, quelques semaines après son arrestation spectaculaire au Bourget.
Pour rappel, à la fin août, le chef d’entreprise né à Saint-Pétersbourg a été mis en examen pour douze infractions. La justice lui reproche d’être devenu complice des trafics louches présents sur la plateforme en ne répondant pas, de manière quasi-systématique, aux réquisitions envoyées. Des accusations passibles de dix ans d’emprisonnement et de 750 000 euros d’amende.
Par l’intermédiaire de son avocat, Pavel Durov avait protesté de son innocence. Dans ses derniers messages, le fondateur de l’application confirme cette ligne de défense. Il juge par exemple malavisé de l’accuser d’être complice de crimes commis par un tiers sur la plateforme qu’il gère, un débat juridique qu’il pensait tranché, indique-t-il en substance.
Deux fonctionnalités supprimées
Toutefois, le chef d’entreprise annonce également des changements autour de la modération des contenus. Signe qu’il y avait bien un problème sur l’application, à la fois une plateforme de messagerie et un réseau social.
Tout d’abord, Pavel Durov vient de mettre fin à la fonctionnalité “Personnes à proximité”. Elle était peu utilisée, “par moins de 0,1 % des utilisateurs de Telegram”, souligne-t-il. Mais elle faisait le miel des criminels, que cela soit pour des offres liées aux stupéfiants ou à la prostitution.
La fonctionnalité douteuse, qui a été supprimée, doit être remplacée par “Entreprises à proximité”. Cette fois-ci, seules des utilisateurs vérifiés par la plateforme devraient pouvoir proposer leurs prestations.
Améliorer les choses
De même, l’outil de blogging Telegraph doit également être revu. Ce dernier “semble avoir été utilisé à mauvais escient”, admet Pavel Durov. Il y a deux ans, Bleeping computer avait déjà relevé l’utilisation de cette plateforme de blogging pour des attaques par hameçonnage.
De manière plus générale, le chef d’entreprise promet de faire davantage. “Je me suis donné pour objectif personnel de veiller à ce que nous améliorons les choses considérablement à cet égard”, déclare Pavel Durov.
Mais dire que l’application est “une sorte de paradis anarchique” est “absolument” faux, remarque-t-il également. Et d’indiquer que l’entreprise supprime “des millions de publications et de chaînes nuisibles chaque jour”.
La faute du nombre d’utilisateurs
Pour Pavel Durov, une partie des problèmes de Telegram sont à chercher dans la hausse du nombre d’utilisateurs.
“L’augmentation soudaine” à près de 950 millions d’utilisateurs aurait facilité les abus par les criminels de tout poil, souligne-t-il.
La polémique autour du laisser-faire de l’application ne date pourtant pas d’hier. Telegram avait été accusée dès le milieu des années 2010 d’être passive face à l’utilisation de la plateforme par les terroristes de Daech pour booster leur propagande.