La société néerlandaise ASML, le leader mondial de machines indispensables à la fabrication des puces les plus avancées au monde, s’associe au porte-drapeau français de l’IA, Mistral : un partenariat inattendu et applaudi par les défenseurs de la souveraineté technologique européenne.
Un rapprochement surprise entre deux leaders de la tech européens : ASML, le fabricant de machines de fabrications de semi-conducteurs, va investir massivement dans la start-up française d’Intelligence artificielle (IA) Mistral AI. Selon des sources de l’agence de presse Reuters, dimanche 7 septembre, le fournisseur néerlandais s’engagerait à investir 1,3 milliard d’euros dans la levée de fonds d’1,7 milliard d’euros de la société qui a développé le chatbot IA Le Chat. Le champion européen des équipements de puces électroniques deviendrait alors le principal actionnaire de la société française, passant devant les investisseurs américains. Il obtiendrait grâce à cette opération un siège au Conseil d’administration.
C’est « exactement le genre de chose dont nous avons besoin pour parvenir à la souveraineté technologique en Europe »
Avec cet investissement, la start-up française deviendrait la société la plus valorisée en Europe, dans le secteur de l’intelligence artificielle. L’information n’a pas été commentée par les principaux intéressés. Selon certains, l’opération est bien plus qu’un simple investissement. Pour Katja Bego, géopolitiste et chercheuse en sécurité internationale, c’est « exactement le genre de chose dont nous avons besoin pour parvenir à la souveraineté technologique en Europe », écrit-elle ce lundi 8 septembre sur son compte X. Pour l’économiste Cristina Caffarra, « la souveraineté technologique (européenne) n’est possible que si les entreprises européennes agissent ».
Le Vieux continent cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis des systèmes d’IA et numériques américains et chinois, et le chemin pour y parvenir est loin d’être tout tracé. Selon Bloomberg, Mistral verrait, après son tour de table, sa valorisation atteindre les 14 milliards de dollars : un montant bien moindre face à celui d’un de ses concurrents américains, Anthropic. Quelques jours plus tôt, ce dernier annonçait avoir levé 13 milliards de dollars pour atteindre une valorisation de 183 milliards de dollars.
Pour autant, la somme investie par une société européenne (1,3 milliard) devrait aider Mistral à s’imposer en tant qu’acteur européen, dans un secteur pour l’instant dominé par les Américains OpenAI, Google, Meta, Anthropic et le Chinois DeepSeek.
Avant cette annonce, des rumeurs de rachat par Apple
Le partenariat, qui doit encore être confirmé par les deux sociétés, était inattendu. ASML, inconnu du grand public, est l’une des rares sociétés à fabriquer dans le monde des machines de lithographie : ses équipements, provenant de ses usines des Pays-Bas, sont des maillons essentiels dans la production de puces électroniques, y compris celles les plus avancées destinées à l’intelligence artificielle. La société néerlandaise fournit des machines à tous les fabricants de semi-conducteurs dans le monde, comme le leader du secteur taïwanais TSMC.
De son côté, Mistral AI est une société française qui a développé des modèles de langage et un chatbot IA concurrent de ChatGPT : Le Chat. Avant cette annonce, des rumeurs évoquaient en lieu et place de l’investissement d’une entreprise européenne la mainmise de sociétés américaines sur la pépite française. Un rachat de Mistral par Apple aurait même été discuté en interne à Cupertino, avant que l’idée ne soit finalement abandonnée.
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