Au Brésil, avec la suspension de X, le Tribunal suprême durcit son bras de fer avec Elon Musk

Au Brésil, avec la suspension de X, le Tribunal suprême durcit son bras de fer avec Elon Musk


« Immédiate, complète et intégrale » : trois mots, aussi cinglants qu’implacables, ont fait tressaillir, vendredi 30 août, le plus grand pays d’Amérique latine. Alexandre de Moraes, juge au Tribunal suprême fédéral (STF), a ordonné la suspension au Brésil du réseau social X, propriété d’Elon Musk. Un nouveau chapitre du duel qui oppose aujourd’hui le milliardaire à la plus haute juridiction brésilienne, mais certainement pas son épilogue.

Le magistrat a donné 24 heures à l’Agence nationale des télécommunications pour faire entrer la mesure en vigueur. Ordre a également été donné aux fournisseurs d’Internet d’« introduire des obstacles technologiques » afin d’empêcher le fonctionnement de X « sur le territoire national », tant sur smartphones que sur ordinateurs. Les internautes récalcitrants, qui tenteraient d’user d’un VPN afin de contourner l’interdiction, encourent une amende de 50 000 reais (8 000 euros).

Aussi brutale soit-elle, la décision est tout sauf une surprise et couvait depuis des mois, si ce n’est des années. Alexandre de Moraes, bête noire de l’extrême droite, est chargé des principales enquêtes visant l’ex-président Jair Bolsonaro (2019-2023), ses proches et ses partisans. Plusieurs d’entre elles concernent la dissémination de fake news ou l’existence de « milices numériques » qui utiliseraient divers réseaux sociaux pour propager leurs messages au Brésil.

Absence de représentant légal

La situation se durcit après le 8 janvier 2023 et le saccage des institutions de Brasilia par des milliers de bolsonaristes. Le juge intensifie son action et ordonne le blocage par les plates-formes en ligne des comptes de personnalités accusées de menacer la démocratie ou d’avoir intenté un coup d’Etat… au grand dam d’Elon Musk, incarnation des libertariens, qui accuse Alexandre de Moraes de « censure » et refuse d’obtempérer.

En avril dernier, le magistrat hausse le ton et ajoute le nom du milliardaire à la longue liste des suspects de son enquête sur les « milices numériques ». Ce dernier risque désormais des poursuites au Brésil pour obstruction à la justice, organisation criminelle et incitation au crime. Mais le puissant patron de Tesla et SpaceX s’en moque.

Le 15 août, le juge élève à 200 000 reais (32 000 euros) l’amende quotidienne imposée à la plate-forme pour son refus de suspendre des profils – une amende que le réseau social ne veut pas payer. Deux jours plus tard, Elon Musk réplique et annonce la fermeture des bureaux de X au Brésil, alléguant, sans présenter de preuves concrètes, qu’Alexandre de Moraes aurait menacé d’envoyer en prison certains de ses employés.

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