Au festival d’Angoulême, le mangaka Shin’ichi Sakamoto et son Dracula version Covid

Au festival d’Angoulême, le mangaka Shin’ichi Sakamoto et son Dracula version Covid


Depuis sa fresque gothique Innocent (2013-2015) et Innocent – Rouge (2015-2020), qui met en récit la famille des bourreaux Sanson dans le Paris de la Révolution française, on connaissait le goût de Shin’ichi Sakamoto pour les récits d’époque, dans une approche très libre et fantaisiste de l’historicité et des sources d’origine. Avec son dernier titre, #DRCL : Midnight Children, le mangaka de 51 ans revisite le Dracula de Bram Stoker, roman épistolaire paru en 1897.

Début 2020, dans le cadre d’un projet de fanzine d’horreur (un genre qu’il affectionne depuis l’âge de 6-7 ans, frappé par le travail d’un homonyme, Shin’ichi Koga), le dessinateur lit pour la première fois l’ouvrage. « J’ai découvert que le Londres du XIXe siècle était touché par une épidémie de peste comme justement, nous, nous l’étions avec le Covid. J’y ai vu un signe du destin, je me suis dit qu’il fallait que je dessine ce monde-là », explique au Monde l’auteur japonais, invité du festival international de BD d’Angoulême, qui se termine dimanche 28 janvier.

Son Dracula est d’ailleurs protéiforme, n’a pas de corps défini. « En plus, dans mon œuvre il ne parle pas, donc ce n’est pas vraiment un personnage en réalité », commente le mangaka. « Gardez en tête que c’est une idée qui m’est venue lors de l’épidémie de Covid. A partir de là, je laisse chacun de mes lecteurs réfléchir à son essence. Mais je pense que pour Bram Stoker aussi, le concept de Dracula, lui est venu de cette idée de virus. »

Le mangaka Shin’ichi Sakamoto à Angoulême, le 27 janvier 2024.

Si Shin’ichi Sakamoto fait référence aux noms de personnages et aux lieux du récit original, il les repense en profondeur. L’intrigue prend place ici dans un pensionnat de garçons qui accueille une seule jeune étudiante, Mina Murray, héroïne au physique peu commun et élève aussi brillante que persévérante. Un personnage central bien différent de sa magnétique bourrelle Marie-Josèphe Sanson, dans Innocent – Rouge, mais tout aussi fascinant.

« Marie-Josèphe vit dans une époque de révolution et de violence, donc elle-même devient un personnage très violent, alors que Mina vit dans une époque de changements sociétaux importants, où la connaissance est cruciale. Donc elle va se battre avec son savoir », analyse Shin’ichi Sakamoto. « Marie-Josèphe était vraiment pensée comme un personnage féminin très froid, très classe, qui s’habille en homme, tandis que Mina n’est pas du tout une héroïne typique. C’est plutôt un personnage qu’on verrait assis tout seul au fond de la classe, à qui personne ne parlerait », détaille celui qui « voulai[t] faire en sorte que même ce type de personne puisse devenir une héroïne ».

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