Au Kenya, des modérateurs de contenus pour Facebook annoncent l’échec de leur médiation avec Meta

Au Kenya, des modérateurs de contenus pour Facebook annoncent l’échec de leur médiation avec Meta


Des modérateurs de contenus pour Facebook au Kenya ont annoncé, lundi 16 octobre, la reprise de leur action en justice contre Meta, la maison mère du réseau social, contestant leurs licenciements et leurs conditions de travail, après l’échec de discussions à l’amiable.

Un total de 184 employés de la société Sama, sous-traitante de Meta chargée de retirer de Facebook les publications violentes et haineuses entre 2019 et 2023, se sont joints à une plainte déposée en mars contre leur employeur et contre Meta en tant que donneur d’ordre.

Ils affirment avoir été indûment licenciés par Sama, qui a annoncé en début d’année mettre fin à son activité de modération de contenus. Ils demandent par ailleurs compensation pour leurs salaires jugés « insuffisants » au regard du « risque auquel ils étaient exposés » et les « dommages causés à leur santé mentale », leur tâche consistant notamment à « nettoyer » le réseau social de photos et vidéo ultraviolentes et de propos injurieux et répréhensibles.

« Ils gagnaient du temps »

Leurs licenciements avaient été suspendus le 2 juin par le tribunal de l’emploi et des relations du travail de Nairobi, dans l’attente d’un jugement sur le fond. Le tribunal avait également ordonné le paiement de salaires jusqu’à la résolution de l’affaire, affirment les plaignants.

Le 23 août, les deux parties avaient annoncé débuter une médiation pour un règlement hors tribunal, à l’amiable. Mais lundi, les modérateurs de contenus ont annoncé dans un communiqué une « bataille judiciaire imminente » après « l’échec » de ces pourparlers. « Le propriétaire de Facebook, Meta, ainsi que la société sous-traitante Sama, seront accusés d’outrage au tribunal après avoir ignoré ses ordonnances exigeant le paiement des salaires » des modérateurs de contenus, écrivent-ils.

Selon leur avocate Mercy Mutemi, Meta et Sama « gagnaient du temps et n’étaient pas sincères ». « S’ils sont prêts à s’engager sérieusement, nous serons toujours heureux de continuer » les discussions, a-t-elle ajouté.

Sollicité par l’AFP, Meta a renvoyé vers la société Sama, qui s’est dite lundi « déçue que la médiation n’ait pas débouché sur un accord ». Dans un courriel envoyé à l’AFP, Sama a ajouté être « parvenue à un accord avec près de 60 modérateurs hors du processus de médiation », preuve selon elle de son « engagement » et de sa « volonté de trouver une solution à l’amiable bénéfique ». La société basée en Californie a indiqué espérer que les discussions se poursuivront « à une date ultérieure ou en parallèle du processus judiciaire », qu’elle ne souhaite pas commenter. Sama ajoute qu’elle continuera à « suivre entièrement les décisions de justice et [assure] que tous les modérateurs ayant des contrats valides ont été payés ou seront payés en conséquence ».

Discours de haine

Dans cette affaire, les avocats de Meta – également propriétaire de WhatsApp et Instagram – ont notamment fait valoir qu’il ne pouvait être jugé au Kenya, où il n’a lui-même aucune activité et où il n’est pas employeur direct. Le tribunal a rejeté cet argument.

Meta est visé par deux autres plaintes à Nairobi. Un ancien employé sud-africain de Sama, Daniel Motaung, a porté plainte en mai 2022 contre Meta et Sama, dénonçant des conditions de travail « indignes », des méthodes d’embauches trompeuses, des rémunérations irrégulières et insuffisantes ainsi que l’absence de soutien psychologique. L’affaire n’est pas encore jugée.

Dans une autre affaire, une ONG kényane et deux citoyens éthiopiens accusent la plateforme d’inaction face aux discours de haine en ligne en Afrique, qui a notamment abouti selon eux au meurtre d’un professeur d’université en Ethiopie.

L’AFP est un partenaire de Meta, fournissant des services de vérification des faits en Asie-Pacifique, en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique latine et en Afrique.

Le Monde avec AFP



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