A la suite des multiples révélations sur le détournement à grande échelle du logiciel espion Pegasus, en particulier en Espagne, en Hongrie et en Pologne, le Parlement européen a lancé une commission d’enquête en avril. Le Néerlandais Jeroen Lenaers (PPE), qui la préside, a répondu aux questions du Monde.
Quel est le but de cette commission et quel est votre objectif ?
Le but est d’enquêter. Il y a eu de nombreuses révélations sur l’utilisation de Pegasus, y compris dans des pays de l’Union européenne (UE). Nous voulons réunir autant d’informations que possible pour formuler des recommandations à la Commission et aux Etats membres pour que cela ne se produise plus.
A quelles informations qui n’ont pas déjà été rendues publiques espérez-vous avoir accès ?
Il y a encore beaucoup à découvrir. Nous avons échangé avec des représentants des entreprises du secteur des nouvelles technologies, car ce sont leurs vulnérabilités logicielles qui sont exploitées par ces logiciels espions. Nous avons parlé à des journalistes, des experts. Nous avons commandé une étude pour savoir quel genre de propositions législatives pouvait être formulé au niveau de l’UE. Nous avons aussi parlé à un représentant de NSO Group et nous allons nous entretenir avec certains pays de l’Union européenne, en premier lieu la Pologne et la Hongrie. D’autres pourraient suivre. Nous avons aussi prévu à partir d’aujourd’hui un voyage en Israël, pour rencontrer NSO Group, la Knesset et, espérons-le, le ministre de la défense et celui des affaires étrangères.
Qu’avez-vous pensé de l’audition du représentant de NSO Group ? Certains députés européens ont semblé très frustrés.
Je partage un peu de leur frustration. Mais, en même temps, j’ai trouvé qu’il donnait des informations intéressantes. Le fait que l’entreprise ait mis fin à des licences Pegasus de pays européens, par exemple. Nous devons maintenant savoir de quel pays il s’agissait. Il n’a pas pu nous dire combien de pays européens étaient clients, mais il a dit qu’il y en avait plus de cinq. Il a aussi confirmé qu’il pouvait y avoir de 12 000 à 13 000 cibles par an, c’est très intéressant et je ne crois pas que cela avait été confirmé.
Avez-vous été satisfait des réponses de NSO ?
Le comité veut bien sûr des réponses précises. J’apprécie le fait que NSO ait pris le comité au sérieux, se soit déplacé à Bruxelles pour lui parler, mais toutes les réponses n’étaient pas satisfaisantes.
Allez-vous interroger les autorités nationales de l’Union européenne qui sont des utilisatrices de Pegasus, mais qui ne sont pas la Hongrie ou la Pologne ? On pense à l’Allemagne ou aux Pays-Bas, par exemple.
Il vous reste 60.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.