Au RN, ces investitures qui contredisent la ligne officielle et la « normalisation » du parti

Au RN, ces investitures qui contredisent la ligne officielle et la « normalisation » du parti


Le Rassemblement national (RN) et ses alliés ont investi de multiples candidats et candidates ayant tenu des propos antisémites, complotistes ou pro-Kremlin, à rebours des déclarations de la direction du parti, qui n’a pas donné suite aux demandes d’explications du Monde.

Nostalgiques de Vichy et déclarations antisémites

Depuis plusieurs semaines, le président du RN, Jordan Bardella, se pose en ennemi d’un « antisémitisme d’atmosphère », qui serait, selon lui, alimenté par La France insoumise. Marine Le Pen, elle, a dénoncé, en réaction au viol d’une enfant de 12 ans à Courbevoie – couplé à des injures antisémites, selon les premiers éléments de l’enquête –, une « stigmatisation des juifs depuis des mois par l’extrême gauche ».

Le parti a pourtant adoubé plusieurs candidats s’intéressant de près à la France de Vichy. Dans la 1re circonscription des Côtes-d’Armor, Françoise Billaud, engagée au Front national depuis 1986, a rendu hommage sur sa page Facebook au maréchal Pétain, mais aussi à l’abbé Perrot, figure locale emblématique de la collaboration. Quant à Frédéric Boccaletti, député sortant et réinvesti dans le Var, il a été le fondateur, en 1997, d’une librairie spécialisée dans les ouvrages d’extrême droite dont le nom, Anthinéa, est une référence à un livre de l’écrivain antisémite Charles Maurras (1868-1952). Il a, par ailleurs, été condamné en 2000 à un an de prison pour « violences avec armes » lors de collages d’affiches, alors qu’il était membre du parti politique de Bruno Mégret, ancien dirigeant, avec Jean-Marie Le Pen, du Front national. A Paris, la candidate du RN dans la 10e circonscription, Agnès Pageard, a été investie malgré de précédentes alertes sur son usage de slogans antisémites. En Côte-d’Or, la députée réinvestie Sophie Dumont a diffusé des textes issus d’un média antisémite, et évoqué dans un tweet, depuis supprimé, de prétendus financements juifs de Reconquête !, comme l’a révélé Libération.

Mercredi 19 juin, le RN a, par ailleurs, retiré en catastrophe son investiture à Joseph Martin, dans la première circonscription du Morbihan : en 2018, il avait publié sur Twitter le message : « Le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah » – il a depuis assuré qu’il s’agissait d’une allusion, n’ayant rien d’antisémite, à la mort du négationniste Robert Faurisson (1929-2018). Le même jour, le patron du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti, annonçait que Louis-Joseph Pecher, candidat de l’alliance entre le RN et LR et plus connu sous le nom de Gannat, se voyait retirer son investiture après la découverte de « propos antisémites, homophobes et orduriers » publiés sur les réseaux sociaux. Tenu sous pseudonyme, ce compte, supprimé cette semaine, contenait de multiples propos très violents, racistes, homophobes et antisémites. Il répondait, par exemple, à un tweet de l’ancien député socialiste de l’Essonne Julien Dray par les mots « Juif qui parle bouche qui ment ».

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